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therese raquin

Publié le 22/01/2013

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LE NATURALISME DANS THERESE RAQUIN I. Définition du naturalisme Le naturalisme est un mouvement littéraire (vers 1860-1890) né de l'influence des sciences, de la médecine expérimentale et des débuts de la psychiatrie, qui prolonge le réalisme et qui s'attache à peindre la réalité en s'appuyant sur un travail minutieux de documentation, d'observations sur le terrain, d'exactitude, de refus d'interprétation hâtive non fondée, ainsi qu'en s'inspirant notamment de la méthode du physiologiste Claude Bernard. Il s'agit d'une théorie suivant laquelle la littérature doit peindre les humains et la société en s'inspirant des méthodes utilisées dans les sciences naturelles : Le romancier vérifie expérimentalement dans ses romans le rôle des déterminismes sociaux et biologiques sur l'individu et le groupe. Par exemple, la série des " Rougon-Macquart " illustre le démarche naturaliste qui vise à expliquer les comportements sociaux par l'hérédité. La littérature se doit donc de dépeindre la nature et ses réalités sans recherche de valorisation esthétique. Le naturalisme renforce ainsi certains caractères du réalisme. *Le Réalisme est un mouvement artistique moderne apparu vers 1850 en France . II. Zola et Le naturalisme Nature, observation, analyse, anatomie, enquête, réalité, esprit scientifique, logique, ce sont donc les mots clés par lesquels Zola explicite le plus souvent le naturalisme ; mais aussi création, vision, peinture, tempérament, intuition, expression personnelle, abondance. Vers 1878, après avoir lu l'Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, de Claude Bernard, Zola en ajoutera un autre : expérimentation. « Si la méthode expérimentale a pu être portée de la chimie et de la physique dans la physiologie et la médecine, elle peut l'être de la physiologie dans le roman naturaliste « (Le Roman expérimental). Aussi bien, ce serait une erreur de perspective de réduire le naturalisme à la théorie du «roman expérimental«, qui n'en fut pas l'idée maîtresse mais seulement une excroissance momentanée. Ajoutons que le naturalisme se détermine par son opposition à toutes les attitudes que Zola assure refuser : l'idéalisme mystique, « qui base les oeuvres sur le surnaturel et l'irrationnel, qui admet des forces mystérieuses, en dehors du déterminisme des phénomènes «, l'idéalisme classique, qui étudie « l'homme abstrait, l'homme métaphysique «, le romantisme, qui nie le réel en lui substituant l'imaginaire et « grandit mensongèrement les personnages «, le dogmatisme théologique, qui affirme « un absolu, païen ou catholique «, et le dogmatisme rhétorique, qui juge au nom des règles, des conventions, des convenances, de la tradition, et aussi le « réalisme «, s'il doit n'être qu'une copie impersonnelle de la réalité. Zola, au nom de la modernité, rejette le romantisme qu'il cite de : "démodé comme un jargon que nous n'entendons plus" (cf. Mes Haines). Zola poursuit le but d'une littérature scientifique qui " obéisse à l'évolution générale du siècle " (cf. Le Roman expérimental). En rendant au Congrès scientifique de France en 1866, Zola adresse un mémoire mettant en rapport roman naturaliste et épopée qui est un genre épique, un genre spécifique à la Grèce Antique : on voit donc l'influence du déterminisme défini par Taine dans ses oeuvres de critique littéraire, influence reconnue par Zola. Zola applique en effet, la fameuse démarche critique de Taine : " la race, le milieu, le moment et la faculté maîtresse ". Il applique ce protocole à la technique romanesque transformée en " étude du tempérament et des modifications profondes de l'organisme sous la pression des milieux et des circonstances " (cf. Préface de la deuxième édition de Thérèse Raquin. Dans cette préface, Zola parle pour la première fois d'un " groupe d'écrivains naturalistes "). Zola va cerner d'aussi près que possible une réalité qu'il va tenter de transposer dans la réalité du langage. Puis l'expérimentateur prend le relais, organisant les faits recueillis, montant en quelque sorte un mécanisme où tout s'enchaîne en fonction de la double détermination de l'hérédité et du milieu. La prépondérance de Zola dans le milieu naturaliste reste donc indiscutable et le débat se focalisera d'ailleurs essentiellement autour de lui. L'école naturaliste est le plus souvent appelée école de Médan, du nom de la maison appartenant à Zola où les écrivains naturalistes comme Huysmans et Maupassant avaient l'habitude de se réunir. C'est donc bien à Zola qu'on doit la popularité du terme, qui a fini par être adopté par l'ensemble de la critique européenne et des historiens de la littérature, même si le terme a longtemps conservé une connotation péjorative, qui n'a peut-être pas encore totalement disparu aujo LES TEMPERATURES DES PERSONNAGES Dans la préface qu'il a écrite de Thérèse Raquin, Zola manifeste sa volonté « d'étudier des tempéraments et non des caractères «.Zola se demande ce qui se passe quand une nature nerveuse, contrainte de partager l'existence d'un être mou, se trouve soudain au contact d'un tempérament sanguin. L'histoire de Thérèse épousant le faible Camille, puis qui rencontre le vigoureux Laurent, doit être lue comme une sorte d'expérience médicale. *Zola compare la vie sociale à la vie organique, il a « choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang [...] fatalités de leur chair « et a développé à travers 4 personnages, 4 tempéraments différents, Laurent et Thérèse représentant les tempéraments sanguin et nerveux, Camille le maladif et Madame Raquin la molle. Zola, réduit dans ce livre tous les sentiments, les émotions et les réactions morales à des phénomènes purement physiques : « L'âme est parfaitement absente « .Ainsi [les remords de Thérèse] « étaient purement physiques. Son corps, ses nerfs irrités et sa chaire tremblante avaient seuls peur du noyé. Sa conscience n'entrait en rien dans ses terreurs « (p.158). Laurent et Thérèse sont rarement désignés par leurs noms lorsqu'il s'agit de ce qu'ils ressentent. Aussi, La peur de Laurent est-elle évoquée par « ses membres roidis et brisés « comme si c'était seulement son corps qui ressentait et non lui. Les personnages sont donc définis par leurs organes et leurs sens « [détraqués «] p158. Zola se met dans la peau d'un médecin pour pouvoir mieux analyser les cas qu'il veut étudier ; il parle même de « confrères « pour manifester l'analogie de sa démarche avec celle des cliniciens. Les expressions comme « le corps souffrait horriblement « ou « on voyait que les nerfs se nouaient en lui «( page 158) peuvent être comparées au discours d'un clinicien, qui ne décrit pas un homme, mais un cas organique anormal. Il emploie donc du vocabulaire emprunté à la médecine, évoquant « la fièvre « (p.159)les « membres roidis et brisés «, « mes nerfs se tendaient « (p.63) pour analyser la crise qui empoisonne le couple. Ce diagnostic médical se fonde sur une étude des symptômes : la peur se traduit par des « sueurs glacées « (p.158) et « des frissons «, « des secousses profondes dues à [la] nervosité [de Thérèse], manifestées par « des désordres nerveux « (p 159 ) ; qui provoquent « des fièvres «(p160). Il observe et analyse les comportements physiques, moraux et physiologiques définis comme fonctionnement normal de l'organisme humain. Par exemple, lors des visites à la morgue où il décrit dans les moindres détails les horreurs des cadavres comme s'il était un médecin habitué au sang, il évoque avec indifférence « [les] chairs vierges [des cadavres] dans la rigidité de la mort ; d'autres semblaient des tas de viandes sanglantes et pourries «. Il ne s'agit en aucun cas d'une étude psychologique traditionnelle. *LES PERSONNAGES Thérèse Raquin : Thérèse représente le tempérament nerveux. Le narrateur explique ce tempérament par : - les origines de Thérèse (théorie de l'hérédité : Zola affirme que certains caractères sont transmis de générations en génération. Il étudiera cette théorie dans un ensemble de romans « les Rougons-Macquart « où il décrit la vie d'une famille : Thérèse a pour origine une mère « indigène «, ce qui se traduit par un tempérament solaire et nerveux. - le milieudans lequel elle a vécu : durant toute son enfance, Thérèse va vivre dans l'enfermement : ses désirs bestiaux accrus par son tempérament nerveux vont être amplifiés par l'emprisonnement de madame Raquin (« couchée dans le même lit que Camille, sous les tièdes tendresses de sa tante «, « d'une santé de fer, soignée comme une enfant malade. Contrairement à ce que voudrait sa nature nerveuse (« muscles courts et puissants, « énergie «, « gestes brusques «, « face ardente «, comparaison avec des animaux qui souligne son tempérament « fauve « à la« souplesse féline «, « comme une bête «( chapitre 2), Thérèse va, pour le plaisir de sa tante, Madame Raquin, s'enfermer dans une « apparente tranquillité« et se replier sur elle-même : elle restera durant tout le début du roman aux cotés de Camille puis assise derrière le comptoir de la boutique du Pont Neuf. Même des événements en apparence décisifs ne la feront pas réagir : son mariage avec Camille n'aura pour conséquence que le changement de chambre et Thérèse demeurera impassible lors des réunions du jeudi où elle joue avec « une indifférence qui irritait Camille « (page 47).Mais cet enfermement aura en vérité pour conséquence l'accroissement du tempérament sauvage de Thérèse. De plus, le manque total d'amour entre elle et Camille peut expliquer le futur adultère (tromperie) de Thérèse. *Camille Raquin Camille est un enfant fragile et maladif. Le milieu dans lequel il a vécu (il a été lui aussi « couvé « et « gâté « par sa mère) n'a fait qu' « empirer « et développer son tempérament maladif. C'est un enfant trop chéri qui agit par caprices (il fait une sorte de « crise « en menaçant de quitter sa mère quand il désire travailler et lorsqu'il veut s'installer à Paris), mais c'est aussi un personnage ignorant. Sa mère craint qu il l'abandonne et lui interdit donc d'aller dans une école. De plus, ses seules tentatives de s'instruire sont qualifiées de stupides. Il aura donc pour seul métier le travail « abrutissant « de Vernon. Les soins étouffants de sa mère vont peu à peu le rendre égoïste. *Laurent Laurent représente le tempérament sauvage. Laurent n'apparaît qu'à partir du chapitre 5.Il y est décrit tour à tour du point de vue de Camille puis de Thérèse. Camille le présente par son statut social (métier, salaire) et par son passé (ancien ami, fils de paysan). Quant à Thérèse, elle est à la fois troublée et admirative face à cet homme (voir la partie rencontre). Zola explique également le tempérament de Laurent par son hérédité (fils de paysan). Laurent ne parait pas au départ être un personnage décisif de l'histoire mais va petit à petit devenir un des personnages principaux. C'est un personnage calculateur (il calcule tout: sa relation avec Thérèse, le meurtre) et n'agit qu'en son propre intérêt. Il est totalement amoral, dépourvu de coeur (il attend la mort de son père pour toucher l'héritage, trompe son meilleur ami pour ne plus avoir à travailler, ...). C'est aussi un personnage qui paraît tranquille et sûr de lui. Mais Laurent reste avant tout un personnage obsédé par l'argent. *Madame Raquin Madame Raquin est une mère possessive, effrayée à l'idée de demeurer seule.On ne sait pratiquement rien de son passé. Elle est décrite comme une femme attentionnée et gentille, comme une « bonne dame «. Mais elle devient vite égoïste et refuse l'épanouissement de ses enfants. Elle va sacrifier ses enfants, et notamment Thérèse, en les enfermant dans ses tendresses. Thérèse affirme même « qu'ils [ sa famille] l'ont rendue mauvaise «. *Conclusion Les personnages de Thérèse Raquin sont des êtres vidés d'individualité, car ils sont représentatifs de tempéraments, et non de caractères. Ils ressemblent au départ à n'importe qui, notamment au lecteur, et peuvent être considérés comme des « antihéros « (ils sontrarement beaux (« presque laids «), ont un physique sans grand intérêt (voir la description, des joueurs de dominos dans le chapitre 4) et appartiennent à la petite bourgeoisie). Ils sont d'une humanité moyenne (notamment Laurent) et vivent une existence terne et sans grand intérêt en apparence. Le narrateur ne laisse aucune distance entre les personnages et nous : ils sont décrits d'une manière qui se veut naturelle (par le point de vue d'un ou de plusieurs autres personnages (voir la description de Laurent dans le chapitre 5)ou/et progressivement ).Mais au fil du roman, les personnages vont devenir exagérés et démesurés. De plus, l'auteur ne les cite jamais en exemple car ce sont des êtres vidés de bon sens et sans coeur. QUELQUES CARARICATURES D'EMILE ZOLA

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