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La réforme économique en Union soviétique et ses limites

Publié le 20/02/2011

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Le fonctionnement récent de l'économie soviétique a montré qu'il n'est pas suffisant d'affirmer le principe de la régulation optimale de l'appareil économique par la planification centralisée. Des difficultés sont apparues, en effet, dans l'élaboration et dans l'exécution des plans. Elles ont suscité, après la mort de Staline, des réflexions approfondies, qui ont elles-mêmes conduit à la mise en oeuvre, en 1965, de réformes de l'organisation économique en Union soviétique. Des obstacles ont, cependant, freiné l'application et l'efficacité de celles-ci. Ils tiennent principalement à l'opposition entre la logique de ces réformes et les pratiques ou les contraintes liées au régime dans lequel elles se sont situées.

« pièces détachées, à la production desquelles des entreprises étaient peu disposées à consacrer leur activité.

Estégalement à mettre en rapport avec cet indicateur une situation que ne manquait pas d'étonner les missionsoccidentales en Union soviétique, à savoir la présence dans une même usine d'un grand nombre de stadessuccessifs d'une même fabrication, menant au produit fini, ce qui n'allait pas sans nuire à des spécialisationsnécessaires.La conscience de ces imperfections s'est progressivement répandue en Union soviétique.

Elle a soutenu une série derecherches qui se sont exprimées, au début des années soixante, dans plusieurs publications.

La contribution la plusconnue est sans doute l'article du professeur E.

Liberman, publié dans la Pravda du 9 septembre 1962, sous le titre« Plan, profit, prime » ; mais ses thèses ont été complétées et sensiblement nuancées par d'autres études,notamment celles de deux académiciens V.

Nemtchinov et V.

Trapeznikov.

C'est donc sur un mouvement deréflexion collective, elle-même prolongée par une expérimentation (conduite, en particulier, dans deux entreprises deconfection de Moscou et de Gorki), que s'est fondée la réforme introduite par une décision du Comité central prise le29 septembre et deux textes édictés le 4 octobre 1965.2 — Les modalités de la réforme économique. La réforme économique a cherché à répondre à une double préoccupation : établir des indicateurs et instaurer unsystème de stimulation qui permettent, à la fois, une détermination plus rationnelle et une réalisation plus sûre desobjectifs du plan.a) La logique économique des nouveaux indicateurs.L'entreprise reçoit encore, émanant du Centre, quelques directives fondamentales: elles portent sur le volumeminimal de la production, la nomenclature générique des produits (les spécifications sont laissées à la discrétion del'entreprise), le fonds de salaires, c'est-à-dire le volume global de ces derniers (la répartition est en principe libre), levolume des investissements centralisés, c'est-à-dire fixés par l'Etat, et l'introduction des nouvelles technologies.Ces prescriptions encadrent le plan de l'entreprise, désormais conçu par référence essentielle au critère derentabilité.En effet, l'intéressement récompensant le succès est fonction, dans la nouvelle organisation, non pas dupourcentage de dépassement du plan, mais du niveau de bénéfice prévu, étant entendu que celui-ci doit se révélerréaliste et qu'une pénalité sanctionne la non-exécution des prévisions.

Ainsi, l'entreprise est incitée à maximiser unplan exécutable de profit. Elle est conduite, pour ce faire, à minimiser les capitaux fixes et circulants utilisés pour sa production.

Elle doitacquitter, en effet, une redevance sur les fonds productifs, de 6 % en moyenne, et cette redevance est défalquéedu profit brut pour obtenir le profit net, à partir duquel se fait le calcul des avantages accordés à l'entreprise.C'est finalement la rentabilité qu'entend favoriser un tel agencement des dispositions prises, qui engagentl'entreprise à maximiser son profit et à minimiser les capitaux productifs, donc à maximiser aussi le rapport profit/capital.En outre, la prise en compte du profit implique que l'indicateur de la production globale obtenue soit remplacé parcelui de la production « réalisée», c'est-à-dire vendue et payée par l'acheteur.

Les entreprises ont désormaisintérêt, pour éviter les retards de paiement qu'autorisent les contestations de la qualité des produits vendus, àfournir des articles qui répondent aux spécifications souhaitées par leurs clients.

Par là se trouve engagé unprocessus permettant aux exigences des consommateurs (intermédiaires ou finals) d'être prises en considération etmieux respectées. b) Le système de stimulation.Le système de stimulation ne repose plus seulement sur les avantages (au demeurant plus importants) accordés auxunités de production et aux agents économiques.

Il se fonde aussi sur une modification de la position de l'entreprisedans le fonctionnement de l'appareil économique.L'intéressement des unités de production et des travailleurs au résultat obtenu (apprécié sous l'aspect de larentabilité) s'opère par trois voies complémentaires :— la fraction du profit versée au fonds d'extension de la production » sert à autofinancer des opérationsd'investissement, rendant par là même l'entreprise moins dépendante de l'Etat pour son propre développement ;— la dotation au « fonds d'encouragement matériel » est répartie, sous forme de primes individuelles, entre ladirection, les cadres, les employés et les ouvriers ;— enfin, les sommes qui alimentent le « fonds des mesures socio-culturelles et d'habitat » sont engagées dans desactions d'intérêt collectif (jardins d'enfants, maisons de repos, loisirs culturels).Mais c'est aussi, peut-être surtout, par l'accroissement de leur autonomie et de leur responsabilité que la réforme acherché à associer les entreprises et les travailleurs à un meilleur fonctionnement de l'appareil économique. S'il est vrai que le décret du 2 novembre 1965 supprime les conseils régionaux d'économie nationale (sovnarkhoz) —dont on a vu, à l'expérience, qu'ils démultipliaient plus qu'ils n'atténuaient les imperfections du systèmecentralisateur — pour revenir aux ministères industriels, il est également prescrit que l'administration centrale necontrôlera plus la gestion courante des entreprises et cessera d'exercer sur celles-ci la tutelle tatillonne dontl'exercice mobilisait tellement de personnel et d'énergie, de part et d'autre...D'autre part, les entreprises sont autorisées à établir entre elles un réseau de libres relations, en convenantdirectement, sur une base contractuelle, de leurs liens de fournitures et approvisionnements.

Ce nouveau systèmedoit, en principe, libérer les parties contractantes des lenteurs bureaucratiques des circuits d'approvisionnementétatiques et les rendre plus attentives à leurs droits comme à leurs devoirs réciproques.. »

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