Devoir de Philosophie

A tout seigneur tout honneur, écoutons d'abord celui dont tant de lycées, tant d'artères portent encore le nom, celui dont on fera le « libérateur du territoire »: l'ineffable Monsieur Thiers.

Publié le 31/10/2013

Extrait du document

thiers
A tout seigneur tout honneur, écoutons d'abord celui dont tant de lycées, tant d'artères portent encore le nom, celui dont on fera le « libérateur du territoire «: l'ineffable Monsieur Thiers. Celui-ci, tout en affectant de soutenir le projet revu et corrigé, prétend que l'armée prussienne est beaucoup moins nombreuse qu'on le dit: « On vous présente des chiffres de douze cent, de treize cent mille hommes comme étant ceux que les différentes puissances de l'Europe pouvaient mettre sur pied. Quand on vous les a cités, ils vous ont fait une impression fort vive. Eh bien ! ces chiffres-là sont parfaitement chimériques. Je le dis parce qu'il faut rassurer notre pays. Il ne faut pas que les paroles qui sont prononcées ici le persuadent qu'il court des périls effroyables. « Donc, « qu'on se rassure, notre Armée suffira pour arrêter l'ennemi «. coutons Jules Simon: « Pour moi, je ne crois pas la guerre prochaine car la Prusse n'a pas d'intérêt à faire la guerre à la France. D'ailleurs, précise-t-il, je ne suis pas partisan des armées permanentes [...]. Nous vous demandons sans mbages de supprimer l'armée permanente et d'armer la Nation... « coutons cet autre futur héros de la République renaissante, Jules Favre: « Je repousse la loi pour qu'il soit dit n Europe que la Chambre ne se contente pas de voeux stériles pour la paix, mais que quand on lui met dans la main un bulletin de vote, elle sait en user et que ce n'est pas seulement un voeu mais un acte qu'elle entend accomplir. « Et encore : « On vous dit qu'il faut que la France soit armée comme ses voisins, que la sécurité est attachée à ce qu'elle soit embastionnée, cuirassée, qu'elle ait dans ses magasins des monceaux de poudre et de mitraille... Ma conscience proteste contre de semblables propositions... Je suis convaincu que la Nation la plus puissante est elle qui serait le plus près du désarmement. « coutons Joseph Magnin : « Je repousse la loi parce qu'elle est une surcharge imposée à la population. « t encore: « Les armées permanentes sont en théorie jugées et condamnées. Je crois que dans un avenir rochain, elles disparaîtront. « coutons Ernest Picard: « Par quelle aberration le Gouvernement peut-il songer à chercher les forces de la rance dans l'exagération du nombre d'hommes? [...] Je vous conjure, dans l'intérêt de la France de repousser e projet de loi. « coutons Garnier-Pagès: « Le militarisme est la plaie de l'époque! Qu'est-ce que la force matérielle? ... Le udget de la guerre nous mène à la banqueroute. C'est la plaie, c'est le chancre qui nous dévore! « coutons Eugène Pelletan: « Pas d'armée prétorienne! « Ou encore: « Une invasion est-elle possible? On 'indignerait si je formulais une prévision semblable, et on aurait raison. « coutons Emile Ollivier: « Les armées de la France, que j'ai toujours trouvées trop nombreuses, vont être ortées à un chiffre exorbitant. Mais pourquoi donc? Où est la nécessité? Où est le péril? Qui nous menace?.. ue la France désarme et les Allemands sauront bien convaincre leurs Gouvernements à l'imiter. « coutons encore Jules Favre qui admoneste Niel: « Vous voulez donc, s'écrie-t-il, faire de la France une aserne ! « Et la réponse du ministre prend une pathétique résonance, quand on connaît la suite: « Prenez arde d'en faire un cimetière! « ouher lui-même n'est pas en l'occurrence d'un grand secours. Il ne manifeste aucune faveur pour une réforme ont il perçoit surtout les inconvénients politiques immédiats, et cache à peine ses réticences devant le Corps égislatif, lors de la session d'automne 1867. e ministre d'État est d'autant plus écouté qu'il vient de parler sobrement et de façon apparemment sincère de 'affaire mexicaine, évoquant « la faillibilité humaine qui rend périssables les plus étudiées des combinaisons onçues par l'homme «. Alors on le croit quand il assure que l'expédition au Mexique n'a pas affaibli l'armée, ue la France reste l'arbitre de l'Europe, que l'Allemagne n'est que la juxtaposition de la Prusse, de l'Autriche et d'États secondaires, et donc qu'il n'y a rien craindre. omment, dès lors, chacun ne penserait-il pas que l'empereur doit se tromper, que son état de santé lui bscurcit le jugement et le rend exagérément pessimiste? ouis Napoléon sait, sent cela. Il souhaite en finir, quitte à devoir recourir à des moyens extrêmes. Décidé à riser la résistance qu'on lui oppose, il veut qu'on se batte sur la totalité du projet. Mais déjà Niel faiblit: Rouher 'a convaincu qu'il faudrait aller à la dissolution, après laquelle on risque de se retrouver avec un Corps législatif ncore plus hostile et malintentionné: Une dissolution, explique-t-il, serait funeste [au] système de Gouvernement, le pays touché dans un de ses intérêts vitaux prendrait feu; l'opposition compacte, disciplinée derrière un mot de ralliement si simple, enlèverait e corps électoral. « 'argument est imparable. Alors, Louis Napoléon cède. Il pense à la dissolution, mais il doit bien se rendre à 'évidence: il n'a pas, il n'a plus les moyens politiques d'atteindre son objectif. Sa tristesse et sa déception épassent toute limite. La conscience du drame qui approche l'accable et le déchire. 'est à l'occasion de son discours du Trône de novembre 1867, que l'empereur met les pouces: il y annonce 'abandon du projet initial. « Mon Gouvernement, déclare-t-il aux députés, vous proposera des dispositions ouvelles qui ne sont que de simples modifications à la Loi de 1832 mais qui atteignent le but que j'ai toujours uivi: réduire le Service pendant la paix et l'augmenter pendant la guerre. « Cette loi qui sera votée le 14 janvier 1868 est effectivement une simple mise à jour du texte de 1832, dont elle onserve le système des « bons numéros «: le contingent restera à la discrétion du Corps législatif. Seule nnovation qui subsiste, au moins sur le papier, la garde mobile; mais celle-ci est complètement dénaturée: ses appels ne pourront excéder une journée; ce sera une armée fantôme, sans instruction, sans encadrement, sans équipement. Pour comble de malheur, Niel va bientôt mourir sans avoir pu entreprendre la mise en oeuvre de la loi. Leboeuf qui lui succède négligera de l'appliquer. Il est vrai que les moyens budgétaires adéquats ne lui seront jamais consentis. Ce qu'il y a de plus grave, c'est qu'au terme d'une longue année de débats, le pays est encore plus convaincu qu'auparavant de l'invincibilité de son armée. *** « Le véritable auteur de la guerre, a dit Montesquieu, n'est pas celui qui la déclare, mais celui qui la rend nécessaire. « La guerre de 1870 n'était pas inévitable. Louis Napoléon -- même s'il était seul à voir clair -- était trop onscient de l'infériorité relative de nos armes pour avoir pu la souhaiter un seul instant. n juillet de l'année fatale, la princesse de Metternich, qui relève de couches, a reçu la visite du couple impérial. Elle en a retiré la conviction que « l'Empereur et l'Impératrice sont effondrés à l'idée d'une guerre «. De fait, il n'y a pas lieu d'accorder une once de crédit à l'analyse de ceux qui prétendent que Louis Napoléon cherchait dans une victoire militaire le moyen de raffermir un Empire ébranlé. Paris ne cessait de manifester sa mauvaise humeur à l'égard du régime. Mais l'opposition dans la capitale pouvait-elle faire oublier les résultats du plébiscite, et la conclusion qu'en tirait Gambetta: « L'Empereur est plus fort que jamais «? En revanche, c'est un fait établi que Bismarck voulait cette guerre, l'estimant nécessaire pour accélérer et rendre irréversible l'union de l'Allemagne. Il est possible qu'il fût le seul à la vouloir. Il était l'un des seuls à pouvoir la déclencher. Cela a suffi. Jocelyn-Émile Ollivier nous le rapporte: « Quand, après la mort de Guillaume Ier et de Frédéric III, l'étoile de Bismarck commença à pâlir, il s'efforça de démontrer au peuple allemand que c'était à lui seul et non à son Souverain que devait être attribuée la gloire d'avoir déchaîné le conflit qui s'était terminé par la proclamation de l'unité allemande. « Bismarck dans ses Mémoires, a lui-même explicitement reconnu qu'il portait la pleine responsabilité du conflit: « J'ai toujours considéré qu'une guerre contre la France suivrait fatalement une guerre contre l'Autriche... J'étais convaincu que l'abîme creusé au cours de l'histoire entre le Nord et le Sud de la patrie ne pouvait pas être plus heureusement comblé que par une guerre nationale contre le peuple voisin qui était notre séculaire agresseur... Je ne doutais pas qu'il fallût faire une guerre franco-allemande avant que l'organisation générale de l'Allemagne eût pu être réalisée. « Après Sadowa, la querelle sur les compensations a gravement détérioré les relations franco-prussiennes. Bismarck le sait. Il l'a voulu et s'en est réjoui. Ses efforts pour préparer patiemment, méticuleusement, la guerre 'ont pas été vains. Mais on n'avait rien vu encore. A partir de 1868, dès le moment où le chancelier estime son pays prêt pour la grande explication finale, il ne rate désormais aucune occasion de friction: de l'affaire du Luxembourg à celle des chemins de fer belges, tout lui est bon pour défier la France, son opinion publique et provoquer son gouvernement. Un nouveau prétexte va lui être offert avec le problème que crée la vacance du trône d'Espagne. A tort ou à raison, la France considérait l'Espagne comme une sorte de chasse gardée: ses intérêts économiques y étaient dominants depuis le financement par des capitaux français de la construction du réseau de chemins de fer espagnol et Louis Napoléon s'intéressait de très près à la situation de la péninsule: il lui arrivait de rêver -- bizarrement -- à une union ibérique rassemblant Espagnols et Portugais. C'est dire que la France ne pouvait raisonnablement se désintéresser des conditions de dévolution de la couronne d'Espagne. Déjà, pour des raisons évidentes, elle avait fait écarter la candidature d'un membre de la famille d'Orléans et tenté, sans succès, d'imposer un prince portugais. Lorsque, sur les représentations de l'ambassadeur de France, Bismarck acquiert la certitude que Paris considérera comme absolument inacceptable la candidature d'un prince allemand, il comprend qu'il détient là un « casus belli « idéal et pousse de tout son poids en ce sens. Pour Paris, en effet, une telle solution est à tous égards intolérable: la France ne pourrait exercer aucune influence sur le nouveau roi, et se sentirait comme encerclée par les Allemands. enri Bergson dans le discours de réception que nous avons déjà cité, note lucidement: « Il est hors de doute ue la candidature de Leopold de Hohenzollern fut suscitée par Bismarck en vue d'amener un conflit entre l'Allemagne et la France. « De fait, quand la nouvelle de cette candidature parvient en France, le 3 juillet 1870, elle produit l'effet d'une ombe. Paris, on est d'autant plus choqué par ce qu'on considère comme une véritable félonie que depuis son arrivée au pouvoir, le 2 janvier, Émile Ollivier peut croire avoir fait de son mieux, face à une opinion publique réticente, pour améliorer les relations franco-prussiennes et diminuer les tensions. On est 'autant plus surpris que, le 30 juin encore, comme nous le rapporte Jocelyn-Émile Ollivier, « Thiers, qui aimait tant à jouer au prophète, affirmait que l'Allemagne ne cherchait pas à troubler le monde et qu'elle avait à sa tête un homme supérieur partisan de la paix «. Dès le lendemain de l'annonce de la candidature, Ollivier dépêche notre ambassadeur à Ems, où se trouve le roi de Prusse, pour lui faire connaître la réaction de la France. Le gouvernement prussien prétend alors tout ignorer de l'affaire; la reine d'Angleterre paraît contrariée, sans plus. Quant au Conseil des ministres espagnol, il fixe au 20 juillet -- comme si de rien n'était -- la date de l'élection de Leopold de Hohenzollern par les Cortès. ans le contexte d'alors, où l'excitation et l'exaspération générales n'épargnent ni les parlementaires ni la resse, Louis Napoléon s'efforce de garder la tête froide et cherche les voies de la conciliation. Non qu'il soit oins indigné que les autres; mais il sait les risques que court le pays et il a parfaitement lu dans le jeu de Bismarck. Recevant l'ambassadeur d'Espagne, il s'en ouvre à lui très clairement: « Comment pouvez-vous imaginer que Monsieur le Comte de Bismarck qui a organisé tout cela de longue main pour nous provoquer, laisserait passer l'occasion? « ramont, le ministre des Affaires étrangères, n'a probablement pas l'accord de l'empereur lorsqu'il fait devant le Corps législatif cette déclaration martiale: « [...] Nous comptons à la fois sur la sagesse du peuple allemand et l'amitié du peuple espagnol. S'il en était autrement, forts de votre appui et de celui de la Nation, nous saurions remplir notre devoir sans hésitation et sans faiblesse. « En tout cas, ce qui est dit a bien passé. Même Gambetta a applaudi. La France paraît résolue, et l'on va en tenir compte. Guillaume Ier n'a pas les mêmes raisons que Bismarck de vouloir à tout prix un conflit avec la France. Il demande donc discrètement au père de Leopold, son cousin, de retirer la candidature de son fils au trône d'Espagne. Ce que fait ledit cousin. Guizot de s'exclamer alors: c'est « la plus belle victoire diplomatique que j'aie vue de ma vie «. De fait tout l'échafaudage du chancelier s'écroule. Bismarck a d'ailleurs prétendu qu'il aurait eu alors la tentation de démissionner. Pour le malheur général, il ne le fit pas. Mais tout paraissait devenir plus serein. Pourtant l'opinion française et une partie de la Chambre ne considèrent pas comme suffisante l'annonce du retrait. Ce n'est pas Leopold mais son père qui s'est exprimé. Le gouvernement prussien, qu'on soupçonne d'être l'instigateur de toute l'affaire, n'a pris aucun engagement officiel. Il faut l'obliger à se prononcer. Le 12 juillet, en l'absence d'Ollivier, et sans que Louis Napoléon s'y soit opposé, un Conseil restreint, tenu à Saint-Cloud, décide d'adresser au roi de Prusse un télégramme lui demandant des garanties pour l'avenir. Gramont avait expliqué tout uniment qu'une telle demande ne manquerait pas de « fortifier « le gouvernement devant l'opinion et devant les Chambres. Cette initiative a souvent été considérée comme une grave faute. Il ne faut pas oublier d'abord, comme l'a noté l'ambassadeur britannique, lord Lyons, que « dans cette affaire, le Gouvernement Français n'était pas à la tête de l'opinion, mais la suivait «. Ensuite et surtout, que la guerre ne résulta pas de la réponse même de Guillaume Ier mais de la présentation tronquée qu'en fit Bismarck. Il est clair que si cette occasion n'avait pas déclenché le conflit, le chancelier en aurait créé une autre, puis une utre encore, aussi longtemps qu'il ne serait pas parvenu à ses fins. De son côté, Emile Ollivier, qui n'assistait pas au Conseil restreint de Saint-Cloud, est consterné. Lui aussi pense à démissionner; son désarroi est sincère, mais il pèse le pour et le contre et ne veut pas desservir la
thiers

« intérêts vitauxprendrait feu;l'opposition compacte,disciplinée derrièreunmot deralliement sisimple, enlèverait le corps électoral.

» L'argument estimparable.

Alors,LouisNapoléon cède.Ilpense àla dissolution, maisildoit bien serendre à l'évidence: iln'a pas, iln'a plus lesmoyens politiques d'atteindre sonobjectif.

Satristesse etsa déception dépassent toutelimite.

Laconscience dudrame quiapproche l'accableetledéchire. C'est àl'occasion deson discours duTrône denovembre 1867,quel'empereur metlespouces: ily annonce l'abandon duprojet initial.

«Mon Gouvernement, déclare-t-ilauxdéputés, vousproposera desdispositions nouvelles quinesont quedesimples modifications àla Loi de1832 maisquiatteignent lebut que j'aitoujours suivi: réduire leService pendant lapaix etl'augmenter pendantlaguerre.

» Cette loiqui sera votée le14 janvier 1868esteffectivement unesimple miseàjour dutexte de1832, dontelle conserve lesystème des«bons numéros »:lecontingent resteraàla discrétion duCorps législatif.

Seule innovation quisubsiste, aumoins surlepapier, lagarde mobile; maiscelle-ci estcomplètement dénaturée:ses appels nepourront excéderunejournée; cesera unearmée fantôme, sansinstruction, sansencadrement, sans équipement. Pour comble demalheur, Nielvabientôt mourirsansavoir puentreprendre lamise enoeuvre delaloi.

Leboeuf qui luisuccède négligera del'appliquer.

Ilest vrai que lesmoyens budgétaires adéquatsneluiseront jamais consentis. Ce qu'il ya de plus grave, c'estqu'au terme d'unelongue année dedébats, lepays estencore plusconvaincu qu'auparavant del'invincibilité deson armée. *** « Le véritable auteurdelaguerre, adit Montesquieu, n'estpascelui quiladéclare, maisceluiquilarend nécessaire.

» La guerre de1870 n'était pasinévitable.

LouisNapoléon —même s'ilétait seulàvoir clair —était trop conscient del'infériorité relativedenos armes pouravoir pulasouhaiter unseul instant. En juillet del'année fatale,laprincesse deMetternich, quirelève decouches, areçu lavisite ducouple impérial. Elle enaretiré laconviction que«l'Empereur etl'Impératrice sonteffondrés àl'idée d'une guerre ».De fait, iln'y a pas lieud'accorder uneonce decrédit àl'analyse deceux quiprétendent queLouis Napoléon cherchaitdans une victoire militaire lemoyen deraffermir unEmpire ébranlé.

Parisnecessait demanifester samauvaise humeur àl'égard durégime.

Maisl'opposition danslacapitale pouvait-elle faireoublier lesrésultats du plébiscite, etlaconclusion qu'entiraitGambetta: «L'Empereur estplus fortque jamais »? En revanche, c'estunfait établi queBismarck voulaitcetteguerre, l'estimant nécessaire pouraccélérer et rendre irréversible l'uniondel'Allemagne.

Ilest possible qu'ilfûtleseul àla vouloir.

Ilétait l'undes seuls à pouvoir ladéclencher.

Celaasuffi. Jocelyn-Émile Olliviernouslerapporte: «Quand, aprèslamort deGuillaume Ier etde Frédéric III,l'étoile de Bismarck commença àpâlir, ils'efforça dedémontrer aupeuple allemand quec'était àlui seul etnon àson Souverain quedevait êtreattribuée lagloire d'avoir déchaîné leconflit quis'était terminé parlaproclamation de l'unité allemande.

» Bismarck danssesMémoires, alui-même explicitement reconnuqu'ilportait lapleine responsabilité duconflit: « J'ai toujours considéré qu'uneguerrecontrelaFrance suivrait fatalement uneguerre contrel'Autriche...

J'étais convaincu quel'abîme creuséaucours del'histoire entreleNord etleSud delapatrie nepouvait pasêtre plus heureusement combléqueparune guerre nationale contrelepeuple voisinquiétait notre séculaire agresseur... Je ne doutais pasqu'il fallût faireuneguerre franco-allemande avantquel'organisation généraledel'Allemagne eût puêtre réalisée.

» Après Sadowa, laquerelle surlescompensations agravement détériorélesrelations franco-prussiennes. Bismarck lesait.

Ill'a voulu ets'en estréjoui.

Sesefforts pourpréparer patiemment, méticuleusement, laguerre n'ont pasétévains.

Maisonn'avait rienvuencore.

Apartir de1868, dèslemoment oùlechancelier estimeson pays prêtpour lagrande explication finale,ilne rate désormais aucuneoccasion defriction: del'affaire du Luxembourg àcelle deschemins defer belges, toutluiest bon pour défier laFrance, sonopinion publique et provoquer songouvernement. Un nouveau prétextevaluiêtre offert avecleproblème quecrée lavacance dutrône d'Espagne. A tort ouàraison, laFrance considérait l'Espagnecommeunesorte dechasse gardée: sesintérêts économiques yétaient dominants depuislefinancement pardes capitaux françaisdelaconstruction duréseau de chemins defer espagnol etLouis Napoléon s'intéressait detrès près àla situation delapéninsule: illui arrivait derêver —bizarrement —àune union ibérique rassemblant EspagnolsetPortugais. C'est direque laFrance nepouvait raisonnablement sedésintéresser desconditions dedévolution dela. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles