Devoir de Philosophie

Mercantilisme et physiocratie (SMITH)

Publié le 21/05/2011

Extrait du document

Le livre IV de La richesse des nations traite « des systèmes économiques « - en l'espèce le « système mercantile «, ou mercantilisme, et le « système agricole «, ou physiocratie.  Il s'agit d'une étude à la fois théorique et historique. Smith ne lui consacre pas moins de 340 pages. C'est que son propre « système « est né des deux précédents, auxquels il s'oppose. Il lui importe donc de montrer avec précision en quoi l'un et l'autre sont erronés. Il attache d'ailleurs beaucoup plus d'importance au mercantilisme (8 chapitres, 308 pages) qu'à la physiocratie (1 chapitre, 30 pages), et cela pour deux raisons : la première étant que l'Angleterre baigne dans ce système alors qu'elle ignore pratiquement l'autre; la seconde, qu'il reste lui-même imbu des idées physiocratiques et est toujours mal à l'aise pour les réfuter.

« socialisme allait retourner contre lui au siècle suivant. • Les colonies Des six chapitres consacrés aux entraves à la liberté du commerce nous retiendrons celui qui traite des colonies (ch.7), non seulement parce qu'il est le plus important (120 pages), mais parce qu'il est curieusement actuel.Comme Smith est considéré comme le fondateur du capitalisme libéral et que, de nos jours, on associe les deuxidées de capitalisme et de colonialisme, on pourrait croire qu'il est partisan des colonies.

C'est tout le contraire.

Aunom du libéralisme, Smith est (dans l'ensemble) contre le système colonial, parce que celui-ci, par les relationsprivilégiées qu'il établit entre la métropole et ses colonies, entrave le libre-échange et fait ainsi obstacle au pleinemploi des capitaux (donc au plus grand accroissement de la richesse) pour le seul bénéfice des commerçants etdes industriels qui ont le monopole collectif des relations avec les colonies.

L'attitude de Smith ne lui est, du reste,pas personnelle; la grande majorité des économistes de son temps, français aussi bien qu'anglais, sont hostiles ausystème colonial - lequel englobe les « compagnies » de diverses sortes, dont la plus célèbre est la Compagnie desIndes orientales 1.

« De tous les expédients, écrit Smith, dont on puisse s'aviser pour comprimer les progrès de lacroissance naturelle d'une nouvelle colonie, le plus efficace, sans aucun doute, c'est celui d'une compagnieexclusive » (t.

II, p.

186).Le principal intérêt du chapitre 7 est d'ordre historique.

On y trouve un tableau très vivant de la colonisation auxviiie siècle, non seulement pour ce qui est de l'Angleterre, mais également de la France, de la Hollande, del'Espagne et du Portugal.

On notera quelques-uns de ses jugements : « Quoique la politique de la Grande-Bretagne,à l'égard du commerce de ses colonies, ait été dictée par le même esprit mercantile que celle des autres nations,toutefois elle a été au total moins étroite et moins oppressive que celle d'aucune autre nation » (id., p.

205).

Ilestime qu'après la Grande-Bretagne, c'est la France qui pratique le mieux la colonisation.

Parfois même elle l'emportesur sa grande rivale.

« Le progrès des îles à sucre de la France a été au moins égal, peut-être même supérieur àcelui de la plupart des îles à sucre de l'Angleterre (...) et du côté des bons traitements envers leurs esclaves, c'estune chose, je crois, généralement reconnue que les planteurs français l'emportent sur les anglais » (p.

207). • L'Acte de navigation A toutes les règles qu'il pose Smith admet toujours des exceptions.

Son libéralisme, pourtant érigé à la hauteur d'undogme, tolère donc quelques aménagements.

Il reconnaît qu'un certain protectionnisme est utile :1.

Quand il s'agit de favoriser des industries nécessaires « à la défense du pays »;2.

Quand il s'agit d'établir par un droit de douane une compensation à un régime fiscal intérieur plus lourd que celuide l'étranger (t.

II, p.

47).Le premier cas est illustré par l'Acte de navigation (1651) qui, pour le transport des marchandises, « cherche àdonner aux vaisseaux et aux matelots de la Grande-Bretagne le monopole de la navigation de leur pays, par desprohibitions absolues en certains cas, et par de fortes charges dans d'autres, sur la navigation étrangère » (id., p.47).

Cet acte, aux yeux de Smith, « est peut-être le plus sage de tous les règlements de commerce de l'Angleterre» (P.

49).Si Smith n'était le plus honnête homme du monde, on le dirait volontiers cynique, car ce monopole de la navigationest bien le plus formidable moyen de protection que puisse imaginer un pays essentiellement voué au commercemaritime !Aussi bien, les louanges qu'il prodigue à l'Acte de navigation ne l'empêchent pas de penser que finalement il a peut-être été dommageable à l'Angleterre parce qu'en orientant le capital vers le système colonial il l'a détourné ducommerce avec l'Europe.

« Comme le capital de la Grande-Bretagne, quoique extrêmement considérable, n'estpourtant pas infini, et comme ce capital, quoique grandement augmenté depuis l'Acte de navigation, n'a cependantpas augmenté dans la même proportion que notre commerce des colonies, il n'aurait jamais été possible de soutenirce commerce sans enlever aux autres branches quelque portion de ce capital, ni par conséquent sans y occasionnerquelque dépérissement » (id., p.

222).

Nous retrouvons là l'idée permanente de Smith : toute intervention a toujourspour effet de détourner le capital de son emploi le plus productif; elle empêche la baisse des prix et freine finalementle développement de la richesse. LA PHYSIOCRATIE Le chapitre 9 du livre IV est consacré aux « systèmes agricoles » c'est-à-dire à « ces systèmes d'économie politiquequi représentent le produit de la terre soit comme la seule, soit comme la principale source du revenu et de larichesse nationale ».

Smith vise ici la physiocratie, c'est-à-dire la « secte », comme on disait alors, du docteurQuesnay - qu'il avait rencontré à Paris et qui l'avait tant impressionné.Smith est toujours gêné en face de Quesnay, parce qu'il n'arrive pas à réfuter ses théories, dont la fausseté luiparaît pourtant évidente.

Il se contente d'exposer le « système agricole », louant son « ingénieux et profond auteur» (p.

320), et reconnaissant qu'« avec toutes ses imperfections, néanmoins ce système est peut-être, de tout cequ'on a encore publié sur l'économie politique, ce qui se rapproche le plus de la vérité » (p.

328).

C'est qu'il estd'accord avec le libéralisme des physiocrates, encore plus vigoureux que le sien.

Mais leur agrarisme exclusif le. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles