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boulimie

Publié le 03/04/2015

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boulimie n.f. (angl. Bulimia; allem. Bulimie). Perturbation des conduites alimentaires, consistant dans la consommation solitaire, à certains moments de crise, de grandes quanti­tés de nourriture, de façon rapide et apparemment compulsive.

Ce n'est qu'en 1979 que la boulimie a été isolée en tant qu'entité clinique. On peut d'ailleurs se demander si les préoccupations relatives à l'obésité dans les civilisations occidentales, et notamment aux États-Unis, ne sont pas pour beaucoup dans cette élaboration. Pourtant, tous les boulimiques ne sont pas obèses, certains faisant alterner crises de boulimie et tentatives de régimes, et la crise, durant laquelle une grande quantité de nourriture est absorbée, étant elle-même souvent suivie de vomissements.

On ne saurait nier que des individus (et en l'occurrence principalement des femmes) puissent exprimer sur le plan alimentaire des conflits qui ont géné­ralement une tout autre origine. Pour­tant, dès qu'on tente de situer de quelle structure psychique relèverait la bouli­mie, on rencontre de nombreuses diffi­cultés.

O. Fenichel, bien avant que la bouli­mie ne soit constituée en entité cli­nique, avait parlé, à son propos, de toxicomanie sans drogue. Pourtant, si la dépendance de la boulimique à l'égard de son symptôme peut évoquer un phénomène d'addiction, elle n'ex­clut pas une forme de résistance à la survenue de la crise qui empêche d'as­similer les deux structures.

Le conflit intérieur (ne pas toucher à la nourriture / à quoi bon s'arrêter au point où l'on en est) doit-il alors faire évoquer la névrose obsessionnelle? Le rapprochement n'est pas inconcevable, mais il reste très descriptif. Par ailleurs, la dimension d'autodépréciation, de dégradation qu'il y a dans l'absorption massive de n'importe quoi a suggéré l'idée d'une dimension mélancolique de la boulimie, d'autant que son déclenchement accompagne souvent des états dépressifs.

 

Le vrai problème n'est sans doute pas là. Les boulimies ne présentent peut-être pas d'unité structurale. En revanche, la fréquence de formes « mixtes « où alternent comportements anorexiques (—> anorexie) et compor­tements boulimiques, la fréquence aussi d'un passé anorexique chez les boulimiques obligent à mettre en ques­tion l'extension de la boulimie elle-même. Il n'est pas impossible que nombre de «boulimiques« qui vomissent soient en fait des ano­rexiques. Le diagnostic de boulimie, qui peut être d'ailleurs un autodiagnos-tic, fait alors lui-même partie de la pathologie, en venant confirmer aux yeux de la patiente que son problème principal tient dans la nécessité d'éviter une prise de poids.

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