tice, a u c ourage, à l a t empérance, à l a s ainteté. - Non, a-t-il dit. - Cela dit, lui a ije r épondu, examinons e nsemble c e q ue p eut ê tre c hacune d e ces parties, e t c ommençons p ar celle-ci : (330c) l a j ustice est-elle q uelque c hose d e r éel, o u n 'est-ce r ien? P our m oi, il m e p araît q ue c 'est q uelque c hose, q u'en penses-tu? - Il m e le p araît aussi. - Si q uelqu'un n ous i nterrogeait ainsi, toi e t m oi : P rotagoras e t S ocrate, dites-moi u n p eu: c ette c hose q ue vous venez d 'appeler d u n om d e j ustice est-elle j uste o u i njuste? J e r épondrais q u'elle e st j uste; e t toi, q uel s erait t on avis? Serait-il le m ême, o u a utre q ue l e m ien? - Le m ême, a-t-il dit. - La justice, d iraisje d onc à c elui qui n ous p oserait c ette q uestion ( 330d), est d e t elle n ature q u'elle e st j uste. N e r épondrais-tu p as d e m ême? - Sans d oute, a-t-il dit. - S'il c ontinuait a près c ela à n ous d emander : N e dites-vous pas q u'il y a u ne c ertaine p iété? Nous e n c onviendrions, j e p ense. - Oui. - Ne convenez-vous pas aussi, poursuivrait-il, q ue c ette c ertaine p iété e st b ien q uelque c hose? L 'accorderions-nous, o ui o u n on? - Nous l'accorderions. - Cette c hose est-elle d e t elle n ature, s elon vous, q u'elle s oit i mpie, o u p ieuse? P our m oi, j e m 'offenserais d 'une p areille question, e tje lui dirais: H é l 'ami ( 330e), tais-toi d onc! Y aurait-il a u m onde q uelque c hose d e p ieux, si l a p iété e lle-même n e l 'était p as! Ne ferais-tu pas la m ême r éponse? - Assurément. - À t outes ces questions, s'il a joutait celle-ci : q ue disiez-vous d onc t out à l 'heure? n e vous a uraisje p as b ien e ntendus? Il m 'a p aru q ue v ous disiez l 'un e t l 'autre q ue les parties d e la vertu s ont d isposées e ntre e lles d e m anière q ue l 'une n 'est p oint s emblable à l 'autre.Je d irais p our m a p art: p our t out le reste, t u as b ien e ntendu, mais si t u c rois q ue c e discours e st aussi d e m oi, t u t 'es t rompé. ( 33la) C 'est P rotagoras q ui a r épondu d e l a s orte à u ne q uestion q ue j e l ui posais. S'il d isait d onc à P rotagoras : S ocrate a-t-il raison? est-ce toi q ui p rétends q u'aucune d es parties d e l a v ertu n 'est s emblable à l 'autre? c e discours est-il d e t oi? Q ue l ui r épondrais-tu? - Il f audrait b ien, S ocrate, m'a-t-il dit, q ue j 'en c onvinsse. - Après u n t el aveu, P rotagoras, q ue l ui r épondrons-nous, s 'il n ous fait c ette n ouvelle q uestion: l a p iété n 'est d onc p as d e t elle n ature q u'elle s oit u ne c hose j uste, n i l a j ustice d e t elle n ature q u'elle s oit u ne c hose p ieuse m ais u ne c hose i mpie (331 b) ; c e q ui e st p ieux ressemble à c e q ui n 'est p as j uste; m ais l a p iété e st i njuste, e t l a j ustice e st i mpie? E ncore u ne fois, q ue l ui r épondrions-nous? E n c e q ui m e c oncerne, j e d irais q ue l a j ustice e st p ieuse, e t l a p iété j uste, e t, si t u m e l e p ermettais, j e r épondrais p areillement e n t on n om, q ue l a j ustice e st l a m ême c hose q ue l a p iété o u c e q ui lui ressemble le plus, e t q ue r ien n 'ap- p roche d avantage d e l a justice q ue l a piété, ni d e l a p iété q ue l a j ustice. C ependant vois si t u t 'opposes à c e q ue j e fasse c ette r éponse, o u si t u p enses c omme m01. - Il n e m e p araît pas, Socrate, ( 33lc) a-t-il dit, q ue l 'on doive a ccorder a insi s implement q ue l a j ustice e st pieuse e t l a p iété j uste : j e c rois q u'il y a e n c ela q uelque d istinction à faire. Mais q u'importe a près t out? Si t u l e veux, j e c onsens q ue l a j ustice s oit pieuse, e t q ue l a p iété s oit juste. - Tu n e t 'en s ortira p as ainsi, l ui a ije d it. Il n 'est p as q uestion d e «si t u v eux« o u d e «si b on te s emble«, m ais d e t on s entiment e t d u m ien: q uand j e dis, t on s entiment e t l e m ien, j 'entends q ue l a m eilleure m anière d e d iriger l a d iscussion est d 'en r etrancher les «si« ! - Eh b ien, r eprit P rotagoras, l a j ustice ressemble e n q uelque c hose à l a p iété : aussi b ien t outes les c hoses se r essemblent à q uelques é gards. L e b lanc r essemble a u n oir e n q uelque m anière, l e d ur a u m ou, e t ainsi d e t outes les a utres q ualités q ui p araissent les plus opposées. Les parties m ême d u visage e n q ui n ous avons r econnu d es propriétés différentes, e t d ont n ous avons d it q ue l 'une n 'était p oint c omme l 'autre, o nt e ntre elles u ne certaine r essemblance, e t l 'une e st e n q uelque f açon c omme l 'autre. D e c ette m anière ( 33le), t u p rouverais, si t u voulais, q ue t outes choses s ont s emblables e ntre e lles. Mais il n 'est p as j uste d 'appeler s emblables celles q ui o nt q uelque r essemblance, n i dissemblables celles q ui o nt q uelque d ifférence, si c ette r essemblance o u c ette d ifférence e st très légère. Ce discours m 'a t out à fait surpris. - Quoi d onc? lui a ije d it, j uges-tu q ue l e j uste e t le p ieux s oient tels l 'un à l 'égard d e l 'autre, q u'ils n 'aient e ntre e ux q u'une faible ressemblance? - Pas t out à fait, m'a-t-il dit, (332a) mais elle n 'est p as n on p lus aussi g rande q ue t u p arais le croire. - Laissons ce point, a ije repris, p uisqu'il t e m et d e mauvaise h umeur, e t e xaminons c et a utre p assage d e t on d iscours. N 'appelles-tu p as u ne c ertaine c hose déraison, e t le savoir n'est-elle pas le c ontraire d e c ette c hose? - Il m e p araît q ue o ui, a-t-il dit. (332b) - Lorsque les h ommes a gissent c onformément à l a d roite r aison, e t d 'une m anière u tile, n e j uges-tu p as qu'ils suivent les règles d e l a raison e n a gissant d e l a sorte, p lutôt q ue s'ils se c onduisaient d 'une f açon o pposée? - Ils s ont r aisonnables 48 o - N'est-ce p oint d u f ait d e l a raison q u'ils s ont tels? - Nécessairement. - Ceux d onc q ui n 'agissent p oint s uivant l a d roite r aison a gissent d 'une m anière d éraisonnable. - Je p ense c omme t oi, a-t-il dit. - Agir d éraisonnablement e st d onc le c ontraire d 'agir avec savoir. - Il e n e st c onvenu. - Les a ctions faites d éraisonnablement n 'ont-elles p as l a d éraison p our p rincipe, e t les