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Accumulation du capital, progrès technique et croissance

Publié le 30/08/2012

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On va maintenant pouvoir se demander ce qui engendre la décision d'investissement. On parlera ici essentiellement des investissements productifs, c'est-à -dire ceux des entreprises. Quels sont les éléments qui incitent le chef d'entreprise à  décider d'investir ? Investir, c'est prendre une décision économique. Comme toutes les décisions, celle-ci se prend après réflexion et en fonction de certains arguments. Ce sont ces arguments que l'on appelle les déterminants de l'investissement. Avant de les présenter les uns après les autres, nous montrerons qu'il y a une exigence en toile de fond de toutes les décisions d'investissement, c'est l'exigence de rentabilité. Nous allons d'abord présenter le ratio habituellement utilisé pour mesurer la rentabilité, puis nous essayerons de voir quels sont les éléments qui l'influencent. Comment mesure-t-on la rentabilité ? On compare les profits réalisés au stock de capital nécessaire pour réaliser ces profits (le taux de profit est le rapport entre le profit et le stock de capital utilisé pour générer ce profit). En utilisant les agrégats de la comptabilité nationale, on prendra l'Excédent brut d'exploitation (E.B.E.) pour mesurer les profits et le capital fixe (K) pour mesurer le stock de capital nécessaire. On a donc :

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« 2.2.2 - Le rôle de la demande anticipée.Sur le plan théorique, il a été mis en évidence par Keynes.

Mais dans la réalité des entreprises, on a toujours su, dans le système capitaliste, qu'il ne fallait produireque si l'on pensait pouvoir vendre sur les marchés.

La demande anticipée par l'entreprise, c'est-à -dire celle qui est prévue pour les années à venir, celle que Keynesappelle la " demande effective ", joue donc un rôle essentiel dans la décision d'investir.Si les prévisions laissent entrevoir une hausse durable de la demande du produit fabriqué dans l'entreprise, l'entreprise va probablement chercher à répondre à cettedemande supplémentaire.

Pour cela, elle devra accroître sa capacité de production en acquérant des moyens de production supplémentaires, c'est-à -dire qu'elle devrainvestir.

On peut faire le même raisonnement si les prévisions envisagent une transformation de la demande : par exemple, si l'on pense que la demande va se porterde plus en plus sur des appareils combinés télévision/magnétoscope, il va falloir modifier les outils de production et donc investir pour pouvoir satisfaire cettenouvelle demande, alors que la demande de téléviseurs " classiques " va peut-être stagner.En règle générale, les chefs d'entreprise considèrent donc l'évolution de la demande, dans son volume comme dans sa nature, comme un déterminant essentiel de leurdécision d'investissement.

On peut remarquer que si l'évolution de la demande peut être dans une certaine mesure anticipée, il n'en reste pas moins toujours del'incertitude.

Les chefs d'entreprise sont alors amenés à prendre en compte dans leur décision d'investissement des éléments relativement subjectifs : le climat desaffaires est-il bon ?, les ménages sont-ils optimistes ? (il y a des enquêtes sur le moral des ménages), etc.Les effets d'une augmentation de la demande sur les investissements ont été mesurés par les économistes : c'est le mécanisme de l'accélérateur, qui montre quel'augmentation de la demande entraîne une hausse plus que proportionnelle des investissements.

[Ce mécanisme n'est pas inscrit au programme de terminale.

Si voussouhaitez cependant l'étudier, allez voir, et faire, les activités que nous vous proposons sur l'accélérateur]. 2.2.3 - Le rôle des coûts de production.Les profits, qui sont au numérateur du taux de rentabilité, sont les revenus restant à l'entreprise quand elle a payé tous ses coûts.

Si l'entreprise réussit à diminuer sescoûts, elle a des chances d'augmenter ses profits et sa rentabilité.

En particulier, si le coût du travail augmente plus rapidement que le coût du capital (il y a donc unabaissement du prix relatif du capital), l'entreprise a intérêt à réaliser des investissements de productivité qui aboutiront à économiser du travail.

De même, si lesprévisions laissent entrevoir une demande stable et une concurrence accrue entre les producteurs, il peut être nécessaire que l'entreprise, pour conserver sa part demarché, abaisse ses coûts de production et, pour cela, réalise des investissements de productivité.

Enfin, la localisation des investissements est également tributairedes coûts de production : c'est vrai à l'échelon international, nous le verrons dans le chapitre 6, mais c'est vrai aussi à l'échelon national si les facteurs de productionet les consommations intermédiaires n'ont pas le même coût partout. 2.2.4 - Le rôle des taux d'intérêt.S'il y a une demande qui justifie l'investissement et si celui-ci semble suffisamment rentable compte tenu du coût des facteurs de production, l'entreprise doit encoreprendre en considération le coût de financement de l'investissement, c'est-à -dire le taux d'intérêt, avant de décider d'investir.

Comme nous allons le voir, il y a deuxmécanismes par lesquels le taux d'intérêt influence la décision d'investissement.Une hausse du taux d'intérêt diminue la profitabilité de l'investissementQuand le taux d'intérêt réel est élevé (on rappelle que le taux d'intérêt réel est le taux d'intérêt constaté sur le marché, ou taux d'intérêt nominal, corrigé de l'inflation),c'est-à -dire que le prix à payer pour emprunter est élevé, cela renchérit le coût de financement de l'investissement et diminue donc les profits que peut espérerl'entreprise.

Un taux d'intérêt élevé a donc tendance à décourager les investissements.

On définit la profitabilité de la manière suivante : Profitabilité = taux de profit anticipé - taux d'intérêt réelQuand la profitabilité est négative, l'entreprise doit " normalement ", c'est-à -dire dans une logique de maximisation du profit immédiat, renoncer à investir.Cependant, dans la réalité, l'entreprise prendra aussi en compte le long terme et l'état de la concurrence : si les concurrents investissent, l'entreprise risque de setrouver à la traîne et de perdre des marchés, ce qui menace encore plus les profits futurs ; dans ce cas, elle préfèrera investir plutôt que de placer, même si ce n'estpas plus avantageux à court terme.Que se passe-t-il si l'entreprise n'a pas besoin d'emprunter pour investir ?L'existence de profits non distribués permettant l'autofinancement joue bien sûr un rôle majeur : plus la part de l'autofinancement sera élevée, moins l'entreprise devrapayer pour investir, plus il sera facile d'investir, indépendamment du niveau des taux d'intérêt.

Cependant le taux d'intérêt joue un autre rôle : il va guider le choix desentreprises dans l'utilisation de leurs capitaux.

Les entreprises vont comparer les revenus qu'elles vont tirer de leurs investissements éventuels aux revenus qu'ellesobtiendraient en prêtant leurs fonds, c'est-à -dire en les plaçant sur les marchés financiers, au lieu de les investir.

Plus le taux d'intérêt est élevé, plus l'entreprise estincitée à placer ses fonds sur le marché financier plutôt qu'à investir, et inversement. Ainsi, en période de taux d'intérêt réel élevé, les entreprises peuvent renoncer à des investissements éventuels pour deux raisons complémentaires : d'une part,emprunter pour investir coûte cher et diminue donc les profits potentiels, d'autre part placer ses capitaux, c'est-à -dire les prêter à d'autres agents économiques,rapportent beaucoup. 2.2.5 - L'investissement est une décision toujours risquée.Quand une entreprise investit aujourd'hui, elle le fait, en quelque sorte, pour produire demain des biens ou des services qu'elle vendra après-demain.

On le voit, ladécision d'investir est une décision qui engage l'avenir : en effet, l'entreprise va décider d'augmenter son stock de capital (et c'est en général une grosse dépense) alorsqu'elle ne sait pas avec certitude de quoi demain sera fait.

L'entreprise fait donc toujours un pari sur l'avenir : elle parie qu'elle arrivera à rentabiliser soninvestissement, c'est-à -dire à augmenter ses profits (attention ! augmenter ses profits, ce n'est pas forcément augmenter sa production …).

Voyons plus précisémentquels sont les facteurs d'incertitude.Le problème de l'actualisation des valeurs futuresUne grosse difficulté pour l'entreprise est qu'elle doit comparer des valeurs monétaires dans le temps.

Si par exemple, on vous propose un investissement qui coûte100 et qui vous rapporte 100 au bout d'un an, vous allez naturellement refuser : disposer de 100 dans un an est moins intéressant que de disposer tout de suite de lamême somme ! L'entreprise est dans la même situation, puisqu'elle doit se priver d'argent aujourd'hui (en investissant) pour en récupérer plus tard.

Mais commentcomparer les deux sommes ? Quelle valeur faut-il donner aujourd'hui à un euro qu'on ne percevra que dans un mois, dans un an ? Trouver des éléments decomparaison, c'est ce qu'on appelle actualiser les valeurs futures.

Pour le faire, il faut tenir compte notamment du taux d'intérêt : s'il est de 5 %,100 euros placéspendant un an deviendront 105 euros, donc 105 euros perçus dans un an sont équivalents à 100 euros perçus aujourd'hui.

Mais le taux d'intérêt peut changer au coursdu temps … La demande peut varier de manière imprévisibleUn investissement est toujours fondé sur une évolution prévue ou constatée de la demande, et il consiste à immobiliser des facteurs de production pour répondre à cette évolution de la demande (d'ailleurs, en langage comptable, les biens capitaux acquis lors des investissements sont appelés " immobilisations ").

Mais l'évolutionde la demande peut être très rapide et ne pas correspondre à ce qui avait été prévu, et l'investissement perd alors sa justification.

C'est ce qui serait arrivé à uneentreprise qui aurait investi dans la construction de paquebots transatlantiques juste avant le développement du transport aérien.

Dans ce cas, non seulement lesinvestissements ont été faits en pure perte, mais en plus il n'est plus possible de mobiliser les fonds utilisés pour profiter de la nouvelle évolution de la demande (leterme " immobilisation " prend ici tout son sens). Les prix des facteurs de production ou des consommations intermédiaires peuvent varier de manière imprévisibleOn a vu plus haut que la rentabilité dépendait du coût des facteurs de production : capital, travail et consommations intermédiaires.

Si le prix des biens capitaux estconnu au moment d'investir (c'est le prix d'achat des biens que l'on acquiert lors de l'investissement), il n'en va pas de même pour les autres : le prix de l'énergie peuts'envoler à la suite d'un choc pétrolier, le coût du travail s'accroître à la suite d'un conflit social ou parce que la protection sociale coûte de plus en plus cher.

Bienentendu, l'entreprise peut essayer de maîtriser l'évolution de ces coûts, mais tout ne dépend pas d'elle, loin s'en faut.. »

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