Anabase

Anabase (Kyrou anabasis, « La montée de Cyrus »). Récit en prose de Xé-nophon, dont les sept livres décrivent l’expédition de Cyrus le Jeune, fils du roi de Perse Darius II, contre son frère aîné Artaxerxès II, devenu roi. Xénophon en publia la première partie sous le pseudonyme de Thémistogène de Syracuse, mais dans la seconde partie il abandonna tout faux-semblant et magnifia son propre rôle dans l’expédition.

Cyrus, qui était satrape de Lydie, fut déçu de ne pas avoir été choisi, en tant que fils favori, pour succéder à son père. Sa rancœur contre son frère s’accrut, selon Xénophon, lorsqu’il fut arrêté par Artaxerxès, peu après son accession au trône, sous un faux prétexte de conspiration. En 401 av. J.-C., Cyrus entreprit d’attaquer Artaxerxès, et il recruta une armée auxiliaire de 10 000 Grecs. Xénophon décrit la longue marche de l’expédition de Cyrus, les «Dix Mille», qu’il accompagna à l’invitation de son ami Pro-xène, un des généraux grecs, depuis Sardes jusqu’en Babylonie. La marche fut interrompue par l’hésitation de certains soldats lorsqu’ils découvrirent le véritable but de l’expédition, qu’on leur avait caché. La majorité fut persuadée de continuer, et les Grecs combattirent à Cunaxa, près de Baby lone ; Cyrus lui-même fut tué et ses troupes asiatiques prirent la fuite.

Cette défaite découragea les Grecs, mais ils résistèrent aux tentatives d’Artaxerxès, qui les invitait à se rendre. Leur découragement s’accrut lorsque le satrape Tissapheme, qui conduisait les négociations du côté perse, attira les généraux grecs dans ses quartiers, les fit arrêter et décapiter. A ce moment, Xénophon incita les autres commandants à réorganiser l’armée et à effectuer une retraite. Chi-risophe commandait l’avant-garde, tandis que Xénophon prit le commandement de l’arrière, position plus dangereuse. Grâce aux conseils, au courage et à l’ingéniosité de Xénophon, l’armée grecque fut en mesure, après de grandes souffrances et de violents combats dans les montagnes d’Arménie, d’atteindre la mer Noire. L'Anabase contient un épisode fameux (IV, 7, [20-26]), où les Grecs, escaladant le mont Théchès, virent enfin la mer et s’écrièrent : « Thalatta, thalatta !» Ils furent ensuite en sécurité relative à Trapézonte, une colonie grecque sur la mer Noire ; mais les difficultés n’étaient pas terminées. La dissension s’installa dans l’armée avant son arrivée à Byzance. Après avoir passé l’hiver au service du perfide Seuthès, un Thrace, Xénophon confia le reste de l’armée des Dix Mille au Spartiate Thimbron, pour la guerre contre la Perse. Dans son récit, on remarque la piété de Xénophon: il ne prend pas de décision importante sans sacrifier aux dieux et sans obéir aux oracles.