Devoir de Philosophie

Temps des loisirs

Publié le 04/01/2011

Extrait du document

temps

 

 

Le Temps des Loisirs

 

Au XIXe puis au XXe siècle, le temps de travail diminue considérablement, ce qui permet aux travailleurs de profiter d’un nouveau temps libre destiné en majeur partie aux loisirs. Ainsi, déjà  en  1848, on vote une loi réduisant la journée de travail à 10 heures pour les parisiens et à 11h pour les provinciaux et aujourd’hui grâce à la loi Aubry de 1998, la semaine de travail ne compte plus que 35 heures. Ainsi depuis presque deux siècles, le temps libre des travailleurs est au cœur des législations de nombreux gouvernements. Or, ce temps libre, acquis par les travailleurs est généralement associé aux loisirs. En effet, le loisir désigne l’activité que l’on effectue pendant un temps disponible en dehors des obligations et des devoirs. En d’autres termes, le loisir ne peut s’effectuer  qu’en dehors du temps de travail et les activités de loisir sont ainsi des activités non productives, choisies par le travailleur. Mais le mot loisir peut revêtir plusieurs sens selon qu’il soit utilisé au pluriel ou au singulier. Au pluriel les loisirs désignent des activités librement choisies en fonction des goûts et des aspirations de chacun. Au singulier, le loisir serait d’abord associé au temps libre, indépendamment même des activités qui peuvent constituer ce temps libre. Dès lors la paresse pourrait constituer un loisir, tout comme la danse, la peinture ou le cinéma. Le temps libre est donc une condition nécessaire au loisir, et ce temps libre n’est possible que grâce à une réduction du temps de travail. Ainsi, même si la réduction du temps de travail en France répondait d’abord à des préoccupations hygiénistes, de multiples réformes ont permis aux ouvriers de se consacrer d’avantage à leurs loisirs. En 1840 René Villermé publie un ouvrage qui sera à l’origine d’un des premières lois concernant l’abaissement du temps de travail, Tableau de l'état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie.  Ainsi, en 1841, on vote une loi limitant à 12 heures par jour le travail des enfants de douze à seize ans et à 8 heures par jour le travail des enfants de huit à douze ans. Bien que cette loi ne concerne que les enfants, elle prélude un ensemble de lois qui amélioreront nettement la qualité de vie du travailleur. Dès lors on peut se demander comment dès 1870, se manifeste le temps libre des travailleurs, et particulièrement les loisirs de ces derniers ? Tout d’abord, après la guerre contre la Prusse, les loisirs d’un individu dépendent largement de sa catégorie sociale même si ils tendent à se généraliser lors de  « La belle Epoque ». Entre 1914 et 1945, la France est ensuite touchée par deux guerres mondiales, et c’est dans l’entre deux guerres que le temps libre et les loisirs vont réellement constituer un phénomène de masse facilités par les réformes du front populaire. Enfin après 1950, les Trente Glorieuses vont marquer l’apogée du loisir de masse, et plus tard, à la fin du XXe siècle, où le temps libre est devenu chose commune, les loisirs seront largement tournés vers les jeunes et les nouvelles technologies.

 

 

 

En 1870, c’est une France encore majoritairement rurale qui voit la naissance de la Troisième République. La réduction du temps de travail est alors loin d’être une priorité pour le nouveau gouvernement, qui doit d’abord sauver la France d’une guerre douloureuse contre la Prusse. Mais après la fin de la guerre, et la remise en marche de l’économie, dès 1874, on vote une loi diminuant le travail des enfants de moins de 12 ans à 6 heures par jour dans les secteurs qui sont autorisés à les employer. Certes ici il ne s’agit pas de favoriser le temps libre, mais avant tout de préserver la santé et la vie de ces enfants. En outre, à la fin du XIXe siècle, le temps libre semble restreint pour les travailleurs, et les loisirs pratiquement inexistants, pour des hommes et des femmes travaillant alors 12 heures par jour. Le loisir semble donc réservé à des individus comme les patrons ou les propriétaires fonciers, qui ne connaissent pas le sort des travailleurs. A  la fin du XIXe siècle, l’accès aux loisirs n’est pas le même pour tout les citoyens, et celui-ci dépend largement de la situation et du statut de l’individu dans la société.  Au sein des élites par exemple, le loisir est jugé indispensable à l’épanouissement de l’individu. Dès 1863 Hyppolite Taine, philosophe et historien français écrit : «Il faut du loisir et une position indépendante pour faire un homme et une femme complets. » Les loisirs sont alors largement tributaires de l’origine sociale de l’individu. Pour la classe supérieure comme les grands bourgeois ou les aristocrates par exemple, le loisir est essentiellement un loisir studieux.  Le temps libre permet donc à ces citoyens de parfaire leur culture ou de pratiquer « l’art de la conversation ». On peut dès lors reprendre l’expression de J-P Chaline dans Loisirs et Elite social : un exemple normand : « Le bourgeois apparait très largement comme l’homme du temps libre ». En effet, le bourgeois à la fin du XIXe siècle n’est pas un oisif, mais il tente d’occuper son temps libre. Les activités auxquelles se consacrent les bourgeois ne sont pas anodines et hasardeuses,  elles doivent obligatoirement être volontaires, honorifiques et désintéressées. Ces activités ne doivent donc pas entamer l’indépendance du bourgeois ou sa capacité de disposer librement de son temps. Enfin il est important de remarquer que même dans le milieu bourgeois, tous les individus ne sont pas égaux face à l’accès aux loisirs, et les femmes souvent restent encore enfermées dans la sphère domestique. Outre les bourgeois, les travailleurs tendent aussi à se consacrer d’avantage aux loisirs en cette fin de siècle. Pour les bourgeois et la classe dominante de l’époque, l’essentiel des loisirs des ouvriers se retrouve dans le cabaret, l’alcool et la débauche mais on remarque qu’à la fin du XIXe siècle, avec la diminution progressive du temps de travail et grâce à une certaine amélioration du niveau de vie, les loisirs dits « populaires » se diversifient et ainsi attirent de plus en plus d’ouvrier. Dans les grandes agglomérations notamment, les théâtres et les cafés-concerts se multiplient à des prix relativement modestes, ce qui les rend accessibles aux classes populaires urbaines. Plus important encore, la production de romans, paraissant sous la forme de feuilletons ou de fascicules vendus quelques sous, s’accroit fortement. La lecture de ces feuilletons devient une pratique populaire et en 1913, Monseigneur Gibier dira à propos de la lecture : « on lit beaucoup à notre époque. […] En ville tout le monde lit ; les voitures publiques sont remplies de lecteur ; les lecteurs suivent le trottoir le journal ou la revue à la main. Parfois le travail n’interrompt pas la lecture […] ». Ainsi, le temps libre des ouvriers ne se résume pas à la simple fréquentation des cabarets comme pourrait le laisser penser un grand nombre de stéréotypes de l’époque. Mais pour les classes dominantes, même la lecture faite par le prolétaire est un loisir mauvais ou malsain. Et en 1913, le Roman-revue, périodique catholique écrit : « il n’y a personne qui touche au peuple qui n’ait constaté que le roman-feuilleton y fait dans le cerveau des femmes plus de ravages, et de plus grave peut-être, que l’alcool dans celui des hommes. » En cette fin de siècle, les loisirs sont donc loin d’être les mêmes pour tout le monde. Enfin, dans une France où la majorité de la population est encore rurale, il est primordial de s’intéresser aux loisirs des paysans. Contrairement à l’ouvrier qui se voit accordé plus de temps libre, pour le paysan, le temps de travail semble être plus contraignant. Pour le paysan, « il ya toujours quelque chose à faire » et ne rien faire semble donc totalement inconcevable. Ainsi, dans la civilisation rurale, il n’y a pas de séparation nette entre travail et temps libre, et  même, travail et réjouissances peuvent être largement entremêlés. Dans le prolongement du travail, la fréquentation des marchés par exemple, est à la fois une nécessité pour les échanges et un temps libre qui laisse place au loisir individuel. De même l’attrait pour les foires tient au fait qu’elles sont en même temps des fêtes. Elles réunissent des foules nombreuses et permettent aux paysans de se divertir grâce à des jeux de hasards, des spectacles de marchands ou encore des loteries. A la fin du XIXe siècle, les loisirs ne sont donc pas universels, et ils diffèrent largement selon la classe, la région ou le mode de vie des individus.

Entre 1896 et 1914, la France va connaitre une période de forte croissance économique après des années de crise terribles. Cette période que l’on appelle aussi « Belle Epoque »  va amener un renouveau des loisirs. Une croissance économique soutenue par la seconde révolution industrielle va permettre au pays de se moderniser, et un certain positivisme va alors se développer. Désormais on a foi en la science et au progrès qu’elle peut apporter. Les loisirs de cette belle époque vont plus généralement se manifester dans la capitale, du fait des nombreux salons et milieux artistiques présents sur Paris. On assiste alors à un réel bouillonnement culturel, et Montmartre plus particulièrement devient le chef-lieu de cette culture naissante, avec des artistes comme Toulouse-Lautrec ou encore Picasso. A cette période, les loisirs tendent à se démocratiser,  à Paris notamment, on voit apparaitre une réelle culture de masse, et les parisiens s’intéressent dorénavant aux jeux et aux sports. De nombreux jeux se créent comme par exemple le billard Nicolas, créé en 1894 par Nicolas Redler. Mais les jeux ne sont pas les seuls loisirs des parisiens, et même la consommation devient plaisir pendant la Belle Epoque. En effet, avec la nouvelle importance des réclames, et  des Grands Magasins, l’achat constitue désormais un loisir. Ainsi Le Printemps ouvre ses portes en 1865 à Paris. Cette enseigne comme d’autres tel Le Bon Marché ou les Galeries Lafayette,  vont littéralement révolutionner les habitudes de consommation des parisiens. Ces magasins pratiquent les prix fixes et cherchent à vendre des produits de bonne qualité à des prix raisonnables et  à la fin de la saison, les produits « défraichis » sont mis en vente à un moindre coût, c’est la naissance des soldes.  Le chalandage est désormais un loisir à part entière pour les parisiennes notamment, qui profitent de leurs temps libre tout en répondant aux besoins du ménage. Le phénomène est particulièrement important lorsqu’en 1900 le pavillon d’Art Nouveau du Printemps se situe en plein cœur de l’exposition universelle. Mais d’autres loisirs remplissent la vie des citadins. A la Belle Epoque, il n’est pas rare de voir se côtoyer des ouvriers et des bourgeois dans des cafés-concerts ou dans le public d’un cirque. A Paris, les cabarets comme par exemple Le Moulin Rouge, le Chat Noir ou les Folies Bergères sont à leur apogée pourtant ce qui marque cette période, ce sont les nombreuses avancées techniques, qui ont permis un réel renouveau des loisirs. Par exemple, grâce au phonographe, inventé par Thomas Edison en 1877, les citoyens peuvent écouter de la musique à leur domicile. De même en 1895, s’inspirant du concept de la photographie, les Frères Lumière inventent le cinématographe. Cette innovation majeure est une aubaine. A Paris, plus d’une centaine de cinémas ouvrent leurs portes en 1900 et 1913. Les films ne sont alors pas encore des longs métrages, mais déjà en 1902, Georges Méliès utilise pour la première fois des effets spéciaux dans le film Le Voyage dans la Lune. Les moyens de transports vont également connaitre une grande évolution à cette époque, ce qui va permettre aux français de connaitre les premières vacances ou du moins les premiers week-ends loin du domicile familial. En effet, même si l’automobile existe depuis le XVIIIe siècle, elle va connaitre une évolution majeure avec l’invention du moteur à explosion et du pneumatique. Le moteur à explosion est inventé par Etienne Lenoir en 1860, mais ce n’est qu’en 1889 que ce moteur est installé dans une automobile. Presque en même temps, en 1889, John Boyd Dunlop fonde la première manufacture de pneumatiques. Finalement en 1898, Louis Renault lance la fabrication de la première voiturette à Billancourt. La France est alors le pays leader de cette industrie naissante : en 1903, elle produit 30 204 voitures (soit plus de 48% de la production mondiale), alors que les États-Unis en produisent 11 235. Même si l’automobile reste encore un luxe que seule une élite peut s’offrir, en 1905, un Français qui partait en vacances parcourait en moyenne déjà 370 kilomètres.  Enfin, grâce aux pneumatiques et à ses diverses transformations, la bicyclette devint un réel produit industriel, ce qui permit d’abaisser largement son coût. Elles devinrent donc accessibles même aux ouvriers, qui pouvaient désormais se balader à bicyclette dans les rues de leur ville. Cette « folie-bicyclette » fût à son apogée en 1903, avec la naissance du Tour de France, qui va devenir un événement sportif majeur pour les français. Le sport va d’ailleurs occuper une place de plus en plus importante dans les loisirs des citoyens.

                Entre la fin du XIXe siècle et le début de la première Guerre Mondiale, le sport s’est largement développé en France, et va marquer durablement les loisirs des français. Cet important essor du sport en France s’explique d’abord par la défaite de 1870 contre les prussiens. En effet, on cherche à donner aux jeunes hommes une condition physique nécessaire, qui manquait alors aux soldats de Napoléon III. Mais pour les populations, le sport ne constitue pas un devoir envers sa patrie,  il représente juste un simple loisir qui se démocratise. Ainsi, avant la Grande Guerre, on assiste à une véritable popularisation du sport en France, celui-ci va connaitre un engouement spectaculaire, qui va toucher toutes les classes sociales. En 1832 Pierre de Coubertin, célèbre historien français écrit : \" telle est la vie, il n’y a que deux choses à faire : ou bien pénétrer sur le terrain et vous mêler hardiment aux joueurs, ou bien demeurer sur la lisière avec les spectateurs qui regardent immobiles et applaudissent. Les français ont assez regardé ; il est temps qu’ils jouent \". Le sport va donc entrer dans la vie des Français, tant comme une pratique que comme un spectacle. De grandes manifestations sportives vont être à l’honneur en cette fin de siècle comme par exemple Roland Garros en 1892 ou encore Le Tour de France en 1903. La France va aussi s’engager dans le tournoi des 5 nations en 1910. De plus, à l’initiative de Pierre de Coubertin, on crée le Comité International Olympique à Paris en 1894 et deux ans plus tard, les premiers Jeux Olympiques ont lieu à Athènes. Le sport semble donc largement se démocratiser à l’image du cyclisme, discipline pratiquée par la classe dominante comme par la classe ouvrière. Alors qu’en 1893 un ouvrier devait travailler plus de 1600 heures pour pouvoir se permettre l’achat d’une bicyclette, 500 heures de travail suffisaient en 1911. Cet engouement pour le cyclisme se remarque également dans la presse, et le journal Vélo est publié pour la première fois en 1891. Alors qu’on dénombrait 250 000 vélos en circulation en  1894, on comptait plus de 4.5 millions de bicyclette sur les route de France en 1914.  Tout comme le cyclisme, le tennis connait un fort engouement à cette époque. Dès 1878, le premier club de tennis est fondé en Bretagne. D’abord réservé à une élite sociale, le tennis va très vite se démocratiser grâce à des kits très peu onéreux qui permettent à presque tout les français de jouer dans leurs jardins ou dans des parcs publics. Mais d’autres sports sont d’avantage pratiqué par la classe ouvrière et sont même largement dénigrés par la classe dominante. C’est le cas notamment du football. A la fin du XIXe siècle le football est avant tout un moyen de contenir et de canaliser la force, la violence et l’adresse populaire. D’origine britannique, ce sport va tout d’abord se développer dans les ports dont certains entrepôts sont la propriété de compagnies maritimes anglaises. C’est notamment le cas au Havre. Mais ce sport va surtout se développer dans les usines ou les grandes manufactures et, même si à son arrivée en France, le football était considéré comme une pratique de « bonne éducation », il va très vite se démocratiser. Dès lors, les clivages entre la classe dominante et la classe populaire vont apparaitre. Ainsi, dans une revue sportive publiée en 1890 on peut lire : « ...joué par des mineurs et des ouvriers des grandes usines […] le football devient nécessairement brutal et dangereux, joué par des jeunes gens bien élevés, il reste ce qu'il est, un excellent exercice d'adresse, d'agilité, de force, de sang froid auquel on peut se livrer sans se départir des règles de courtoisie ». Même si le sport se démocratise, la classe dominante n’est pas prête à partager ses loisirs avec la classe plus populaire. Une société sportive dite « mixte » serait alors impensable pour les bourgeois ou les notables et la démocratisation du sport semble avoir révéler des inégalités sociales toujours plus grandes. Il n’en reste pas moins qu’à la veille de la première Guerre Mondiale, le sport est un loisir partagé par tous.

                               La première guerre mondiale va marquer une rupture avec le temps des loisirs. En effet, l’envoi au front de nombreux soldats et la contribution des femmes à l’économie vont amener les loisirs au second plan. Les distractions des soldats étaient simples et rares, et se limitaient souvent à la lecture des lettres envoyées par leur famille. Cette guerre est alors un grand choc pour les populations et c’est ce qui explique qu’après l’armistice de 1918, les Français cherchèrent à oublier ce traumatisme. Les loisirs furent donc privilégiés, mais ce n’est qu’à partir de 1936 qu’une réelle « politique des loisirs » se met en place. En effet, En 1936, pour la première fois en France, un gouvernement de la IIIe république fut dirigé par des socialistes. Le  Front populaire, arrivé au pouvoir en 1936, est une coalition qui réunissait les trois principaux partis de la gauche, la Section Français de l’Internationale Ouvrière, le Parti Radical-socialiste et le Parti Communiste. Cette délégation de gauche va initier plusieurs réformes importantes et la notion même de loisir va évoluer grâce à ces réformes. C’est sous le Front Populaire que va notamment être créé le ministère de la jeunesse, des sports et de la vie associative. Dans un même temps, le secrétariat d’état aux sports et à l’organisation des loisirs voit le jour. Les loisirs et le temps libre des citoyens semblent donc être au cœur de la politique du front populaire. Dans un discours du 10 juin 1936, Léo Lagrange, sous-secrétaire d’état aux sports et à l’organisation des loisirs énonce : « Nous voulons que l’ouvrier, le paysan et le chômeur trouvent dans le loisir la joie de vivre et le sens de leur dignité ».  Le front populaire est le premier gouvernement à mettre l’accent sur le temps libre des travailleurs. Cette préoccupation va d’ailleurs se manifester dans les nombreuses réformes que ce gouvernement va mettre en place. Suite à de très vives manifestations sociales et à d’importantes grèves en  1936, le gouvernement Blum se voit dans l’obligation de mener des réformes sociales. Dès le 7 juin de cette même année, les syndicats et le gouvernement signèrent donc les accords de Matignon, stipulant une hausse du revenu moyen de 12% et la loi sur les congés payés, votée à la Chambre par 563 voix contre 1 est promulguée le 20 juin. Cette réforme va totalement modifier la conception même du temps libre des travailleurs. Enfin, le gouvernement Blum vote une loi qui  fait passer la semaine de 48 à 40 heures de travail, sans  diminution « du niveau de vie » comme le précise le texte. L’instauration des congés payés va sonner comme une révolution pour l’ensemble des français, et va permettre à de nombreux citoyens de partir pour la première fois en vacances. On assiste à  une nouvelle organisation des loisirs, notamment face à ces nouveaux touristes que constituent les travailleurs. Léo Lagrange dira à ce sujet : «  Notre but simple et humain […] est de construire une organisation des loisirs telle que les travailleurs puissent trouver une détente et une récompense à leur dur labeur ». Cette récompense s’illustre donc par la mise en place des congés payés. Mais cette mesure reste symbolique car même si on crée en même temps le billet « congés payés » de la SNCF pour promouvoir le départ en vacances, il n’en est vendu que 560 000 et le nombre de départs en vacances de cet été là dépasse à peine celui des années précédentes. Une loi ne peut changer en si peu de temps le quotidien des travailleurs. En revanche, les billets de trains vendus pour le week-end  connaissent un plus grand succès, notamment grâce au billet « Bon Dimanche » lancé en 1938. Les loisirs à cette époque étaient avant tout l’expression d’un désir, celui de changer de vie. Ainsi, aux premiers congés payés, les ouvriers ont pris leurs bicyclettes, leurs tandems ou se sont retrouvés pour une excursion en car ou en train dans les environs. La majorité des employés ne pouvant se permettre de longs et couteux voyages dans des Hôtels, ils préfèrent souvent les auberges. L’essor de celles-ci est réel, si bien qu’entre juin et décembre 1936, leur nombre passe de 250 à 400. Ainsi, grâce au front populaire, le travailleur bénéficie désormais de congés payés, mais également d’une semaine plus courte lui permettant de se consacrer à plus de loisirs. Le 13 aout 1936, un journaliste s’enthousiasme  dans Regard, un journal étroitement lié avec la gauche française : « Les congés payés valent enfin aux travailleurs le privilège d’être traités comme des oisifs. Leur joie est trop neuve pour ne pas être intense. » Même si cette presse n’est pas totalement impartiale, puisqu’elle est largement favorable au gouvernement alors en place, elle traduit néanmoins la ferveur populaire et l’enthousiasme qu’ont suscité les congés payés pour des centaines de milliers de travailleurs.

                Les congés payés ont donc amené un renouveau dans les loisirs français. Mais il est important de remarquer que ce nouveau temps libre est très organisé et reste malgré tout encadré. En effet, les employeurs ont tout d’abord eu des difficultés à accepter cette réforme, il a donc fallu insister sur l’augmentation du rendement productif du travailleur reposé. Celui-ci serait plus productif, plus efficace et donc serait source de profit pour les entreprises. Ainsi l’offre de vacances encadrées s’accrut considérablement entre 1936 et 1939. Les associations et les syndicats notamment vont largement encadrer les loisirs des ouvriers, et tout les militants, catholiques, socialistes, communistes et patrons éclairés partageaient l’idée que les congés payés devaient avant tout servir l’éducation du peuple.  Comme le proclament les groupements catholiques réunis à Rouen en 1938, le temps de loisir doit « favoriser une ascension vers une vie supérieure, plus humaine par l’exercice des facultés spirituelles ». Mais selon les idéologies, l’occupation de ce nouveau temps disponible était très différente. Ainsi les associations catholiques insistaient d’avantage sur la dimension spirituelle du loisir, et les congés payés étaient par exemple l’occasion d’un nouveau pèlerinage. Dans les milieux socialistes, syndicats et associations se mobilisent pour organiser et rendre accessible les vacances aux ouvriers. En 1937 par exemple, la CGT crée un bureau fédéral de tourisme. Ce bureau proposait alors des séjours peu couteux notamment en auberge de jeunesse, à la montagne, à la mer ou en forêt, le retour à la nature pour les militants du mouvement ouvriers étant étroitement lié à l’idée de liberté. Les amis de la nature développe le cyclotourisme, le camping ou encore les sorties pédestres et  publient  en 1938, un Guide du tourisme populaire en Haute-Savoie. Avec le soutient de Léo Lagrange, les Amis de la Nature, la Fédération Sportive et Gymnique du travail ou encore le Centre laïque des auberges de jeunesse dressent pour leur adhérents des listes d’hôtels peu couteux, et leur proposent même des excursions en cars. La CGT, elle, privilégie le voyage selon le principe qu’il n’y a des véritables vacances que lorsqu’on quitte le lieu du travail et  le voyage prend rapidement une valeur patriotique où l’on visite prioritairement les grands monuments nationaux, rappel de notre histoire. Mais le milieu associatif cherche également à favoriser les voyages en famille, totalement fractionnée à l’intérieur de l’atelier ( ???.)  Pour de nombreux ouvriers, le temps libre est donc un moyen de se retrouver en famille dans une communauté qui était la notre. Ainsi, de nombreuses maisons familiales voient le jour après la seconde guerre mondiale. Dans ces maisons, la journée est rythmée par les repas pris en commun et parfois même par les corvées collectives. Ces associations telles les Amis de la Nature, ou encore la Fédération sportive et gymnique du travail organisent donc réellement le temps libre et les congés payés des ouvriers et  permettent  aux travailleurs de se retrouver dans un cadre extérieur à celui de l’usine. Il est important de noter que ces associations sont indispensables. En effet, grâce à des prix très bon marché, elles permettent à un plus grand nombre d’ouvriers de profiter des loisirs. En 1950 un sondage de l’INSEE annonce que dans dix-huit des plus grandes villes françaises, une personne interrogée sur deux n’est pas partie en vacances faute de revenus suffisants. Ainsi, Sans organisation appropriée, les vacances des ouvriers demeurent un rêve inaccessible.

                Les associations syndicales ont donc une responsabilité dans l’avènement des loisirs pour tous. Mais dans l’entre deux guerres et même pendant la seconde guerre mondiale, les associations en tout genre ont également joué un grand rôle. En effet, à leur nombre d’adhérents, on pourrait presque mesurer le degré de réussite de la politique des loisirs. En effet, les associations sont un lieu privilégié de rencontre et elles favorisent ainsi le développement des contacts sociaux, qui est déjà un loisir en soi. Souvent, elles ont même un pouvoir d’entrainement sur les individus qui hésiteraient à se lancer dans certaines activités par eux- même. Les associations les plus répandues sont les associations sportives. Très vite des associations footballistiques se mettent en place et permettent aux jeunes, comme aux moins jeunes, de prendre du plaisir à  pratiquer leur sport sur un terrain adéquat. En effet, en contrepartie de modiques cotisations des adhérents, les associations mettent à disposition le matériel nécessaire à la pratique du sport. A coté des petites associations locales, des Fédérations nationales se constituent. La Fédération Française de Football est crée en 1919,  et a pour rôle d’organiser, de développer et de contrôler l’enseignement et la pratique du football, sous toutes ses formes, sur le territoire français. Cette fédération avait donc pour but de regrouper toutes les associations, c'est-à-dire les clubs de football français. En 1939, la FFF comptait plus de 188 000 licenciés, et 440 000 en 1950. De même pour le tennis, la Fédération Française de Tennis est reconnue en 1924 comme société organisatrice des compétitions de tennis sur herbe à travers le monde. Bien que ce ne soient que des associations n’ayant aucun but commercial, les fédérations gagnent vite en importance, à l’image de la FFT. Les associations françaises ne sont pas les seules dans le domaine du sport, et en 1932 se crée à Genève, la Fédération Internationale du basket-ball amateur. Les associations sont donc primordiales dans l’avènement des loisirs, et toutes ne concernent pas le domaine sportif. Le bénévolat devient un loisir et de nombreux individus n’hésitent plus après la première guerre mondiale à s’investir dans une association caritative, sportive ou  simplement dans une association locale. Le bénévolat est une activité de service non rétribuée et choisie volontairement. L’activité des bénévoles n’est plus individuelle, mais elle participe aux loisirs des autres. Les associations favorisent donc une meilleure insertion sociale, particulièrement après une guerre ravageuse.

 

 

                Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la France entre dans une période de croissance sans précédent, accompagnée d’un plein-emploi tout aussi exceptionnel. Beaucoup d’historiens diront alors que pendant ces trente années de croissance, la société française et le mode de vie des populations ont d’avantage évolué que pendant les siècles qui ont précédé. Les Trente Glorieuses amènent  un renouveau de la consommation des ménages, et institue par la suite une réelle société des loisirs. De 1949 à 1974, la consommation de culture et de loisir en France est passée de 3 623 millions de francs à 66 178 millions de francs. L’audiovisuel tout d’abord occupe une place de plus en plus importante dans les loisirs des Français. Ainsi, alors qu’en 1950, moins de dix mille postes de télévision étaient installés en France, il y en avait plus de deux millions une décennie plus tard. La télévision va rapidement devenir le premier loisir des Français, et en 1975, les Français regardent la télévision en moyenne près de 16 heures par semaine. Malgré la prépondérance de la télévision, les Français continuent d’écouter la radio. Ainsi, la radio reste un loisir, mais est aussi un moyen de s’informer de l’actualité du reste du pays, particulièrement pour les campagnes les plus reculées. En 1975, près de 75% des Français déclarent l’écouter chaque jour. La radio constitue donc un loisir important qui a un avantage certain sur la télévision, elle peut s’accompagner d’une autre activité comme la conduite automobile. Car pendant les Trente Glorieuses, l’automobile prends toute sa place dans la société française et constitue désormais un vrai plaisir pour les possesseurs d’engins. L’automobile permet de plus longs déplacements et favorise ainsi les week-ends à la campagne, à la mer ou à la montagne,  et même les voyages dans les pays limitrophes. Dès lors, près d’un séjour sur deux se fait à la mer et un sur quatre à la campagne. Déjà dans les années 1920, Michelin publie des guides touristiques régionaux, afin d’actualiser les connaissances sur les dispositifs du tourisme et des loisirs. En 1945, du fait de la couleur verte de sa couverture, il prend le nom de Guide Vert. Les lecteurs de ce guide se passionnent alors d’avantage pour la route, que pour les musées, les églises ou les monuments nationaux qu’ils visitent. L’automobile devient un réel loisir, si bien que de nombreuses revues se créent pour répondre à cette nouvelle passion. En 1950, Robert Hersant crée l’Auto-Journal et en 1962, Gérard Crombac fonde Sport Auto, le premier magazine consacré au sport automobile, « dédié à des passionnés de l’automobile de sport et d’exception. » Ainsi, grâce à la forte croissance des Trente  Glorieuses, de nombreux ménages ont pu acquérir des automobiles neuves et d’occasion et ont pu découvrir les joies des vacances ou le simple plaisir de la conduite. De même durant les Trente Glorieuses, les entreprises se sont efforcées de relancer le marché grâce à des innovations technologiques importantes qui ont pu être source de loisir pour de nombreux citoyens,  et particulièrement pour  les jeunes. On assiste alors à l’apparition du skateboard ou à l’invention de la planche à roulette par deux surfers californiens en 1961. Ce nouveau sport se pratique en milieu urbain et devient vite très populaire chez les jeunes, qui ont désormais une alternative à la bicyclette. Par la suite le skateboard deviendra un réel sport, avec ses athlètes de haut niveau comme par exemple Mark Gonzales ou encore Mike Caroll.  De la même façon de nombreux sports originaires d’outre-Atlantique connaissent un grand succès en France, comme par exemple le « paddair », jeu voisin du tennis, mais se jouant sur un terrain beaucoup plus petit. La forte croissance des Trente Glorieuses a donc permis à la société française de s’ouvrir à la consommation de masse, et de devenir par la suite une réelle « société des loisirs ».

A la fin du XXe siècle, les principaux bénéficiaires des loisirs sont les jeunes. En effet, profitant de leur emploi du temps souvent plus allégé que leur parent, les jeunes deviennent les principaux consommateurs de loisirs en France, et de nombreux institutions en font leur public numéro un.  Tout d’abord, il s’agit de remarquer que loisirs culturels perdent de l’importance face aux loisirs sportifs ou pratiques. On peut reprendre ici la citation d’Hannah Arendt : « L a société de masse ne veut pas la culture mais les loisirs ». On pourrait même aller plus loin et préciser qu’à la fin du XXe siècle, même les loisirs culturels n’ont plus les faveurs du jeune public. En 1990, les loisirs préférés des jeunes étaient les activités sportives, la télévision et la radio. La lecture n’arrive qu’au dixième rang des loisirs les plus pratiqués, tandis que le théâtre et les musées occupent les dernières places du classement. Les loisirs culturels semblent donc être les loisirs les moins démocratisés puisque la fréquentation des musées et des théâtres est privilégiée par les classes supérieures. Dans un même temps, on remarque que la télévision est un des seuls loisirs où l’assiduité est inversement proportionnelle à la place occupée dans la hiérarchie sociale. En d’autre termes, plus un individu est bas dans la hiérarchie sociale, plus il consacre de temps à la télévision. De même la lecture en tant que loisir a largement perdue en importance. Dans les années 1990 par exemple, plus de 33% des garçons de 15 à 19 ans se disent non-lecteurs. De même la jeunesse française semble bouder la presse quotidienne, et à 15 ans, seuls 12% d’entre eux lisent un quotidien. A contrario, le cinéma semble retrouver une nouvelle jeunesse à la fin du XXe siècle. En effet cette activité connait un grand succès notamment auprès des familles qui vont au cinéma ensemble. En 1998, plus de 170 millions de billets de cinéma sont vendus, et le seul phénomène « Titanic » dépasse les 20 700 000 entrées ce qui témoigne de l’engouement national pour le cinéma. En effet, en Europe, la France est le deuxième pays ayant le plus de salles de cinéma, avec plus de 2 163 salles comptabilisées en 1990, contre 686 pour la Grande Bretagne. Chez les jeunes cet engouement est le même et plus de 56% des enfants de plus de 6 ans  vont au cinéma au moins une fois par an. Ce sont les jeunes entre 15 et 17 ans qui sont les plus gros consommateurs, le pourcentage de jeunes fréquentant le cinéma étant deux fois plus élevé que leur  poids au sein de la population. Enfin, face à un jeune public désireux de nouveaux loisirs, les entreprises vont très vite développer un loisir totalement nouveau : le jeu vidéo. Le jeu électronique est inventé dès la fin des années 1950, mais reste encore très peu connu, jusqu’au fameux jeu « Pong ». Ce jeu de ping-pong virtuel nait en 1972 dans les laboratoires du constructeur Atari. Il est commercialisé en 1972 en tant que borne d’arcade, puis sera proposé en tant que console de salon dès 1975. Ce jeu va connaitre un rapide succès et inaugure l’ère des jeux vidéos. Très vite, les jeux vont se moderniser, se diversifier et seront même disponibles directement sur internet. Ainsi à la fin des années 1990, 58% des jeunes possédant un ordinateur utilisent des logiciels de jeux. Ces jeux, essentiellement destinés au jeune public touche très vite leur cibles, et vingt ans après la commercialisation du tout premier jeu électronique, plus de 78% des garçons et 52% des filles disent pratiquer les jeux vidéo. Le jeu vidéo est donc à la fin du XXe siècle un loisir important pour les jeunes, cibles préférées des fabricants. Enfin, en cette fin de siècle, pour de nombreux jeunes, les parcs de loisir restent des espaces de loisir privilégiés. Ainsi, dans les années 1990, la France compte environ 59 parcs de loisir, proposant des attractions à sensations fortes, des attractions classiques et même des ateliers ludiques. En 1898 le Parc Astérix ouvre ses portes au public à une trentaine de kilomètres de Paris. Comme son nom l’indique ce parc est basé sur l’œuvre d’Uderzo et Goscinny, et propose de nombreuses attractions et spectacles. Le 31 mai 1987, c’est le Futuroscope de Poitier qui voit le jour. Ce parc est alors une première en Europe, puisqu’il ne propose que des attractions et des ateliers liés à l’image et aux nouvelles technologies. Moins de 10 ans après son ouverture, le parc enregistrait plus de 2.5 millions d’entrées. Mais le parc qui attire le plus de visiteurs et qui est d’ailleurs principalement destiné aux enfants et aux jeunes est Disneyland Paris. Construit en 1992 sur plus de 2000 ha à 40 kilomètres de Paris. Très vite ce parc va devenir le plus visité d’Europe et avec plus de 12 millions de visiteurs par an, attire plus que la tour Eiffel et le musée du Louvre réunis. Les jeunes sont particulièrement friands de ces parcs de loisirs, et profitent très souvent de ces journées entre amis. La fin du XXe siècle semble être particulièrement propice aux loisirs des jeunes qui ne cessent de se renouveler. Les jeunes étant devenus une cible principale de l’industrie du loisir, et notamment des fabricants de jeux.

Enfin on peut remarquer que le loisir tend à s’individualiser, et les individus cherchent avant tout à concilier travail et loisir. De nombreuses lois sociales ont permis aux loisirs de prendre une plus grande place dans la vie des citoyens, comme par exemple la réduction du temps de travail à 39 heures par semaines sous le président Mitterrand en 1982. Plus tardivement, en 1998, la loi Aubry fixera le travail annuel à 35 heures par semaines. Cet allégement du temps de travail est une aubaine pour les travailleurs qui peuvent alors se consacrer d’avantage à leur loisir. De même le passage de 2 à 5 semaines de congés payés par an permet aux travailleurs de profiter pleinement de leurs vacances. Mais depuis le début du siècle les loisirs ont largement évolués. En effet, l’expansion des Trente Glorieuse largement terminée, les ménages font d’avantage attention à leurs dépenses de loisirs et contrairement au XIXe siècle, les individus ne cherchent plus forcément à s’instruire par leurs loisirs. Le temps de repos est donc privilégié en cette fin de siècle. De même les activités physiques sont très prisées, du fait du mode de vie urbain généralisé, qui a réduit les possibilités d’expression physique de l’individu. En effet, les conditions de travail sont souvent source de contrainte physique et de tension nerveuse. Dès lors, le loisir physique devient un moyen de défoulement privilégié, et la promenade est au premier rang. Tout le monde pratique cette activité, quel que soit le moment de la journée. Mais là aussi la promenade peut être vue comme un semi-loisir dès lors qu’elle se combine parfois avec des obligations comme les courses. Néanmoins le sport est largement pratiqué par les Français, et à la fin du XXe siècle, plus de 80% d’entre eux déclaraient pratiquer un sport régulièrement. Que ce soit le football, le tennis ou encore le basket, les sports constituent toujours des loisirs attrayants, que l’on peut pratiquer chez soi, dans un club ou même dans des parcs publics. Les loisirs pratiques ou créatifs semblent gagner en importance en cette fin de siècle. La recherche d’une détente physique mais également morale amène de nombreux individus à se tourner vers les loisirs manuels ou créatifs. Ces loisirs sont largement répandus dans toutes les couches de la population sans distinction d’âge ou d’origine sociale. La simplicité de ces loisirs et leur moindre cout les rends donc très attractifs. Ainsi, l’activité préférée des Français est le bricolage. Le bricolage est une activité manuelle désignant de petits travaux, en général effectués chez soi, et 80% des hommes et 50% des femmes bricolent en France dans les années 1990. C’est d’abord les couts élevés des travaux et réparations qui ont incité les individus à bricoler dans les années 1970 prenant exemple sur la fameuse philosophie « do it yourself » des Etats-Unis. Mais très vite le bricolage devient un réel plaisir, et l’expansion du nombre de magasins dédié au bricolage en témoigne. Leroy merlin est une des premières grandes surface dédié au bricolage et ouvre ses portes dès 1923. Mais même 70 ans plus tard, de nouvelles enseignes sont crées, et en 1993 Brico Dépôt devient un des premiers magasins de bricolage basé sur le principe « des prix bas tout les jours ». L’ouverture de cette enseigne à produits bon marché témoigne de l’engouement des Français pour le bricolage quelque soit leur statut social. Le bricolage est donc un loisir très apprécié par les Français, et permet à la plupart d’entre eux de prendre du bon temps tout en effectuant des économies en évitant une éventuelle intervention d’un professionnel. Les loisirs de la fin du XXe siècle semblent être pour la majorité des loisirs utiles, certains permettant aux individus de décompresser de leur journée de travail, les autres étant source d’économie pour le ménage.

 

 

                A la fin du XIXe siècle, les loisirs semblent encore assez désorganisés en France. Ils sont différents selon la classe sociale des individus, et tout le monde n’a pas accès au temps libre. Néanmoins, le sport se développe et devient une des activités favorites des Français. En 1936, la politique sociale du Front populaire va démocratiser les loisirs, en accordant plus de temps libre, et en les rendant accessibles à tout le monde et en particulier aux ouvriers. Grâce aux congés payés, les travailleurs vont pour la première fois partir en vacances, même si cela reste encore onéreux pour un grand nombre d’entre eux. Enfin, pendant les Trente Glorieuses, la société française va devenir une réelle « société des loisirs » notamment grâce au cinéma et à la télévision. Mais à la fin du XXe siècle, on remarque que les jeunes sont un public privilégié par l’industrie du loisir, notamment grâce aux jeux vidéo. Les adultes qu’en a eux préfèrent s’adonner au bricolage, ou aux activités sportives. Les loisirs sont donc multiples et peuvent même variés selon la saison, ou les jours de la semaine. Chaque année de nouveaux loisirs tendent à se faire connaitre et à se pérenniser. Aujourd’hui encore, les paris sportifs sur internet, récemment légalisés peuvent  très vite devenir un nouveau loisir pour un grand nombre d’individus.

 

Bibliographie :

 

CORBIN Alain. L’avènement des loisirs 1850-1960. Aubier, 1999

SUE Roger. Le Loisir. Coll. Que sais-je ? ,1980

RAUCH André. Vacances en France de 1830 à nos jours. Pluriel, 2001

BLESSIG Anne-Marie. Les loisirs des Européens. Editions de Vecchi, 2003

LANGOUET Gabriel. Les jeunes et leurs loisirs en France - L’Etat de l’enfance. Hachette, 2004

MONIER FREDERIC. Le Front populaire. Coll. La Découverte, 2002

LETERRIER Jean-Michel. Sous l’usine la plage. Les points sur les i, 2005 

 


Liens utiles