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Ubu Roi: Acte I, Scène 1

Publié le 15/09/2006

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Commentaire composé de français sur Ubu Roi :

 

Cet extrait est tiré de l’acte I, scène 1 de la pièce de théâtre d’Alfred Jarry, Ubu Roi, écrite en 1896. Il présente un dialogue entre les deux personnages principaux Père Ubu et Mère Ubu. Ce texte qui introduit la pièce nous offre un portrait moral des deux personnages qui forment le couple principal et il donne le ton de toute la pièce pour en faire une parodie de tragédie.

 

Dans cette scène d’introduction, nous voyons que le Père Ubu est un grossier personnage qui a un langage particulièrement vulgaire. D’ailleurs, le juron « merdre « avec son « r « en plus ou l’expression « de par ma chandelle verte « sont répétés si souvent au cours de la pièce qu’ils sont devenus les emblèmes verbaux du Père Ubu. Son vocabulaire injurieux est très impressionnant : en plus du mot « merdre « répété par Père Ubu aux lignes 1, 10 et 40, de l’expression « par ma chandelle verte « répétée aux lignes 7, 10, 21 et 49,il ajoute l’imprécation « ventrebleu « à la ligne 49, le mot « cul « à la ligne 30 et l’expression très familière « passer à la casserole « à la ligne 27. Cela montre bien la grossièreté sans limite de Père Ubu.

On voit également que ce personnage est d’une grande susceptibilité, un vantard invétéré, d’une bêtise affligeante et d’une violence primitive. La réplique « Que ne vous assom’je, Mère Ubu ! « à la ligne 4 qu’il dit après avoir entendu une répartie de sa femme qu’il n’a pas appréciée ainsi que celle où il affirme qu’il va faire passer Mère Ubu « à la casserole « si elle continue à lui « faire injure « (ligne 26) contribuent à nous montrer la susceptibilité et la violence de ce personnage.

Sa vantardise nous est prouvée lorsqu’il se vante (ligne 11 à 14) d’être « le capitaine de dragons, l’officier de confiance du roi Venceslas, décoré de l’ordre de l’Aigle Rouge et ancien roi d’Aragon. «

Quant à sa bêtise, on en a la preuve éclatante lorsque par deux fois il affirme ne pas comprendre ce que sa femme veut dire (lignes 7 et 19) ainsi que lorsque Mère Ubu lui dit elle-même qu’elle le trouve bête (ligne 20) et lorsqu’il commence à accepter de tuer le roi après avoir entendu les ridicules arguments de Mère Ubu (lignes 33 et 34 et lignes 38 et 39) « Tu pourrais augmenter indéfiniment tes richesses, manger fort souvent de l’andouille et rouler en carrosse par les rues « ou encore, « Tu pourrais aussi te procurer un parapluie et un grand caban qui te tomberait sur les talons «.

Dans cette première scène, nous voyons que mère Ubu est également une mégère très grossière. Dans presque toutes ses répliques, nous trouvons des expressions ou des mots injurieux. Par exemple, dans sa réplique de la ligne 15 à la ligne 18, on peut retrouver le mot familier « coupe choux « ou le mot « fiole « (ligne 17). Elle répète certaines des expressions grossières de son mari comme « passer par la casserole « (ligne 29) ou « cul « (ligne 32) ou encore « merdre « (lignes 47 et 55). Elle dit que son mari est « gueux comme un rat « (ligne 48) et  dans sa dernière réplique on retrouve encore le mot « vrout « (ligne 55).

On observe également qu’elle est extrêmement ambitieuse et que pour satisfaire ses ambitions démesurées, elle est prête à recourir à la violence la plus basse. Lorsqu’elle dit que ce n’est pas elle mais un autre qu’il faudrait assassiner (lignes 5 et 6) ou encore lorsqu’elle affirme qu’il suffirait à son mari de massacrer toute la famille du roi, femme et enfants compris, pour être roi de Pologne à sa place (lignes 24 et 25). On voit qu’elle est bel et bien prête à tout pour devenir reine. 

Son ambition transparaît dans certaine des ses répliques comme lorsqu’elle demande à père Ubu lignes 8 et 9 s’il est content de son sort, ou lorsqu’elle s’indigne ligne 15 à 18 « Comment ! Après avoir été roi d’Aragon vous vous contentez de mener aux revues une cinquantaine d’estafiers armés de coupe-choux, quand vous pourriez faire succéder sur votre fiole la couronne de Pologne à celle d’Aragon ? « ou encore quand elle dit ligne 32 « A ta place, ce cul je voudrai l’installer sur un trône. « et enfin, quand dans sa dernière réplique, elle termine par dire que « grâce à Dieu et à moi-même, peut être dans huit jours serais-je reine de Pologne. « Ces répliques montrent bien son ambition dévorante.

Dans cette scène, nous voyons aussi que Mère Ubu est extrêmement manipulatrice et qu’elle connaît bien son mari car, elle n’essaie pas de lui donner des raisons morales ou politiques qui justifieraient l’assassinat du roi de Pologne, non elle se contente de lui assurer qu’il obtiendra autant d’argent qu’il le désire, qu’il pourra manger autant d’andouille qu’il le veut... des raisons pratiques bien plus susceptibles de l’émouvoir.

 

Dans cette scène, on trouve tous les prémices d’une tragédie.

Une femme ambitieuse : Mère Ubu essaie de convaincre son mari : Père Ubu qu’il est dans son intérêt d’assassiner le roi. Mais si la situation est bien celle d’une tragédie, Alfred Jarry traite le sujet de manière parodique.

Le vocabulaire grossier de la scène crée un décalage entre les personnages et le meurtre qui se prépare. 

Ainsi, on s’attend à un moment solennel mais l’usage d’injures comme « Ventrebleu, de par ma chandelle verte« qui ressemble aux jurons du capitaine Haddock dans Tintin,  affaiblit le tragique de la situation. 

On peut également observer un contraste entre la grossièreté de ces personnages avec un néologisme comme « merdre « (ligne 1) et l’emploi ponctuel d’expressions archaïques  comme le nom « estafiers « (ligne 16), « vous estes « (ligne 8)… ou de formules issues du langage soutenu comme « vous me faites injure « (ligne 27) 

Les noms des personnages : Mère Ubu et Père Ubu ne conviennent guère à un roi ou une reine et font plutôt penser à un couple de paysans, impression encore renforcée par la réplique de Mère Ubu (ligne 29) « qui te raccommoderait tes fonds de culotte ? « 

 

Les motivations de ce coup d’Etat ne sont pas du tout honorables contrairement à Macbeth de Shakespeare ou à Lorenzaccio d’Alfred de Musset. L’un tue le roi à contrecœur parce qu’on lui a prédit qu’il serait roi et parce qu’il est persuadé par son épouse qu’il doit accomplir son destin et l’autre veut tuer un duc, chef de la ville de Florence et qui est un véritable tyran. Ces deux héros ont des raisons bien plus nobles que celles du couple Ubu. 

Dans Macbeth et Lorenzaccio, lorsque l’intrigue se noue, les auteurs créent une atmosphère tendue et tragique Alors que les motivations ridicules et grotesques de Père Ubu il veut se faire « construire une grande capeline « (ligne 35), « se procurer un parapluie et un grand  caban « (ligne 38) ) nous entraînent plutôt dans un monde de dérision et de farce. De plus, dans ses désirs, on peut constater que Père Ubu ainsi que Mère Ubu ridiculisent les attributs royaux en comparant le traditionnel sceptre à un parapluie et le manteau d’hermine à un vulgaire manteau de marin.

Nous pouvons aussi observer un comique de farce dans cette scène. Les époux sont sur le point de se frapper tout en conspirant contre le roi de Pologne (« Que ne vous assom’je Mère Ubu !«). Les hurlements de la dispute alors qu’un coup d’Etat est censé se comploter dans le secret contribuent à masquer volontairement le drame en le rendant ridicule. 

 

On retrouve par ailleurs une phrase qui nous replonge dans le drame lorsque Père Ubu s’exclame à la ligne 45 dans un mouvement d’honneur très surprenant venant de la part d’un personnage aussi vil que Père Ubu « Oh non ! moi, capitaine de dragons, massacrer le roi de Pologne ! plutôt mourir ! «. Ce ton grandiloquent ne correspond pas à son caractère et nous sommes forcément surpris de l’entendre parler ainsi mais, tout de suite après, il redit la même chose en termes beaucoup plus crûs et vulgaires qui, dans une certaine mesure nous « rassure « sur son état mental.

Il dit donc, ligne 49 à 51 « Ventrebleu, de par ma chandelle verte, j’aime mieux être gueux comme un maigre et brave rat que riche comme un méchant et gras chat. «. Son sursaut moral ne dure donc pas longtemps.

 

La première scène d’Ubu Roi présente donc un portrait moral peu flatteur des deux personnages principaux de la pièce. Leur langage, leur attitude ainsi que leurs motivations instaurent un comique de farce dans cette scène tournant ainsi en dérision le moindre sentiment noble, la moindre tension tragique. Cela correspond bien au théâtre de l’absurde.

« accomplir son destin et l’autre veut tuer un duc, chef de la ville de Florence et qui est un véritable tyran.

Ces deux héros ont desraisons bien plus nobles que celles du couple Ubu.

Dans Macbeth et Lorenzaccio, lorsque l’intrigue se noue, les auteurs créent une atmosphère tendue et tragique Alors que les motivations ridicules et grotesques de Père Ubu il veut se faire « construire une grande capeline « (ligne 35), « se procurer un parapluie et un grand caban « (ligne 38) ) nous entraînent plutôt dans un monde de dérision et de farce.

De plus, dans ses désirs, on peut constater que Père Ubu ainsi que Mère Ubu ridiculisent les attributs royaux en comparant le traditionnel sceptre à un parapluie et le manteau d’hermine à un vulgaire manteau de marin. Nous pouvons aussi observer un comique de farce dans cette scène.

Les époux sont sur le point de se frapper tout en conspirant contre le roi de Pologne (« Que ne vous assom’je Mère Ubu !«).

Les hurlements de la dispute alors qu’un coup d’Etat est censé se comploter dans le secret contribuent à masquer volontairement le drame en le rendant ridicule.

On retrouve par ailleurs une phrase qui nous replonge dans le drame lorsque Père Ubu s’exclame à la ligne 45 dans un mouvement d’honneur très surprenant venant de la part d’un personnage aussi vil que Père Ubu « Oh non ! moi, capitaine de dragons, massacrer le roi de Pologne ! plutôt mourir ! «.

Ce ton grandiloquent ne correspond pas à son caractère et nous sommes forcément surpris de l’entendre parler ainsi mais, tout de suite après, il redit la même chose en termes beaucoup plus crûs et vulgaires qui, dans une certaine mesure nous « rassure « sur son état mental. Il dit donc, ligne 49 à 51 « Ventrebleu, de par ma chandelle verte, j’aime mieux être gueux comme un maigre et brave rat que riche comme un méchant et gras chat.

«.

Son sursaut moral ne dure donc pas longtemps. La première scène d’Ubu Roi présente donc un portrait moral peu flatteur des deux personnages principaux de la pièce.

Leur langage, leur attitude ainsi que leurs motivations instaurent un comique de farce dans cette scène tournant ainsi en dérision le moindre sentiment noble, la moindre tension tragique.

Cela correspond bien au théâtre de l’absurde.. »

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