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Temps modernes, les [revue] - littérature.

Publié le 28/04/2013

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Temps modernes, les [revue] - littérature. 1 PRÉSENTATION Temps modernes, les [revue], revue mensuelle, littéraire, politique et philosophique, fondée en 1945 par Jean-Paul Sartre notamment, où s'expriment les opinions d'une frange (hégémonique sous les Trente Glorieuses) de la gauche intellectuelle française. 2 UNE REVUE INTELLECTUELLE La revue les Temps modernes est lancée le 1er octobre 1945, par Jean-Paul Sartre, entouré de Simone de Beauvoir, Michel Leiris, Albert Ollivier, Jean Paulhan, Maurice Merleau-Ponty... Sartre entend faire de sa revue un lieu dédié, sur le plan politique, à la défense de la démocratie et au débat sur la renaissance et sur la rénovation d'une gauche glorifiée par l'épreuve de la Résistance. Son ambition consiste aussi à recruter de bonnes plumes pour ausculter la société et l'actualité littéraire. Ainsi, la revue profite du succès de certaines de ses publications : Week-end à Zuydcoote de Robert Merle (ouvrage refusé par les éditions Julliard), les Palmiers sauvages de William Faulkner. Saisis dans l'effervescence intellectuelle et politique des années 1940-1950, les collaborateurs de la revue, réguliers ou non (tels Albert Camus et Raymond Aron), entendent changer le monde pour éradiquer le spectre des totalitarismes. Les Temps modernes deviennent ainsi le lieu d'un engagement cher à Sartre : la revue inaugure symboliquement, en 1945, le grand cycle d'engagement des clercs de gauche des années 1945-1980. De ce fait, elle connaît un succès durable auprès de l'intelligentsia. Ses 6 000 exemplaires (puis 9 à 10 000) irriguent le paysage intellectuel parisien dont Sartre devient l'emblème. Au coeur du village existentialiste, la revue tisse la toile d'un « pouvoir de résonance « (Jean-François Sirinelli) nourri par la politisation croissante de Sartre et par le contexte national et international, qui donne du grain à moudre à la nouvelle génération des tribuns et des moralistes : Claude Bourdet, Albert Camus, Emmanuel Mounier... et Sartre donc, qui endosse le rôle titre du clerc engagé. 3 DE TOUTES LES LUTTES À GAUCHE ! D'emblée, la revue affiche donc une très nette orientation à gauche, teintée d'accents « philocommunistes « critiques et innervée par l'existentialisme sartrien, notamment lors de l'aventure partisane du RDR (Rassemblement démocratique révolutionnaire, 1948-1949). Parce qu'elle devient un des points cardinaux du débat intellectuel, ses relations avec le Parti communiste français sont évidemment au coeur de moments clés de son histoire -- ce dernier voyant se développer une idéologie concurrente à la sienne dans cet organe que certains compagnons des débuts, tel Maurice Merleau-Ponty, quittent, quelques années avant que Sartre ne rompe à son tour avec le PCF (1957, « Le fantôme de Staline «). Dès les années quarante, les Temps modernes s'engagent sur les terrains de prédilection de l'anticonformisme, d'abord l'anticolonialisme. La revue défend la cause nationaliste lors de la guerre d'Indochine et, plus encore, pendant la guerre d'Algérie. Le comité de rédaction publie des textes de soutien au peuple algérien ou qui dénoncent la pratique de la torture en Algérie. Elle s'inscrit ainsi à la gauche de la nébuleuse de la gauche dite de « troisième voie « qui, pour l'essentiel, n'existe qu'à travers ses périodiques et ses revues dont Esprit, Témoignage Chrétien ou France-Observateur. Cet engagement radical amène la revue à défendre les « porteurs de valises « et à s'associer au Manifeste des 121 (déclaration de soutien aux appelés Français qui refusent de prendre les armes et de se battre en Algérie, 1960). Parallèlement sont publiées des réflexions sur des phénomènes de société comme le mouvement ouvrier, la culture et surtout le féminisme, dont Simone de Beauvoir est un des principaux porte-parole. L'équipe des années soixante (Pouillon, Péju, Gorz, Lanzmann, notamment) sait relever le défi après les années fastes (1940-1950). 4 SOIXANTE ANS APRÈS ? Mais, en 1980, dix ans après la relance de la revue autour des événements de Mai 68, de la flambée maoïste, de l'expérience de la Gauche prolétarienne et de l'arrivée en politique d'une nouvelle génération d'intellectuels, Sartre meurt (au mois de mars) et laisse la revue orpheline. Sa disparition clôt symboliquement la longue épopée de l'engagement intellectuel des Trente Glorieuses. La revue peine déjà à se situer face à la redistribution de la géographie intellectuelle et à l'affaiblissement des débats idéologiques. S'en remettra-t-elle ? Oui. Avec l'arrivée de François Mitterrand à l'Élysée en 1981, les Temps modernes, qui ont dénoncé les camps de travail en Union soviétique dès 1950 ou l'intervention soviétique en Hongrie en 1956, adoptent un ton conciliant avec la gauche socialiste, sans pour autant renoncer à ses choix progressistes et critiques : la revue prend parti pour la décolonisation en Nouvelle-Calédonie et s'intéresse aujourd'hui aussi bien à la situation des banlieues qu'au drame du Rwanda, en ne cédant pas aux sirènes du politiquement correct à gauche. Après la mort de Simone de Beauvoir en 1986, Claude Lanzmann en est devenu le directeur. Si elle perdure, dans un contexte qui n'est plus celui de sa création, elle a cependant perdu « son pouvoir hégémonique « de sas obligé pour tout parcours « initiatique dans la configuration intellectuelle « (Rémy Rieffel). Elle n'en reste pas moins essentielle au paysage médiatique et intellectuel français. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. 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