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Le miracle asiatique mis en cause par la crise financière

Publié le 05/12/2018

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bras, était lui-même perclus de mauvaises créances, que le système financier dans son ensemble était totalement opaque, on comprend mieux comment la tempête monétaire de l’été dernier s’est transformée en une profonde crise structurelle. Fin 1997-début 1998, la spirale de la récession économique était engagée en Thaïlande, en Corée du Sud et en Indonésie : les entreprises surendettées étaient dans l’incapacité de faire face à leurs échéances ; elles ont réduit leur production et provoqué une flambée du chômage. Les banques paralysées par leurs créances douteuses et leur propre endettement, ont cessé de prêter. La débâcle a pris un tour politique en Indonésie avec la mobilisation des étudiants, bientôt soutenus par la population, pour démettre le président Suharto, tenu pour unique responsable de la déchéance du pays. Plus qu’ailleurs, la crise a mis au jour les faiblesses d’un système que l’on croyait sain : la corruption, les prébendes, la collusion entre le pouvoir, les grands groupes et les banques ont sapé les bases d’un système économique qui ne demandait qu’à prospérer.

 

Pour sortir de l’ornière, certains ont cru pouvoir compter sur le Japon. Mais ce dernier, empêtré lui-même dans une profonde crise financière, s’avère aujourd’hui incapable de tirer la croissance de la région. Reste la Chine, qui se retrouve un peu seule à jouer les pompiers, sans avoir forcément les moyens d’éteindre le feu qui a embrasé l’Asie. Si elle est restée à l’écart de la tempête financière, ce n’est pas parce qu’elle est plus vertueuse que ses voisins du Sud-Est asiatique. Ses banques, encore très largement sous la tutelle de l’État, ploient, elles aussi, sous le poids des créances douteuses, et les entreprises publiques sont surendettées et improductives. C’est la non-convertibilité du yuan qui a permis à la Chine de passer à travers l’orage. Grâce à ses immenses réserves en devises (140 milliards de dollars), Pékin peut cependant s’offrir le luxe de défendre le dollar de Hongkong et la stabilité de sa propre monnaie. Jusqu’à quand ?

La crise financière asiatique n’a pas seulement plongé la région la plus dynamique du monde dans une profonde récession. Elle a révélé au grand jour les failles d’un système qui ne tenait que par la puissance de son élan. Mais le vernis de la croissance masquait un surendettement des entreprises et des banques, l’opacité des comptes, la corruption, et une mauvaise allocation des investissements... Il a suffi que des spéculateurs testent ces monnaies, l’été dernier, pour que l’édifice s’écroule. Toute la structure des économies émergentes de la région est à reconstruire.

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