Wladimir Vernadsky (1863-1945) Qu'est-ce que la biosphère ?
Publié le 19/10/2016
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Wladimir Vernadsky (1863-1945)
Qu'est-ce que la biosphère ?
La biosphère est la région unique de l'écorce terrestre occupée par la vie. Ce n'est que dans la biosphère, mince couche extérieure de notre planète, que la vie est concentrée ; tous les organismes s'y trouvent et y sont toujours séparés de la matière brute ambiante par une limite nette et infranchissable. Jamais organisme vivant n'a été engendré par de la matière brute. Lors de sa mort, de sa vie et de sa destruction, l'organisme restitue à la biosphère ses atomes et les lui reprend incessamment, mais la matière vivante pénétrée de vie puise toujours sa genèse au sein de la vie elle-même.
La vie englobe une partie considérable des atomes qui forment la matière de la surface terrestre. Sous son influence, ces atomes se trouvent en un mouvement perpétuel et intense. Des millions de composés de ces atomes les plus divers sont incessamment créés. Or ce processus subsiste depuis des milliards d'années, depuis l'ère archéozoïque la plus ancienne jusqu'à nos jours, et demeure inaltérable dans ses traits essentiels.Il n'est pas de force chimique sur la surface terrestre, plus immuable, et par là plus puissante en ses conséquences finales, que les organismes vivants pris dans leur totalité. À mesure qu'on étudie les phénomènes chimiques de la biosphère on se convainc de plus en plus qu'il n'existe pas de cas où ces phénomènes soient indépendants de la vie. Or l'existence de ce fait peut être établie dans le cours de toute l'histoire géologique. Les couches archéozoïques les plus anciennes fournissent des indices indirects de l'existence de la vie; les roches anciennes algonques (jatouliennes), peut-être même archéozoïques (J. Pompeckj, 1927), ont conservé des empreintes directes et des traces visibles d'organismes.
Des savants tels que A. Schuchert (1924) ont eu parfaitement raison de rapprocher les roches archéozoïques des roches riches en vie : paléozoïques, mésozoïques et cénozoïques. Les roches archéozoïques correspondent aux parties accessibles de l'écorce terrestre les plus anciennes que nous connaissions. Ces roches contiennent des témoins d'une vie qui remonte à la plus haute antiquité […]. L'énergie du Soleil n'a pu par conséquent subir depuis de modification sensible et ces déductions sont confirmées par des conjectures astronomiques très vraisemblables […].
En outre, il est évident que, si la vie venait à disparaître, les grands processus chimiques infailliblement liés avec elle disparaîtraient aussi, sinon dans toute l'écorce terrestre, du moins à sa surface, la face de la Terre, la biosphère. Tous les minéraux des parties supérieures de l'écorce terrestre, les acides alumo-siliciques libres (argiles), les carbonates (calcaires et dolomies), les hydrates d'oxyde de fer et d'aluminium (limonites et bauxites) et des centaines d'autres minéraux y sont perpétuellement créés sous l'influence de la vie. Si la vie disparaissait, les éléments de ces minéraux formeraient immédiatement de nouveaux groupements chimiques répondant aux nouvelles conditions, tandis que tous leurs minéraux habituels disparaîtraient de manière irrévocable. Après l'extinction de la vie, il n'existerait pas de force sur l'écorce terrestre capable de donner perpétuellement naissance à de nouveaux composés chimiques.
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