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Y a-t-il, en toute rigueur, des idées fausses ?

Publié le 15/04/2009

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• Peut-on parler de vérité et d'erreur, en dehors de jugements?  • Le jugement  Au sens psychologique :  « Décision mentale par laquelle nous arrêtons d'une façon réfléchie le contenu d'une assertion et nous le posons à titre de vérité. «  « Le jugement logique, au sens le plus général, est le fait de poser (soit à titre de vérité ferme, soit à titre provisoire, hypothétique) l'existence d'une relation déterminée entre deux ou plusieurs termes. «  « On peut également le définir : l'acte de pensée qui peut être dit vrai ou faux. « (Ce qui ne peut être le cas par exemple, d'une image, d'une prière, d'un sentiment, d'un souhait, etc.).  Définitions extraites du Vocabulaire de la philosophie d'André Lalande (PUF).  Schématiquement on peut donc dire que nous formulons un jugement chaque fois que nous posons l'existence d'une relation déterminée entre deux ou plusieurs termes.  • Notre problème n'est pas ici de savoir si nous pouvons énoncer des jugements faux, mais si nous pouvons avoir à l'esprit quelque idée que ce soit sans une opération (implicite-ou explicite) de jugement.  • Peut-être y-a-t-il lieu de différencier différents sens possibles d' « idée «?  — On parle d'idées générales (ou abstraites) ce qui implicitement laisse entendre qu'il y a des idées tout court.  — Le concept peut-il faire partie de ce que l'on appelle « idée « en un certain sens (à définir), n'en fait-il pas partie en un autre sens (à définir également).  • Dans une définition de « l'idée « qui « engloberait « le concept ne serait-on pas amené à dire qu'il peut exister, en toute rigueur, des idées fausses (les idées-concepts)?  En effet un concept n'existe, n'est déterminé que lorsqu'il est défini. Définir c'est séparer et relier. Autrement dit il est impossible de définir sans « poser l'existence d'une relation déterminée entre deux et plusieurs termes « (ce qui correspond exactement à la définition logique du jugement).  Si j'utilise le mot « cheval « pour désigner certains animaux, ceux qui gagnent des courses au tiercé, ceux qui ont porté Napoléon, ceux qui ont traîné des charrues, c'est-à-dire des réalités dont j'ai des appréhensions très nombreuses et dans une certaine mesure divergentes, la signification de ee mot est théoriquement incontrôlable. Cette signification est incontrôlable parce que, utilisé ainsi, le mot représente ces très nombreuses appréhensions sans qu'on ait fait l'inventaire exhaustif du contenu d'aucune d'entre elles — moins encore de toutes d'entre elles. Nous dirons qu'on a affaire à une idée de cheval, idée pour le moins quelque peu indéterminée et quelque peu personnelle. Au fond, dans ce cas, l'idée provient de la mise en relation floue, peu « déterminée « non de « cheval « avec d'autres termes mais de « cheval « avec toute une série d'expériences.  Par contre si nous employons le mot « cheval « en tant qu'il désigne la définition que la zoologie donne de cet animal, sa signification est limitée comme par une clôture (et commune rigoureusement à nous tous); elle sert de limitation à l'idée de « cheval « qui était illimitée, indéfinie, diffuse et confuse. Le mot dont se sert Aristote pour exprimer l'idée de concept est « le limité « (Horos en grec dont le correspondant latin est terminus). Comment s'opère cette limitation?  Par la recherche exhaustive de tous les caractères communs aux différents chevaux (ce qu'on appelle la compréhension du concept) à l'exclusion de ceux qui ne leur sont pas commun.  Mais ces caractères communs doivent être — eux aussi — délimités, définis rigoureusement.  Par exemple on dira qu'un « cheval « est un vertébré, mammifère, quadrupède, etc.  Ainsi il apparaît qu'un concept, au sens propre du terme, est en fait une constellation (implicite ou explicite, mais peu importe en dernière analyse) de jugements. C'est pourquoi on peut dire, en ce sens — de quelque concept que ce soit — qu'il est vrai ou faux. Ce qui signifie plus précisément que pour chaque concept le problème de sa vérité peut être posé légitimement sans que cela inclue — bien évidemment — que l'on ait « facilement « les critères légitimes permettant de trancher la question.

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