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Un Texte De Théâtre Est-Il Suffisant En Lui-Même Pour Monter Un Spectacle De Théâtre ?

Publié le 05/12/2010

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Introduction : 

Le théâtre est d'abord un spectacle, une performance éphémère, la prestation de comédiens devant des spectateurs qui regardent un travail dans un décors particulier. Il occupe une place particulière parmi les genres littéraires et son caractère propre rend complexe la manière d'aborder le texte. Il s'agit en effet d'une écriture destinée à une représentation. Mais peut-on représenter une pièce de théâtre rien qu'à partir de son texte ou manque-t-il des choses essentielles à sa représentation? Cette question fera tout l'objet de ce qui suit.

Nous verrons en premier lieu comment la représentation d'une pièce peut se faire seulement avec son texte, et en second lieu nous verrons que le texte n'est pas suffisant en lui-même pour monter un spectacle.

 

I.

Pour commencer, certains pensent que le texte suffit à monter à monter un spectacle. En effet, le texte est au cœur de la mise en scène et comporte des éléments essentiels qui se suffisent, car le texte est ce sur quoi ce fonde le théâtre. Tout texte de théâtre est porteur de l'idée que se fait l'auteur de la représentation au moment où il écrit.

Tout d'abord, les textes nous informent sur l'espace et le temps, le système énonciatif, la présence d'une action.  En effet, tous les éléments présent un livre sont le travail de l'auteur qui donne des indices sur la représentation scénique. Par exemple, quand on ouvre un livre de théâtre, on remarque tout de suite des éléments typographiques qui ne trompent pas. La présentation du texte informe le metteur en scène, car on y trouve des blancs, des espaces vides entre les répliques, qui indiquent le temps qui passe, des changements de lieux (de décors), où encore, la possibilité d'une intervention extérieure. Le découpement du texte théâtral s'accomplit en fonction de l'utilisation scénique que l'on peut en faire. L'auteur organise son écriture, utilise des scansions typographiques comme marqueurs spatio-temporels, prévoit de faire entrer ou sortir des personnages. Donc sans cela aucune pièce ne pourrait être représentée, et le metteur en scène n'a donc qu'à représenter le travail que l'auteur a déjà accomplit.

Ensuite, les personnages présentés dans un texte théâtral son propre à eux-mêmes, et son donc fidèle à l'image que l'auteur veut nous en donner. Aussi, même s'ils ne sont pas accompagnés d'une description complète comme dans les romans, ils sont tout de même faciles à cerner par leurs actions, le langage qu'ils utilisent et leur façon de parler. Même dans les cas où il y a une absence de didascalies, le metteur en scène peut donc apprendre à connaître les différents personnages rien qu'avec les information données par le texte.

Enfin, en complément des informations présentes uniquement dans les répliques, l'auteur à la possibilité d'y intégrer des didascalies qui servent à orienter le metteur en scène sur le jeu que les acteurs doivent adopter. Elles indiquent les lieux de la pièce, le décor, le mouvement des personnages, leurs gestes, leur maintient, leurs costumes, leur description physique, le ton de leur voix… De plus, certaine pièce de théâtre comporte de nombreuses didascalies, par exemple dans Les Bonnes de Jean Genet, les didascalies sont très fréquentes et indispensable à la compréhension de la pièce. En effet, à l'incipit de celle-ci, les didascalies jouent un rôle important, car comme Claire et Solange s'attribuent des rôles, on ne pourrait pas savoir qui joue qui sans les indications des didascalies et les précisions de l'auteur. Genet a d'ailleurs écrit « Comment jouer les Bonnes « afin de préciser encore plus l'idée qu'il se fait de sa représentation. Les cas les plus fréquent des didascalies abondantes sont dans le théâtre de l'absurde, c'est la cas dans Le Roi se meurt et Amédée ou Comment s'en débarrasser de Ionesco, ou encore de En attendant Godot de Samuel Beckett. De plus Beckett à aussi écrit une œuvre composé uniquement de didascalies : Actes sans paroles, qui est un mimodrame de 1957. On retrouve aussi certains auteurs comme Beaumarchais, qui, en plus des didascalies, ajoutent des préfaces, comme dans Le Mariage de Figaro dans lequel Beaumarchais explique la vision qu'il a de la pièce. Il y a en plus ajouté une rubrique "Caractère et habillement de la pièce" qui informe sur les personnages.

Cependant même si le texte est suffisant en lui-même pour sa représentation, il existe certaine pièce comme par exemple Un Spectacle dans un Fauteuil de Alfred de Musset, qui ne sont pas destiné à être représenté mais qui doivent, comme son non l'indique, être lu "dans un fauteuil". C'est pièce là ne doivent pas être représenté, elles sont des pièces de théâtre à lire.

 

Le texte théâtral est primordial pour la réalisation d'un spectacle de théâtre néanmoins, il n'est pas suffisant en lui-même.

 

II.

Le texte théâtral a la capacité de n'être jamais le même, en effet, en fonction des acteurs et les metteurs en scène, le spectacle est différent. Aussi l'approche du metteur en scène donne une vision nouvelle du texte. Il reste un art complexe.

Le point de départ du metteur en scène est bien le texte, mais le metteur en scène peut trouver certaines difficultés à le représenter. En effet, si l'auteur à choisit de ne mettre que peu de didascalie, comme dans le théâtre classique, le metteur en scène aura alors beaucoup de représentation possible. Cette quasi-inexistance d'indications scéniques, peut poser problème quant à l'interprétation de certaines répliques et peut donc mener à des représentations très différentes, voire presque opposées, d'une pièce. Le metteur en scène aura alors plus de liberté.

Certain metteurs en scène préfèrent rester fidèle à la volonté de l'auteur en gardant des costumes et un décor d'époque, en faisant jouer leur acteur de manière réaliste. Ceux-ci se considèrent comme "serviteur du texte", c'est le cas par exemple de Jean-Pierre Vincent qui a mis en scène Le jeu de l'amour et du hasard de Marivaux.

Le texte théâtral a la capacité de n'être jamais le même, en effet, en fonction des acteurs et les metteurs en scène, le spectacle est différent. Aussi l'approche du metteur en scène donne une vision nouvelle du texte. C'est pourquoi, même dans les cas ou un texte comporte beaucoup de didascalies, le metteur peut réussir à différencier sa représentation des autres. Pour y parvenir il possède de nombreuses techniques. Il peut en effet jouer sur les effets de lumière, sur les costumes, ou sur les décors, pour réactualiser une pièce par exemple, ou alors pour créer un effet de décalage, comme ça a été le cas pour Tartuffe de Molière, ou encore Le Menteur de Carlo Goldoni qui a été mis en scène par Laurent Pelly. De plus, le metteur en scène peut faire en sorte que chaque personnage ait sa façon de parler et insiste sur les exagérations, ou les répétitions de mots. Ces procédés sont un moyen pour lui de s'approprier la pièce, et de la renouveler afin que les spectateurs ne voient pas toujours la même version d'une pièce, car, à force, ils pourraient s'en lasser. Le tout est que le spectacle soit divertissant. Certain metteur en scène se sont même essayé a représenter des pièces impossible à jouer. Par exemple, Le Soulier de Satin de Paul Claudel est une pièce qui dure sept heures, elle n'est représenté que rarement en raison de sa durée, elle à été jouée pour la première fois intégralement par Jean-Louis Barrault. Elle à également été adapté au cinéma en 1985 par Manoel de Oliviera, réalisateur portugais. 

 

Conclusion :

L'activité théâtrale est plus complexe et plus large que le travail de l'écrivain, même si, au départ, cela vient de lui. Le texte théâtral est certes suffisant pour être mis en scène mais il n'a aucun intérêt et aucune originalité sans le metteur en scène, car c'est lui qui donne vie au texte. La représentation théâtrale n'est pas la création d'un seul homme, auteur, acteur ou metteur en scène qui l'imposerait aux autres, les spectateurs : elle est leur œuvre commune.

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