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Crébillon père

Publié le 10/03/2019

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Crébillon père (Prosper jolyot de Crébillon, dit), auteur dramatique français (Dijon 1674 - Paris 1762). Né dans une ancienne famille de magistrats, il vint s'établir à Paris et se laissa tenter par une carrière d'auteur dramatique. Ses principales tragédies {Idoménée, 1705 ; Atrée et Thyeste, 1707 ; Électre, 1708; Rhadamiste et Zénobie, 1711; Pyrrhus, 1726) lui valurent d'entrer à l'Académie en 1731 et d'être nommé censeur royal en 1733. Dans cette fonction, il s'attira l'hostilité de Voltaire dont il avait interdit le Mahomet. Il bénéficia de la faveur de Mme de Pompadour et de la cour jusqu'à sa mort. Bohème aimable, membre de la Société du Caveau, il donna encore quelques pièces dont la meilleure est Catilina (1748).

 

S'il fut en son temps le représentant « officiel » de la tragédie, son œuvre ne fut plus comprise dès le xixe s., faute d'être située autrement que dans une décadence du classicisme. Or, si Crébillon reste dans le système formel classique, ses principes dramatiques n'en sont pas moins fort différents. Il enferme ses personnages dans la sphère des relations familiales. Le désir (et en cela on voit combien Crébillon est loin de Racine) n'apparaît qu'à l'état de trace : l'angoisse obsessionnelle devant un père menaçant et monstrueux. Le monstre, ce n'est pas la femme criminelle, mais le père ogre (Atrée et Thyeste), manifestation d'un « excès » tel (les témoignages contemporains font état du sentiment d'horreur des spectateurs) qu'il installe le non-sens au cœur de la tragédie. La catharsis n'a plus le sens moralisateur de purgation des passions qu'on lui donnait au xviie s. : c'est une pure émotion que veut provoquer Crébillon. Il retrouve ainsi un sens du tragique qui avait disparu depuis Sénèque.

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