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Francis Ponge (1899-1988) Le Parti pris des choses (1942) L’Huître

Publié le 31/03/2022

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« Francis Ponge (1899-1988) Le Parti pris des choses (1942) L’Huître L’œuvre de Ponge témoigne d’une certaine difficulté à dire les choses, elle trahit un sentiment d’inadéquation du langage aux choses.

Dans ses poèmes (Le Parti pris de choses, Proêmes etc.), Ponge tente de retrouver une sorte de relation entre les choses et le langage. Le Parti pris des Choses (1942) contient 32 poèmes en proses de nature descriptive. « L’Huître » est située entre « L’Orange » et « Les Plaisirs de la porte ». Trois paragraphes, construction progressive (1 er paragraphe : aspect extérieur de l’huître + ouverture ; 2e paragraphe : intérieur de l’huître ; 3e paragraphe : la perle) : le regard est de plus en plus précis et l’attention est conduite progressivement vers le sommet du poème, la perle de l’huître donnant la clé de sa signification. Le fait est que cette huître est décrite de façon apparemment neutre et impersonnelle.

Mais derrière les apparences, Ponge lui donne une valeur hautement symbolique et une certaine noblesse. PB : Comment le poème fait-il surgir la poésie d’une description en apparence banale ? • Paragraphe 1 Plutôt que de définir l’huître de façon objective comme le ferait un dictionnaire, le poète l’approche en la comparant à un galet.

Cette comparaison met en valeur trois qualités de l’huître (la grosseur ; la texture - que Ponge appelle ici l’apparence - et la couleur) et elle procède par tâtonnements successifs, à l’aide de comparatifs de supériorité (« d’une apparence plus rugueuse ») et d’infériorité (« d’une couleur moins unie ») qui indiquent moins la nature propre de l’huître que ce qui la différencie du galet choisi comme point de comparaison.

La définition de la couleur (« brillamment blanchâtre ») est paradoxale, l’adverbe « brillamment » (qui signifie l’éclat) s’opposant au « blanchâtre » dont le suffixe a une valeur péjorative et renvoie à quelque chose de pâle voire un peu sale.

Ces procédés (les comparaisons et le paradoxe) trahissent de la part du poète une sorte de difficulté à attraper le réel avec des mots, à définir précisément l’huître.

Ce faisant, sa description cherche moins à définir qu’à évoquer l’objet dans l’esprit du lecteur par le moyen d’images concrètes, qui renvoient au toucher (l’apparence rugueuse) et à la vue (la couleur blanchâtre). Cette première description porte sur l’aspect extérieur et général de l’huître, laquelle renferme dans sa coquille un monde en apparence inaccessible : « c’est un monde opiniâtrement clos ». Qualifier l’huître de monde relève de l’amplification : il y a un définir une si petite chose comme un monde.

Mais cette image s’expliquera dans la suite du poème qui présentera la découverte de ce qui se trouve dans l’huître comme une conquête.

Par ailleurs, l’adverbe « opiniâtrement » indique un caractère, une notion de psychologie, qui relève de la personnification.

L’huître est donc présentée comme la promesse d’un monde merveilleux et mystérieux qui, par son aspect et sa sévérité, décourage la découverte. C’est là que commence le deuxième mouvement du paragraphe : « pourtant, on peut l’ouvrir ».

Dans ces quelques lignes, Ponge raconte comme une aventure l’ouverture de l’huître.

Il s’agit d’un récit, plein de verbes d’action à l’infinitif ou au présent (tenir, se servir, s’y reprendre, les coups qu’on lui porte).

Les pronoms (on indéfini, il impersonnel) de même que la métonymie utilisée pour désigner la personne qui ouvre l’huître (« les doigts curieux s’y coupent ») rendent l’aventurier absolument anonyme : il ne s’agit pas d’un héros, mais d’une personne comme on en rencontre tous les jours.

Dans tout ce petit récit, Ponge raconte en effet l’ouverture de l’huître comme une aventure, mais comme une aventure du quotidien.

Des allusions à des actions exceptionnelles voisinent donc avec des notations beaucoup plus banales. Le quotidien apparaît ainsi dans les outils utilisés pour ouvrir l’huître (torchon, le couteau ébréché) ; dans les parties du corps mobilisées (la main, les doigts, les ongles : il s’agit d’une toute petite partie du corps).

L’opération est décrite un peu plus loin comme « un travail grossier ».

En revanche les verbes utilisés renvoient au combat (s’y reprendre, couper, casser) et il est question de « coups » portés à l’huître, ce qui souligne une forme de lutte pleine de dangers.

Il serait peut-être 1. »

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