Anaximandre

Anaximandre (v. 610-545 av. J.-C.). Philosophe ionien de Milet, le premier Grec connu à avoir écrit un livre en prose, un traité sur la nature aujourd’hui perdu, à l’exception d’une citation. On disait qu’il avait introduit en Grèce le gnomon (une tige verticale dont l’ombre indiquait la direction du Soleil ; voir horloges), et construit la première carte de la Terre et le premier globe céleste (cette dernière invention est très improbable).

Anaximandre est le premier philosophe connu qui ait essayé d’expliquer rationnellement les origines du monde et de l’humanité. Pour lui, l’origine de toutes les choses est l’illimité (to apei-ron), qui est «le divin» (to theion), immortel et impérissable. Cet Illimité «entoure» et «gouverne» le cosmos, ou même plusieurs cosmoi (on ne sait pas s’ils sont successifs ou coexistants). Les plus importantes des forces à l’œuvre dans le cosmos, et les agents du changement physique, sont des couples de contraires, principalement le chaud et le froid, l’humide et le sec. Anaximandre croyait que la Terre avait la forme d’un tambour de colonne, et que les hommes vivaient sur sa section supérieure. Parmi ses nombreuses idées intéressantes sur le cosmos, il en est deux qui méritent d’être signalées. D’abord, il fut le seul présocratique à expliquer pourquoi la Terre demeure au même endroit sans postuler un support physique : en effet, disait-il, il n’y a aucune raison pour que ce qui est situé symétriquement au milieu, équidistant des deux extrémités, se déplace vers le bas plutôt que dans une autre direction. Ensuite, il y a ses conjectures sur les origines de la vie animale. Il supposait que les premières créatures vivantes étaient apparues par génération spontanée à partir de la boue, sous l’action du soleil, et cette opinion devint l’opinion reçue. En outre, il inféré de la faiblesse des hommes dans l’enfance qu’ils n’auraient pas pu survivre dans des conditions primitives sans protection, ce qui l’amena à poser qu’ils commencèrent par grandir dans des créatures semblables à des poissons, d’où ils sortirent lorsqu’ils furent capables de se nourrir eux-mêmes.