CLIMBIÉ, de Bernard Dadié

CLIMBIÉ, roman de Bernard Dadié (1956). Le récit, largement autobiographique, retrace les aventures d'un jeune homme qui quitte sa famille et son village pour entrer à l'école française, puis dans l'administration coloniale. Victime de la politique d'assimilation culturelle pratiquée par la métropole, le héros évoque en particulier le procédé humiliant, le « symbole », par lequel les instituteurs interdisent aux élèves africains l'usage de leur langue maternelle dans l'enceinte de l'école. Après avoir servi pendant dix ans à Dakar en qualité de commis, Climbié retourne dans son pays natal, la Côte-d'Ivoire, pour y découvrir que l'ordre colonial menace ruine. Ému par la condition misérable de ses frères, il rejoint les rangs du syndicat : incarcéré comme meneur de grève, il rêve dans sa prison à des jours meilleurs pour l'Afrique. Ce roman qui retrace l'itinéraire parcouru par bien des leaders africains — de l'École normale William-Ponty au syndicalisme militant — permet au lecteur européen de se faire une idée plus précise de l'écart qui n'a cessé de se creuser, pendant la période de l'entre-deux-guerres, entre les idéaux républicains de la métropole et la réalité de la colonie. Roman de formation d'un jeune Ivoirien dans les années 30, Climbié témoigne donc également de la prise de conscience de sa condition par un Africain de la génération des indépendances.