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Tartuffe

Publié le 14/02/2011

Extrait du document

I)             Introduction

 

         Molière est un  grand auteur et acteur de théâtre français, né en 1622 et décédé en 1673. Ses dons d’acteur comique et surtout de mime ont frappé ses contemporains. Il possède un grand sens d’observation critique, ainsi qu’une habileté surprenante à peindre les mœurs de son temps. Aucun type social n’échappa à sa plume, même celui du faux dévot de Tartuffe, dans la scène IV de l’acte. Cet extrait de comédie se situe vers le début de l’œuvre, un dialogue vif  et comique s’installe entre Orgon et Dorine, sous les yeux bien vaillants de Cléante. Cette scène révèle l’aveuglement d’Orgon à propos de Tartuffe. Grâce à son personnage, Molière  brosse le portrait satirique d’un parasite.

 

II)           Le commentaire :

 

         Par le biais du dialogue, une situation comique contrôlée par Dorine  va naître. La répétition successive des deux répliques brèves prononcées par Orgon : «le pauvre homme »,  « Et Tartuffe » donnent une vivacité au dialogue. De même, un effet mécanique se crée entre les deux personnages; quand l’un parle de Tartuffe, l’autre rétorque par Elmire, un quiproquo s’installe donc entre les deux clans. 

       L’effet du comique est également produit par le rôle des personnages. Dorine décrit les souffrances d’Elmire tandis qu’Orgon y est indifférent, et ne se soucie que de son cher Tartuffe.

Dorine joue un rôle devant Cléante, elle veut lui montrer l’aveuglement d’Orgon et son incapacité à comprendre qu’il est manipulé. De ce fait, la servante domine le maître de la maison et on assiste donc à une situation inversée. De plus c’est elle qui dirige le dialogue et Orgon ne se satisfait que de ses répliques brèves.  Cléante fait figure de spectateur, il reste muet tout au long du dialogue mais  il écoute attentivement et ne cesse de manifester sa surprise. C’est ce qu’on appelle le théâtre dans le théâtre. 

           Le comique va enfin naître des traits caricaturaux  d’Orgon, tout au long du dialogue, il ne parle que de Tartuffe. Orgon se rend alors ridicule par la répétition des répliques : «Et Tartuffe» ; « Le pauvre homme »  qui exprime d’une part une adoration pour ce personnage et d’autre part de la pitié. De la même manière, un décalage comique se crée, Orgon ne se préoccupe pas de sa femme qui est malade, mais de Tartuffe qui est «  gros et gras » et qui a  «  le teint frais».

 

          Dans la première partie, Molière a réussit à rendre comique, par l’intermédiaire de Dorine, une situation qui ne l’est pas. Dans la seconde partie, la servante dresse le portrait satirique de Tartuffe qui s’adresse cette fois indirectement à Orgon. Le portrait de Tartuffe se résume, en premier lieu, à un certain trait lié à l’apparence. Il est en effet surtout décrit par des termes péjoratifs tels que « gros », « gras » qui souligne ainsi la laideur du personnage. Contrairement à Elmire, il se porte à merveille, il a « le teint frais » alors qu’il est sensé être dévot. C’est donc un hypocrite.

           A cela s’ajoute le portrait moral, il est peint  par un lexique qui concerne essentiellement la satisfaction des besoins corporels : « il soupa », « il mangea », «il but », «il dormit », voilà à quoi se résume l’activité du faux dévot. A travers ces actions, il est décrit comme fainéant.  Le champ lexical abondant du plaisir et de la volupté (« gigot », « but quatre grand coup de vin», « mangea deux perdrix »), mais également celui de la quantité nous démontre  clairement la caricature d’un libertin, qui ne se préoccupe que de sa propre personne. Toutes ces activités : la paresse, la gourmandise, l’égoïsme sont considérées comme péchés capitaux. Dorine joue subtilement de l’antithèse et du parallélisme, ainsi les maux  d’Elmire sont opposés au bien-être de Tartuffe. C’est alors que la maladie s’oppose à la santé, l’insomnie au sommeil, le sang au vin ; cet effet nous dévoile l’égoïsme du personnage de Tartuffe.

            Enfin, un certain décalage se dessine entre le but et le moyen : pour fortifier l’âme d’Elmire et « réparer le sang » qu’elle avait perdu, Tartuffe « but quatre grand coup de vin ». Cet effet de décalage renforce le grotesque et l’hypocrisie du personnage.

L’utilisation de  l’adverbe dans la réplique : «fort dévotement il mangea deux perdrix »  est ironique. Dorine veut faire entendre le contraire de ce qu’elle dit, c’est ce qu’on appelle l’antiphrase. L’expression la plus juste, serait dans ce cas «avidement». En réalité ce qu’il adore ce n’est pas dieu mais les deux perdrix.

 

I)             conclusion :

 

Molière, dans cette scène dénonce les motivations réelles de  l’imposteur et l’aveuglement total d’Orgon. Le portrait de tartuffe par Dorine est très satirique : Molière y peint avec ironie et férocité la dévotion qu’utilise le personnage pour ses propres intérêts. En effet comment expliquer le fait qu’il soit «  gros, gras, le teint frais et la bouche vermeille » alors qu’il prétend renoncer aux plaisirs de la vie? De même, ses actes de charité et de piété ne sont que paroles. Les procédés traditionnels de la comédie sont utilisés : on rit d’un personnage ridicule et de la franchise d’une servante dont le discours est caractérisé par une ironie comique  de geste, de situation et de mots. Orgon fait figure d’acteur, on rit à ses dépends, et Cléante est ici le premier spectateur de cette mise en scène des ridicules d’un homme.

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