Cimabue, Crucifix, détrempe sur bois, vers 1270. Arezzo, église Saint-Dominique.

Cimabue, Crucifix, détrempe sur bois, vers 1270. Arezzo, église Saint-Dominique.

Daté de 1270 environ, le Crucifix de l'église Saint-Dominique, à Arezzo, est l'oeuvre la plus ancienne de Cimabue qui nous soit parvenue. Dans ce tableau, le maître de Giotto adopte la nouvelle iconographie du Christus patiens - le Dieu fait homme qui meurt sur la croix, la tête penchée et les yeux fermés - déjà utilisée par Giunta Pisano dans le Crucifix de Saint-Dominique, à Bologne (1250-54). Le Christ est représenté dans un style pathétique, entre les deux figures douloureuses de Marie et de saint Jean, selon le type de composition et les modalités expressives établis par Giunta, vingt ans auparavant. Cimabue innove dans la représentation du Christ crucifié, en accentuant l'humanité du personnage et le pathétique du sujet, mais il a encore recourt à certaines stylisations formelles et expressives qui caractérisent le langage byzantin, comme la subdivison géométrique de l'abdomen en trois parties, et la courbure peu naturelle du corps : le processus qui mènera à un plus grand naturalisme dans la représentation de l'homme et de la réalité est désormais amorcé ; en peinture, il atteindra sa pleine maturité avec l'oeuvre de Giotto.