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« Peut-on lutter efficacement contre le chômage ? »

Publié le 03/09/2012

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La « loi quinquennale pour l’emploi « adoptée en France en 1993 allait dans le sens d’un allègement des charges salariales pour réduire le coût qu’ils représentent pour les entrepreneurs. Elle a été amplifiée par la suite, notamment par une loi de 2005 qui fait bénéficier à toutes les entreprises d’une réduction dégressive des cotisations sociales patronales. Ces mesures ont fait l’objet d’analyses diverses mais qui ont toutes reconnues un impact positif sur la création ou le maintien d’emplois peu qualifiés. Cependant, cette mesure a été critiquée en tant qu’elle générait une « trappe à bas salaires «, puisque quand le SMIC augmente, l’employeur est moins incité à répercuter cette hausse sur les salaires qui sont rattrapés par cette hausse puisqu’il voit ses exonérations augmenter et donc le coût du travail baisser (rapport de M. Horty en 2000). Chaque augmentation du SMIC entraine une augmentation des exonérations donc des dépenses pour l’Etat, ce qui, en temps de crise, peut inciter l’Etat à ne pas revaloriser le salaire minimum et donc entrainer de plus en plus de salariés dans la précarité. Au niveau macroéconomique, l’abaissement du coût du travail peut avoir de réelles répercussions. En effet, pour une entreprise qui embauche beaucoup de personnes peu qualifiées, baisser le coût du travail lui permettrait d’embaucher plus à moindre coût et donc augmenter la production. Ainsi, ils pourraient baisser les prix de leurs biens ce qui serait bénéfique pour les consommateurs. Mais cette mesure suppose que les entrepreneurs répercutent effectivement leurs gains sur les prix, ce qui ne se vérifie pas toujours dans la réalité.

« 2) Des mesures coûteuses et parfois contre productivesDe 1990 à 2000, la France a vu ses dépenses pour l'emploi augmenter de 53,1%.

En comparaison par rapport à la croissance française, les dépenses sont passées de0,9% du PIB en 1990 à 3,7% en 2000.

La France se situe dans une moyenne européenne, justifié par les différentes politiques mises en œuvre.

Mais augmenter lesdépenses des politiques d'emploi n'aurait pas été contesté si les politiques avaient été vraiment efficaces.Ainsi, les stages de formation dispensés dans des centres spécialisés ont moins d'impact sur le retour à l'emploi du public visé que les stages en entreprise.

En effet,une entreprise aura un intérêt plus grand pour une personne qu'elle a elle-même formée et qui dispose dès lors d'une formation « sur le terrain » que d'une formationen dehors de toute réalité pratique.

En outre, le passage par une politique d'aide à l'emploi, tels que les emplois jeunes, a un effet de stigmatisation sur lesbénéficiaires.

En effet, les entreprises seront suspicieuses vis-à-vis des personnes qui ont eu recours à ce type de contrat, elles auront l'impression que la personnen'arrive pas à s'en sortir par elle-même et n'aura donc pas confiance en ses capacités.Les dispositifs d'aide à l'embauche ou de formation conduisent les entreprises à embaucher des personnes qu'elles ne recruteraient pas dans les conditions habituellesde recherche d'emploi.

L'un des facteurs déterminants est l'abaissement du coût du travail des personnes ainsi recrutées.

Mais ces mesures ne sont pas dénuées d'effetpervers ; lorsque les entreprises savent qu'elles vont pouvoir bénéficier de subvention pour la création d'emploi, elles procèdent par anticipation à des embauchesqu'elles auraient de toute façon réalisées.

En outre, cela pourrait défavoriser les entreprises qui ne bénéficient pas de ces mesures, puisque cela crée un avantagecompétitif pour celles qui peuvent recruter à moindre coût ; la concurrence pourrait s'en retrouver fausser.Enfin, des mesures telles que la formation et les emplois aidés peuvent avoir un effet d'appel des populations découragées et qui avaient donc renoncé à s'inscrire surles listes du Pôle emploi.

Dès lors, les statistiques du chômage peuvent s'en trouver gonflées.Si les politiques publiques n'ont pas encore su éradiquer le chômage de masse que la France, et la plupart de ses voisins, connait, d'autres mesures, plus libérales sontétudiées actuellement. II_ Les politiques globales agissant sur l'offre et la demande de travail La réflexion sur le lien entre chômage et coût du travail s'inscrit dans la filière néoclassique de pensée : le coût du travail doit résulter de la confrontation de son offreet de sa demande. A) La flexibilité du marché du travail Des actions peuvent être menées au sein des entreprises, mais également entre elles. 1) La flexibilité externe Depuis le début des années 1980, certains économistes expliquent que le chômage est dû notamment à la rigidité excessive du marché du travail, les patrons ont peurd'embaucher parce qu'il sera trop difficile de licencier.

De nombreuses réformes ont été menées pour se rapprocher du hire and fire des anglo-saxons.

Ainsi,l'allègement de la réglementation du travail, sans remettre en cause certains fondamentaux (droit aux congés…), permettraient d'inciter les entreprises à embaucher.Par exemple, l'annualisation du nombre d'heures de travail permet aux entreprises qui ont une activité saisonnière de faire travailler leurs salariés plus intensémentdans les périodes où la demande est forte, et de diminuer leur nombre d'heures les moments plus calmes.

Cette mesure a été mise en place au début de la crise en2008, ce qui a permis à certaines entreprises de conserver leurs salariés en les faisant travailler lorsqu'elles en avaient vraiment besoin.

En outre, une plus grandeflexibilité de la réglementation du travail permettrait de ne plus renforcer le clivage entre les travailleurs protégés et les demandeurs d'emplois, ceci renforçant lesinégalités.

Cependant, si cette mesure pourrait avoir des effets bénéfiques, la crise en a montré les limites.

En effet, aux Etats-Unis, la récession a été moins fortequ'en Europe l'an dernier, mais l'emploi, qui ne bénéficie que d'une protection limitée, a fortement reculé.

Dès lors, malgré un plan de relance colossal de huit centmilliards de dollars, le niveau élevé de chômage aux Etats-Unis empêche que la reprise s'autoalimente. Le recours à l'intérim et aux contrats à durée déterminée sont d'autres formes de flexibilisation du marché du travail.

La France a largement emprunté cette voie pourlimiter l'impact de la crise sur l'emploi, ce qui entraine aujourd'hui des difficultés à réinsérer les personnes qui ont bénéficié de ces formes d'emploi. 2) La flexibilité interne En Allemagne, où la récession a été deux fois plus forte qu'aux Etats-Unis, l'emploi n'a quasiment pas bougé, du fait des mécanismes qui compliquent leslicenciements et d'un recours massif aux dispositifs de chômage partiel.

Aujourd'hui, les entreprises allemandes peuvent profiter de la reprise du commerce mondialsans avoir à embaucher et à former de nouveaux salariés. La possibilité de moduler le nombre d'heures travaillées par les salariés sans moduler leur nombre, celle de faire évoluer le personnel d'une fonction à une autre sontautant de dispositifs pour garantir un emploi aux salariés tout en permettant aux entreprises de disposer de cette main d'œuvre pour l'adapter aux réalitéséconomiques.

La France a commencé à suivre cette voie au début de la crise, mais n'est pas allée aussi loin que son voisin allemand, ce qui explique aujourd'hui lesdisparités de relance de la croissance relevées dans les deux pays.

Cette solution pourrait donc être approfondie, malgré certaines réticences des salariés, il suffiraitque les autorités politiques expriment clairement les intérêts de telles mesures pour permettre une application consensuelle de ces dispositifs. B) Les politiques globales agissant sur la demande et l'offre de travail Un partage du travail quant au temps ou de la valeur du travail. 1) L'abaissement du coût du travail La « loi quinquennale pour l'emploi » adoptée en France en 1993 allait dans le sens d'un allègement des charges salariales pour réduire le coût qu'ils représentent pourles entrepreneurs.

Elle a été amplifiée par la suite, notamment par une loi de 2005 qui fait bénéficier à toutes les entreprises d'une réduction dégressive des cotisationssociales patronales.

Ces mesures ont fait l'objet d'analyses diverses mais qui ont toutes reconnues un impact positif sur la création ou le maintien d'emplois peuqualifiés.

Cependant, cette mesure a été critiquée en tant qu'elle générait une « trappe à bas salaires », puisque quand le SMIC augmente, l'employeur est moins incitéà répercuter cette hausse sur les salaires qui sont rattrapés par cette hausse puisqu'il voit ses exonérations augmenter et donc le coût du travail baisser (rapport de M.Horty en 2000).

Chaque augmentation du SMIC entraine une augmentation des exonérations donc des dépenses pour l'Etat, ce qui, en temps de crise, peut inciterl'Etat à ne pas revaloriser le salaire minimum et donc entrainer de plus en plus de salariés dans la précarité. Au niveau macroéconomique, l'abaissement du coût du travail peut avoir de réelles répercussions.

En effet, pour une entreprise qui embauche beaucoup de personnespeu qualifiées, baisser le coût du travail lui permettrait d'embaucher plus à moindre coût et donc augmenter la production.

Ainsi, ils pourraient baisser les prix deleurs biens ce qui serait bénéfique pour les consommateurs.

Mais cette mesure suppose que les entrepreneurs répercutent effectivement leurs gains sur les prix, ce quine se vérifie pas toujours dans la réalité. Le magazine économique Alternatives économiques va plus loin en critiquant toute mesure qui viserait à baisser le coût du travail.

En effet, pour ses analystes, ce quiest un coût pour les entrepreneurs, est un salaire pour le consommateur.

Abaisser le coût du travail aboutit généralement à limiter la demande intérieure et doncl'activité, et favorise les inégalités en augmentant la masse des « working poors ».

L'exemple allemand en est l'illustration.

Ils ont eu recours à cette méthode cesdernières années, et ont alors vu le taux d'emploi des 15-65 ans augmenté de 5% de 2004 à 2009.

En revanche, dans le même temps, le taux de pauvreté dans l'emploiest passé de 4,8 à7,1% ; les inégalités de revenu connaissant la même croissance.

Il est donc possible de lutter contre le chômage par l'abaissement du coût du travail,mais cela se fera au détriment d'une société égalitaire.

D'autres solutions sont envisageables dans cette perspective.

Comme les pays scandinaves, il est possible. »

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