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tion du sujet, l'être des choses réelles en dehors de

Publié le 23/10/2012

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tion du sujet, l'être des choses réelles en dehors de leur activité, c'est là une entreprise contradictoire et qui se détruit elle-même ; que, par suite, la connaissance du mode d'action d'un objet d'intuition épuise l'idée de cet objet en tant que tel, c'est-à-dire comme représentation, puisqu'en dehors de celle-ci il ne reste rien de connaissable dans cet objet. A ce point de vue, le monde perçu par l'intuition dans l'espace et le temps, le monde qui se révèle à nous tout entier comme causalité, est parfaitement réel et est absolument ce qu'il se donne pour être ; or, ce qu'il prétend être entièrement et sans réserve, c'est représentation, et représentation réglée par la loi de causalité. En cela consiste sa réalité empirique. Mais, d'autre part, il n'y a de causalité que dans et pour l'entendement ; ainsi, le monde réel, c'est-à-dire actif, est toujours, comme tel, conditionné par l'entendement, sans lequel il ne serait rien. Mais cette raison n'est pas la seule : comme, en général, aucun objet, à moins de contradiction, ne saurait être conçu sans un sujet, on doit refuser, par suite, aux dogmatiques la possibilité même de la réalité qu'ils attribuent au monde extérieur, fondée, selon eux, sur son indépendance à l'égard du sujet. Tout le monde objectif est et demeure représentation, et, pour cette raison, est absolument et éternellement conditionné par le sujet ; en d'autres termes, l'univers a une idéalité transcendantale. Il n'en résulte pas qu'il soit illusion ou mensonge ; il se donne pour ce qu'il est, pour une représentation, ou plutôt une suite de représentations dont le lien commun est le principe de causalité. Ainsi envisagé, le monde est intelligible à un entendement sain, et cela dans son sens le plus profond ; il lui parle un langage qui se laisse entièrement comprendre. Seule une intelligence faussée par l'habitude des subtilités peut s'aviser d'en contester la réalité. C'est faire un emploi abusif du principe de raison : ce principe relie bien entre elles toutes les représentations, quelles qu'elles soient, mais il ne les rattache pas à un sujet, ou à quelque chose qui ne serait ni sujet ni objet, mais simple fondement de l'objet. C'est là un pur non-sens, puisqu'il n'y a que des objets qui puissent causer quelque chose, et que ce quelque chose est toujours lui-même un objet. Si l'on étudie de plus près l'origine de ce problème de la réalité du monde extérieur, on trouve qu'à cet emploi abusif du principe de raison appliqué à ce qui échappe à sa juridiction, vient s'ajouter encore une confusion particulière faite entre ses formes. Ainsi, la forme qu'il affecte relativement aux concepts ou représentations abstraites est transportée aux représentations intuitives, aux objets réels ; on prétend attribuer aux objets un principe de connaissance, alors qu'ils ne peuvent avoir qu'un principe d'existence (Monde, I, 15-17.) 3. L'ERREUR FONDAMENTALE DE TOUS LES SYSTÈMES Le vice fondamental de tous les systèmes consiste à méconnaître cette vérité, que l'Intellect et la matière sont corrélatifs, c'est-à-dire que l'un n'existe que pour l'autre, que tous deux se tiennent et sont solidaires, que l'un n'est que le reflet de l'autre, en un mot qu'ils sont proprement une seule et même chose, considérée sous deux points de vue opposés ; et que cette unité — ici j'anticipe — est le phénomène de la Volonté ou de la chose en soi ; que, par conséquent, tous deux sont secondaires, et que, par suite encore, il ne faut chercher l'origine du monde ni dans l'un, ni dans l'autre... Chez moi, la matière et l'Intellect sont des corrélatifs indissolubles ; ils n'existent que l'un pour l'autre ; ils sont donc relatifs. La matière est la représentation de l'Intellect ; l'Intellect est la seule chose, dans la représentation de qui la matière existe. Tous les deux réunis forment le monde comme représentation, c'est-à-dire le phénomène de Kant, donc quelque chose de secondaire. La chose première est ce qui apparaît, la chose en soi, en qui nous apprendrons à reconnaître la Volonté. Celle-ci n'est en soi ni représentant, ni représenté ; elle se distingue absolument de son mode de représentation. (Monde, II, 152.) Notre point de départ n'a été pris ni dans l'objet ni dans le sujet, mais dans la représentation, phénomène où ces deux termes sont déjà contenus et impliqués ; le dédoublement en objet et sujet est, en effet, la forme primitive essentielle et commune à toute représentation... C'est par cette conception nouvelle que mes vues diffèrent absolument des doctrines philosophiques émises jusqu'ici : ces doctrines, partant toujours soit de l'objet, soit du sujet, s'efforçaient ensuite d'expliquer l'un par l'autre, au nom du principe de raison ; pour moi, au contraire, je soustrais à la juridiction de ce principe le rapport du sujet et de l'objet, et ne lui laisse que l'objet. (Monde, I, 27, 28.) Le monde objet, ou le monde comme représentation, n'est pas la seule face de l'univers, il n'en est pour ainsi dire que la superficie ; il y a, en outre, la face interne, absolument différente de la première, essence et noyau du monde et véritable chose en soi. C'est elle que nous étudierons dans le livre suivant, et que nous désignerons sous le nom de volonté, la volonté étant l'objectivation la plus immédiate du monde. (Monde, I, 33.) C) L'INTUITION DU MONDE RÉEL La première manifestation de l'entendement, celle qui s'exerce toujours, c'est l'intuition du monde réel ; or, cet acte de la pensée consiste uniquement à connaître l'effet par la cause : aussi toute intuition est-elle intellectuelle. Mais elle n'arriverait jamais à se réaliser sans la connaissance immédiate de quelque effet propre à servir de point de départ. Cet effet est une action éprouvée par les corps organisés : ceux-ci, objets immédiats des sujets auxquels ils sont unis, rendent possible l'intuition de tous les autres objets. Les modifications que subit tout organisme animal sont connues immédiatement ou senties, et, cet effet étant aussitôt reporté à sa cause, on a sur-le-champ l'intuition de cette dernière comme objet. Cette opération n'est nullement une conclusion tirée de données abstraites, non plus qu'un produit de la réflexion ou de la volonté : elle est une connaissance directe, nécessaire, absolument certaine. Elle est l'acte de l'entendement pur, véritable acte sans lequel il n'y aurait jamais une intuition véritable de l'objet, mais tout au plus une conscience sourde, végétative, en quelque sorte, des modifications de l'objet immédiat : ces modifications se succéderaient sans présenter aucun sens appréciable, si ce n'est peut-être pour la volonté, à titre de plaisirs ou de douleurs... Après seulement que l'entendement a rattaché l'effet à la cause, le monde apparaît, étendu comme intuition dans l'espace, changeant dans la forme, permanent et éternel en tant que matière ; car l'entendement réunit le temps à l'espace dans la représentation de matière, synonyme l'activité. (Monde, I, 12-13.)

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