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Utopie et illusion en littérature

Publié le 18/09/2010

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illusion

 

« L'homme est bon par nature, c'est la société qui le corrompt « écrit Rousseau, mais l’utopie n’est pas, en théorie, sujette à cette corruption malgré le fait qu’elle recèle de possibilité de désillusions, pour ce qu’elle confronte à chaque pas la réalité à une fausse image. Une société dite utopique est gonflée de désillusions, et c’est en fait un euphémisme visant à critiquer les sociétés réelles, en les comparant aux utopies littéraires, irréelles.

 

L’utopie recèle de désillusions, lorsqu’on voit qu’elle présente une nature humaine de son peuple comme totalement différente de l’Homme réel, par exemple dans Les aventures de Télémaque où « la bonne foi, l’obéissance et l’horreur du vice habitent cette heureuse terre «. Une telle représentation de l’homme pourrait être une certaine mise en valeur de celui-ci, mais en réalité, elle critique les valeurs de la société de l’époque.

Un tel pays imaginaire exclut certains hommes et en sélectionne d’autres ayant de « bonnes références « comme dans l’Abbaye de Thélème, dans Gargantua de Rabelais qui possède à son entrée un écriteau détaillant les types d’individus n’étant pas les bienvenus à l’intérieur. L’utopie produit un désenchantement puisqu’elle n’est pas accessible aux hommes ne considérant pas les valeurs de celle-ci, la différence n’est pas acceptée, il faut être semblable aux autres habitants sans quoi on ne peut rester et l’on en est rejeté.

Un bonheur, en réalité spécieux, est présenté dans l’utopie, mais l’on constate que rien n’est laissé au hasard et qu’il s’agit en quelque sorte d’une société totalitaire : chaque habitant doit être identique à son voisin, du point de vue de la pensée, de l’habillement, et d’autres détails. Rien n’est laissé au hasard, pas même dans la Cité du Soleil où les devoirs civils sont distribués, ou à France-ville, dans Les Cinq cents millions de la Bégum de Verne, où nous avons affaire à une société d’élite dans laquelle l’Etat dirige, surveille, contrôle tout jusqu’aux blanchisseries. Comme La Nouvelle Héloïse de Rousseau le montre, toute personne manquant de convenance, qui se différencie des autres est « congédiée sans rémission «.

Tous ces détails nous montrent que l’utopie est en quelque sorte totalitaire, et qu’il n’est laissé aucune originalité à personne. Ces utopies critiquent en réalité la société de leur époque, mais elles sont fausses, or on les compare aux sociétés réelles, ce qui les décrédibilise.

 

Les écrivains n’ont d’autre choix que de comparer leur utopie à la société, pour les critiquer. Dans ces utopies, il existe un gouvernement parfait selon l’auteur, cela peut être une monarchie, une démocratie ou même une anarchie.

 Mais dans tous les cas, ce gouvernement est parfait, gentil et le peuple est heureux, cela est très mis en valeur dans l’épisode de l’Eldorado dans  Candide de Voltaire, où le souverain embrasse sur les deux joues Candide et Cacambo lorsqu’il les rencontre, et que les habitants sont tellement heureux qu’ils jurent de ne jamais quitter ce lieu. À travers une Utopie, on cherche aussi à critiquer la nature de l’homme, comme dans La cité du Soleil qui présente l’Homme comme corrompu et orgueilleux, alors que les Solariens « regardent l’orgueil comme le vice le plus exécrable «. Or, on ne peut pas changer la nature de toute l’humanité, aucune société réelle qui fonctionne n’a de valeurs chevaleresques telles que la vertu, le courage, ou bien même le travail.

Il existe un bonheur commun, le bonheur individuel étant « interdit «, l’utopie est une société anti-individualiste et par conséquent communautariste, on ne travaille pas pour soi mais pour le bon fonctionnement de la société comme les Troglodytes qui « travaillent avec une sollicitude commune pour l’intérêt commun «.

Mais ces utopies littéraires fonctionnent uniquement parce qu’elles n’existent pas, tout peut fonctionner dans un livre, mais la preuve que la réalité est confrontée à une fausse image est que les tentatives d’utopie telles que le national-socialisme ou bien le Stalinisme ont échoué et ont toutes mal fini.

 

L’utopie littéraire est une société imaginaire dans laquelle tout fonctionne, aussi bien le gouvernement, que l’économie et le peuple y est heureux. Mais elle est souvent comparée aux sociétés réelles malgré le fait qu’elle-même ne le soit pas, elle est basée sur des valeurs qu’il ne pourrait y avoir dans un vrai Etat, et elle est très souvent, derrière les apparences, une société totalitariste, même si sa population est comblée. Le caractère collégial est revendiqué dans beaucoup d’utopies, mais il a, à notre époque, une connotation dépréciative, étant donné que nous vivons dans une société individualiste voire asociale.

 

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