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L'intelligence économique

Publié le 26/10/2012

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Pour que l'intelligence économique fonctionne, l'État ne peut pas travailler seul : il faut nécessairement l'adhésion de tous les acteurs économiques, pour que la coopération et l'échange entre public et privé puissent se faire. La veille ou l'intelligence économique pratiquées par les entreprises privées sont fortement concurrentielles : il s'agit pour l'entreprise d'obtenir soit des informations sur ses concurrents, soit des informations que ses concurrents ne possèdent pas, dans le but d'avoir un avantage concurrentiel sur eux. Il n'est donc a priori pas du tout évident que des entreprises acceptent de coopérer entre elles et avec l'État. Toutefois, bien que concurrentes, les entreprises peuvent avoir intérêt, dans le contexte de la mondialisation et précisément du développement de la concurrence, à devenir partenaires sans pour autant cesser d'être concurrentes. Les associations professionnelles sont un exemple de cette coopération : des entreprises d'un même secteur, et donc par définition concurrentes, se réunissent pour défendre leurs intérêts communs mieux qu'elles ne pourraient le faire seules. Les pôles de compétitivité sont le meilleur exemple de cette coopération et de cette...

« LES TROIS ASPECTS DE L'INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE Alain Juillet, haut responsable chargé de l'intelligence économiq ue, en donne une définition légèrement différente de celle de Martre.

Ilia définit en effet comme consistant dans « la maîtrise et la protection de l 'information stratégique pertinente par tout acteur économique », ce qui lui permet d'insister sur le deuxième aspect essentiel de l 'intelligence économique qu'est la protection des informat ions stratégiques d étenu es, aspect qui explique l'implic ation de l'État- et non seuleme nt des entreprises -dans l 'intelligence économique .

Un troisième aspect peut s'y ajou t e r, qui consiste à agir sur son environnement économ ique , à influ ence r l e marché.

Il existe différentes manières de se prot éger des concurrents .

On peut notamment faire breveter ses innovations, c'est-à-dire obtenir un droit d'exploitation excl usif pour un nombre d'années déter miné, créer un intranet (en interne à l'entreprise) et un extranet (pour les partenaire s privilégiés : fournisseurs , distributeurs) pour évite r de transmettre de l'information de manière ouverte , utiliser des systèmes de communicllfion sécurisés , etc.

Les normes et standards de sécuri té, de comptabilité , de traçabilité , etc., permettent également de protéger les e ntrepri ses contr e la concurr e nce, notamment internatio nale.

C'est pourquoi la pratique du lobbyin g, qui consiste à entretenir des contacts régulie rs et personnels avec des personnalités politique s ou des hauts fonctionnaires pour les informer des problèmes et des intérêts d 'un groupe profes sionnel ou d'une entreprise et les inciter à défe ndre ces intérêts, est une pratique qui fait pleinement partie d e l 'intelli gence économiqu e .

On ne se situe plus ic i uniquem ent du côté de la protection, mais également de l'intervention sur l'environnement économique.

La continuité logiqu e du recueil d'information , qui constitue le processus d e veille, consiste en effet à utiliser cette information pour influencer l'environnement économique.

L'étude des concurrents permettra , par exem ple, d 'anticiper une perte de part de marché et de baisser le prix de son produit ou d e renforcer la communicatio n et la publicit é autour de ce produit pour éviter de p erdre sa position sur le march é.

PRISE EN COMPTE DE L'INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE EN FRANCE La prise en compte de l'aspect de protection des entreprises nationales permet de comprendre que l'État veuille prendre part à l'intelligence économ ique .

La France s'est officiellement lancée dans l'intelligence économi que à partir des années 1990, par la création de la branche française de la SCIP (Society of Competitive Intelligence Professionnals ), l 'Association Française pour la Promotion de l 'Intelligence Économique e t Concurrentielle .

Il s'agit d 'une associa tion professionnelle indépendante à but non lucratif , qui a pour but de regrouper les professionnels de l'intelligence économique, de leur permettre de communiquer entre eux et de partager informations et savoir-faire , mais aussi de promouvoir l'intelligence économique en France , en sensibilisant entreprises, i nstitutions et établi ssements de formation .

L'AD IT (Agence pour la Diffusion de l'Information Technolo gique ).

créée par l'État la même année, a pour but de créer un partenariat entre secteur public e t secte ur privé .

Elle a trois missions : l'intelligence concurrent ielle et stratégique, l'intelligence territoriale et la prospective et la veille technologique mondiale .

Le rapport Martre de 1994 apporte la reconnai ssance de l'État à ce type de pratiques.

En 1995 est créé le Comité pour la compéti tivit é et la sécurité économiqu e, placé auprès du Premier ministre , mais il sera abandonné dès 1997 .

C e n'est qu'en 2003 que l'intelligence économique sera à nouveau prise au sérieux par l'État fran çais, par la nomin ation, suite au rapport « Intelligence économique, compétitivité et cohésion sociale » remis au premier ministre par l e député du Tarn Bemord Coroyon , d 'un Haut Respo nsable à l'Intelligence Économique (HRIE ) au sein du SGDN (Secrétar iat général de la défe nse national e) en la personne d 'Alain Juill et.

Depu is, des respo nsables de l'intelligence économi que ont été mis en place dans différents ministères et au niveau des régions, et des secteurs dits « sensi bles », comme par exemple l'armement o u les biotec hnologies, ont été identifiés.

La F édéra tion des Profe ssio nnels de l'Intelligence Économique (FEPIE ) a été créée à l 'initiativ e d'Alain Juillet et de l'amiral Laco ste pour définir les règles de fonctionn em e nt, et notamment de moralité , des professions de l'intelligence économ ique.

QUEL RÔLE POUR L'ÉTAT? Pourquoi les entrepr ises n e se chargent-elles pas elles-mêmes de l'intelligence économique , comme le font déjà les multinationales , et pourquoi l'Éta t souhaite-t-il , ou doit-il, intervenir dans ce domaine ? Au-delà de son poids spécifique dans l'économie , par le cont rô le direct de 45% de la richesse nationale , l'État se doit d'as surer la protection de la sécurité publique et la sécurité économique a u même titre que la défense nationale .

Il a inté rêt à ce que l'économie du pays soit bonne , pour tenir son rang sur la scène mondiale .

P ar l'intelligence économique, il veut assu rer la compétitivité de l 'économie française et la sécurité de l'État et des entreprises .

Il s'agit, en défin itive, de faire face à la concurre nce mondiale .

L'État a des moyens , notamment les administrations, qu'il peut mettre au service de toute l'éco nomie, et c 'est lui qui peut prendre des mesures de protection de l'économie , c'est lui qui se charge de la législation , ou plus ou moins directement des normes techniques .

Il permet de gara ntir que la veille économique se fasse dans le respect des règles nationa les et internationales .

Les services de l'État concernés sont les administrations centrales, les préfectures , mais aussi les ambassades.

Au-delà de ses services propres , l'État a surto ut les moyens de fédérer un réseau étendu composé : • des régions ; • des universités et des grondes écoles ; • des chamb res de commerce et d'industrie et des chambres des métiers; • des fédérations et associations professionnelles ; • des organismes publics chargés du financement des entrep rises et du soutien à l'innovation .

Pour que l'inte lligence économiqu e fonctionne, l'État ne peut pas travailler seul : il faut nécessai rement l'adhésion de tous les acteurs économiques, pour que la coopération et l'échange entre public et privé puissent se faire.

La veille ou l'intelligence économique pratiquées par les entreprises privées sont fortement concurrent ielles : il s'agit pour l'entreprise d'obte nir soit des inform ations sur ses concurr e nts, soit des informations que ses concurrents n e possèdent pas, dans le but d'avoir un avantage concurrentiel sur eux.

Il n'est donc a prio ri pas du tout évid ent que des entreprises accep tent de coopérer entre elles et avec l'État.

Toutefois, bie n que concurrentes, les entreprises peuvent avoir intérêt , dans le contexte de la mondialisation e~ précisément du développement de la concurrence , à d evenir partenaires sans pour autant cesser d'être concurrentes.

Les associations professionnelles sont un exemp le de cette coopéra tion : des entreprises d 'un même secteur, et donc par définition concu rrentes, se réunissent pour défendre leurs intérêts communs mieux qu'elles ne pourraient le faire seules.

Les p ôles de compétitivité sont le m eilleur exemple de cette coopération et de cette concertation entre acteurs économiques .

L'État français s'est fixé 5 objectifs dans le cadre de sa politique d'intelligence économique : • la diffusion de la culture de l'intelligence économique; •l'aide aux PME , qui n'ont pas nécessairement les moyens d 'avoir leur propre service d'intelligence QU'EST-CE QU'UN P6LE DE COMPtrn'lvm 7 Un pôle de compétitivité a pour objectif de fédérer des facteurs de compétitivité .

Il s'agit.

sur un territoire donné, d 'associer des entreprises, des centres de recherche et des centres de formation engagés dans une démarche partenariale, c'est-à-dire ayant une stratégie commune de développement Cette association a pour but de dégager des synergies autour de projets innovants conduits en commun en direction d'un ou de plusieurs marchés donnés .

Pour qu'un pôle de compétitivité réussisse, il faut que 4 facteurs soient réunis : • la mise en œuvre d'une stratégie commune de développement cohérente avec la stratégie globale du territoire ; • des partenariats approfondis entre les différents acteurs autour de projets communs ; • la concentration sur des technologies destinées a des marchés à haut potentiel de croissance ; • une taille suffisante pour acquérir une visibilité internationale.

En rapprochant ainsi les différents acteurs d'un domaine sur un mhle territoire , on espére favoriser l'Innovation et l'attractivité du pôle , et ainsi éviter les délocalisations.

Pour les pôles répondant à ces critères.

il existe un label contrôlé • pôle de compétitivité •.

qui est attribué par le comité interministériel d'aménagement et de compétitivité économique ; • la prot ection contre les dépendances stratégiques ; • la sécurité du patrimoine technologique et industrie l ; •l'éclairage de l'ave nir.

L'INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE TERRITORIALE Pourquoi une intelli gence économique spéci fiqu ement régio n a le , telle que le préfet Rémy Poufrtlt l'a conçue en 1996? La stratég ie d' intelligence économique mise en place doit correspondre à la culture et à l'organisa tion politico -administrative d'un territoire .

Il faut tenir compte de facteurs sociologiques.

Or, la décentralisation de la France a donné des pouvoirs administrati fs et économiqu es aux préfets.

Par ailleurs, les chambres de commerce et d 'industrie , de par leur implantation et l eur expérience , garantissent la connaissance de l'économie locale et des besoins des entreprises.

Pour soute nir les entreprises, l 'État s 'appuie donc sur ces dispositifs locaux, qui sont l es plus appropriés et les plus compétents pour diffuser les pratiques d'intelligence économique sur leur territoire .

Le but d 'une telle politique des territoires (CIACT), dirigé par le premier ministre .

Une fois le pôle labellisé, l'État participe a son financement.

Chaque pôle est doté d'une entité juridique propre qui s'occupe de l'élaboration et de l'évaluation des stratégies communes, de la sélection de projets et de la communication du pôle, notamment a l'International .

Le pôle Medicen Paris Région.

situé en he-de-France, est l'un des 6 pôles mondiaux en France.

Il fédère les grands acteurs des sciences du vivant et de la santé de la région parisienne et son domaine d'activité se situe plus particulièrement dans les hautes technologies pour la santé, les nouveaux médicaments et les nouvelles thérapies géniques , moléculai res et cellulaires .

Pour travailler sur des projets dans ce domaine de compétence, il regroupe 12 grands groupes industriels.

dont Sanofi -Aventis ou Pierre Fabre.

43 PME.

10 centres de recherche , affiliés, par exemple, a 11nserrn ou au CNRS, 13 centres de formation, dont l'École Polytechn ique ou encore HEC et 10 autres partenaires tels que des départements ou la DRIRE (Direction Régionale de 11ndustrie .

de la Recherche et de l'Environnement) d11e­ de-France .

Il est dirigé par une association basée à Paris et soutenu par l'État la région, des collectivités territoriales et des organismes de développement économique.

est de permettre à des PME-PMI , qui n 'ont pas forcément les ressources d'acquisition et de mutualisation de l'information , de disposer des outils et des moyens pour conduire leur développement.

En se servant d'un support opérationnel , ces entreprises peuvent avoir accès à un flux d'informations de qualit é e t personnalisé suiva nt leurs besoins .

L'une des missions de I'ADIT s'inscrit dans ce domaine de l'intelligence écon omiqu e territoriale et vise à accompagner les projets de développement et d 'innovation des PME -PMI .

Elle apporte son savo ir-fai re et ses capacités techniques aux acteurs territoriaux , entreprises , collectiv ités, a dministra tion s publiques en les aidant à antic iper les mutations , à maîtrise r les flux d'information et à orga niser des résea u x d' influence et d'action.

L'intelligence économique territoriale consiste en 4 types d'action : •l'élaboration de stratégies concert ées de développement écono m ique et technologique pour le territoire, dans lesquelles les pôles de compét itivité jouent un rôle de première importan ce; •la définition d'un domaine économique stratégique, c'est -à-dire d 'un ensemble d'entreprises œuvran t dans le domaine des technologies sensib les et qu'il convient de protéger ; •la constitution de réseaux d 'experts et de décideurs, inter-entreprises et inter ­ administratio ns.

mais aussi entre l'État , les entreprises, les universités et les différents acteurs du développement écon o m ique et social local ; • la sensi bilisation et la formation à l'intelligence économ ique .. »

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