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Voyageur sans bagage

Publié le 17/06/2013

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Kristina van Dooren 22.02.13 Groupe : 307 Correction de l'épreuve semestrielle de français du 12.12.12 ___ ______________________________________________________________________________________________________ Le Voyageur sans bagage En vous fondant sur votre analyse du Voyageur sans bagage, montrez pourquoi, selon vous, Gaston fait le bon choix - ou non - à la fin de la pièce. Votre travail reposera sur une argumentation précise élaborée à partir d'extraits de la pièce. Le propos peut bien sûr être nuancé. Est-il possible d'oublier son passé et de repartir à zéro ? C'est cette réflexion que Jean Anouilh se pose dans le Voyageur sans Bagage, une pièce montée en 1936. Cette spéculation se fait à travers Gaston, le personnage principal de l'oeuvre, retrouvé amnésique un soir de printemps 1918 puis placé dans un asile. C'est dès ce moment là, que les recherches sur son passé oublié vont commencer et être effectuées avec l'aide de la duchesse Dupont-Dufort. Cette dernière est persuadée que l'amnésique appartient à une famille bourgeoise, c'est donc son instinct qui va les mener à la demeure des Renaud. Gaston y découvre son passé peu glorieux et prend la décision de renier sa famille. Il est alors légitime de se demander si ce personnage a fait le bon choix. Il est vrai que l'amnésie procure la chance de pouvoir prendre un nouveau départ et qu'il existe de bonnes raisons encourageant Gaston à fuir sa famille et de renier son passé. Voici ce qui constituera le premier mouvement de l'analyse. Le deuxième temps du travail mettra les éléments négatifs de cette décision en évidence. Car comme le relève Valentine dans l'une des scènes, Gaston ne s'assume pas et il ne peut pas renier son passé aussi facilement. Cependant, Jacques, la réelle identité de Gaston, est un personnage détestable avec un passé violent. Ce qui laisse penser que l'amnésique ne veut pas assumer un tel fardeau. En effet, Jacques « étai[t] un vrai monstre « (p.72, 3ème tableau) : il tuait des bêtes, a rendu son ami infirme, avait pour amante la femme de son frère et laissa de grosses dettes à sa famille. Ainsi, en refusant son passé, il n'aura pas le devoir d'affronter ses anciennes erreurs au quotidien, ce qui est plutôt lâche mais peut lui permettre de se reconstruire. Ensuite, parce que sa mère est absente en tant que figure maternelle aimante et que Gaston a besoin de se sentir aimé des siens, hors ce n'est pas le cas, nous le voyons à « la dureté de [sa] maman « (p.137, cinquième tableau) et à la « maladresse « (p.137, cinquième tableau) de son frère. C'est donc ce sentiment familial idéal qu'il lui manquait et qu'il ne veut certainement pas le ressentir à nouveau. De plus, l'amnésie lui offre une chance inédite de recommencer sa vie et de se libérer d'un milieu social étouffant auquel il appartient. En effet, la famille des Renaud sont « des gens très biens « (p.45, premier tableau) et certainement pas « d'extraction basse « (p.37, premier tableau). Ce genre de propos témoigne d'un snobisme de la classe bourgeoise dans laquelle l'amnésique vivait, car certes, Gaston ne pouvait fatalement pas être avant la guerre un simple « ouvrier maçon « (p.37, premier tableau). Ainsi le personnage présenté par Jean Anouilh ne semble pas pouvoir choisir une autre attitude que celle de prendre de la distance avec son passé, sa famille et son milieu social. Mais la vie est-elle si simple ? Peut-on oublier son passé ? Gaston risque bien un jour ou l'autre d'être rattrapé par le sien... En effet, l'amnésique ne peut pas effacer son passé aussi facilement, surtout lorsqu'il est empreint d'autant de violence. D'ailleurs tout le temps de la pièce, son comportement agressif revient faire surface : « Il avait un si mauvais caractère ! Amnésique ou non, pourquoi veux-tu qu'il ne l'ait plus ? « (p.131, cinquième tableau), il se confond avec Jacques et dit des propos blessants: « c'est vrai, je vous déteste « (p.106, troisième tableau) et agit avec des actes brutaux comme lorsqu'il découvre la cicatrice, la preuve de sa réelle identité : « il prend un objet sur la table, (...) et il le lance à toute volée dans la glace qui s'écroule en morceau « (p. 148, cinquième tableau). Bref, il lui suffit de côtoyer une heure les personnages de son passé pour reprendre inconsciemment avec eux ses anciennes habitudes. En deuxième lieu, comme le souligne Valentine, l'ancienne maitresse de Gaston, « [t]oute notre vie avec notre belle morale et notre chère liberté, cela consiste en fin de compte à nous accepter tels que nous sommes... « (p.115, troisième tableau) mais Gaston continue tout de même à renier sa famille : « vous ne me plaisez pas. Je vous refuse. « (p.142, cinquième tableau) alors que Valentine affirme « [qu'on] ne peut pas refuser son passé « (p.142, cinquième tableau), c'est un choc entre le réalisme de l'amante et l'idéalisme enfantin de Gaston. En conclusion, le choix du jeune homme peut se comprendre, puisque c'est une chance unique de pouvoir repartir à zéro et ne pas avoir le devoir d'affronter ses erreurs commises dans le passé. L'amnésie lui offre aussi une échappatoire pour ne pas vivre dans une classe bourgeoise étouffante et dans une famille stricte dans laquelle il ne se sent pas accepter. Mais il n'est pas soutenable de refuser ainsi son passé, car lorsqu'il est autant marquant, il réapparait forcément un moment ou un autre. Alors que va-t-il devenir ? Sera-t-il heureux dans sa nouvelle vie en Angleterre, ou au contraire, ronger par les remords ? Seul Gaston le saura.

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