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« En envoyant à la Chambre mon digne ami Buffet et M.

Publié le 31/10/2013

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« En envoyant à la Chambre mon digne ami Buffet et M. de Dommartin, l'un des cent seize, le département des osges s'est associé à la politique que je n'hésite pas à appeler la seule politique nationale. Persévérez mes amis, et si l'on vous accuse de tiédeur, de mollesse, si l'on vous dit que les réformes onsidérables, décisives que nous venons d'obtenir, sont peu de chose, et qu'il faut tout ou rien, répondez, mes mis, vous qui vivez dans la familiarité de la nature, qu'aux champs rien ne s'opère avec fureur et par à-coups brusques. Ce n'est pas aussitôt après que le grain a été mis en terre que la moisson mûrit. Il faut des jours, des semaines, des mois; il faut le froid et la pluie et le soleil. « N'écoutez donc jamais ceux qui voudraient laisser pourrir sur pied la moisson mûre, ni ceux qui maudissent ieu, parce qu'il ne leur donne pas la moisson bénie au lendemain du jour où le grain a été mis en terre. « *** 1er 'est le novembre qu'entre Louis Napoléon et Ollivier a lieu un entretien qui est tout près d'être décisif. uparavant, les deux hommes avaient échangé une correspondance, Ollivier ayant pu expliquer à l'empereur qu'il souhaitait tre appelé au pouvoir et chargé expressément de constituer autour de lui un ministère. es deux hommes se rencontrent à Compiègne, dans des conditions rocambolesques. Ollivier prend le train, éguisé afin de déjouer la vigilance des journalistes. Il le raconte plus tard à sa femme: « Je suis parti à 8 eures, la tête enveloppée dans un cache-nez, mes lunettes enlevées. Maurice Richard m'accompagnait, il est llé prendre mon billet pour que personne ne m'aperçût. A Compiègne, je suis sorti dans le même ccoutrement. A la porte, le secrétaire de l'Empereur, Pietri, m'a donné un petit coup sur le bras; je l'ai suivi. ous sommes montés en voiture, sommes entrés par une cour intérieure et à dix heures un quart, sans que ersonne m'eût aperçu, j'ai pénétré dans le cabinet de l'Empereur. Il est venu vers moi, m'a remercié de m'être érangé, puis il a fait apporter deux tasses de thé, je lui ai servi le thé, il m'a servi le sucre, nous nous sommes ssis devant la table. « ouis Napoléon et Ollivier vont alors se jauger, sans prendre de véritables engagements. Il s'agit surtout de esurer leurs exigences réciproques. ouis Napoléon ne veut pas entendre parler d'une entrée au gouvernement de Girardin et de Napoléon Jérôme, u'il considère « comme deux esprits faux «. Sur ce point, semble-t-il, il obtient des assurances. Ce n'est pas le as lorsqu'il suggère le maintien à son poste de Forcade-Laroquette, qui est ministre de l'Intérieur dans le ouvernement intérimaire: il lui semble pourtant que cela contribuerait à rassurer les bonapartistes, et puis il ne erait pas fâché de pouvoir compter sur un libre-échangiste de poids dans la perspective du débat sur la econduction du traité franco-anglais. es deux hommes se quittent sans avoir rien tranché... Mais Ollivier est désormais résolu à imposer ses onditions. Adoptant une tactique que ne désavouerait pas Louis Napoléon lui-même, il gagne sa propriété de aint-Tropez et décide d'attendre. L'empereur lui écrit le 7: « Nous sommes bien près de nous entendre «, dmet-il ; bientôt il cède, en décidant de nommer Forcade au Conseil d'État. a voie est libre. Il était temps. Car l'agitation est dans les esprits, et il faut en finir avec cette période 'incertitude. Rochefort a encore fait des siennes. Il a été emprisonné pour ses écrits diffamatoires sur la famille impériale. A une élection partielle, le 22 novembre, il se fait pourtant élire député. ouis Napoléon décide alors de le faire libérer. C'est un geste qui ne manque pas de panache. C'est aussi une ouvelle illustration de la mansuétude qui lui est coutumière. e 29 novembre s'ouvre la première séance officielle de la nouvelle législature. Et Louis Napoléon s'adresse au orps législatif. Il remarque d'abord, avec peut-être un soupçon de lassitude, « qu'il n'est pas facile d'établir en rance l'usage régulier et paisible de la liberté «. Pourtant, il le confirme, telle est bien son ambition. Dans ce ui est davantage qu'une belle envolée oratoire, il annonce ce que sera la nouvelle donne constitutionnelle et olitique, et procède au partage des rôles: « La France veut la liberté, mais avec l'ordre; l'ordre, j'en réponds. idez-moi, Messieurs, à sauver la liberté. Entre ceux qui prétendent tout conserver et ceux qui aspirent à tout enverser, il y a une place glorieuse à prendre. « e 26 décembre, Louis Napoléon écrit à Ollivier la lettre au libellé si longtemps attendu: « Je m'adresse avec onfiance à votre patriotisme pour vous prier de me désigner les personnes qui peuvent former avec vous un abinet homogène représentant fidèlement la majorité du Corps Législatif. « e 2 janvier 1870, le ministère Ollivier est en place. Il n'a probablement ni l'allure ni le dynamisme qu'aurait xigé la situation. Ollivier a le titre de garde des Sceaux, Daru est aux Affaires étrangères, Leboeuf à la Guerre, hevandier de Valdrome à l'Intérieur et Buffet aux Finances. L'impératrice réserve à la nouvelle équipe un ccueil glacial; cependant, dit-elle, «les Ministres qui ont la confiance de l'Empereur sont sûrs de ma ienveillance «. ouis Napoléon avait beau avoir affirmé qu'il ne voulait que « des Ministres qui aiment le peuple «, en fait, une partie du cabinet paraît avoir été recrutée dans l'ancienne rue de Poitiers. Thiers peut se frotter les mains et même exprimer quelques louanges qui sont autant de flèches empoisonnées: « Les opinions que je représente, juge-t-il, sont assises au banc des Ministres. « Pis encore: ce ministère « est le successeur de celui de Guizot, vingt ans après «. De fait, Ollivier a peut-être péché par imprudence en appelant à lui certains hommes dont il ne pouvait attendre beaucoup de fidélité. Et peut-être aussi par pusillanimité, en écartant d'autres hommes capables de gagner à sa cause une plus large partie de l'opinion parlementaire. Le 10 janvier 1870, devant le Corps législatif, Émile Ollivier lance un appel solennel à tous les partis: « Personne ne peut refuser son concours à la constitution d'un gouvernement qui donne le progrès sans la violence et la liberté sans la révolution. « Du moins, la sincérité d'Ollivier ne peut être mise en doute. Bergson est dans le vrai, lorsqu'il propose ce raccourci saisissant de ses sept mois de pouvoir: « Le 2 janvier 1870, il inaugurait l'Empire libéral. Sept mois plus tard devait venir la catastrophe. Mais pendant ces sept mois la France s'achemina de jour en jour, presque d'heure en heure, vers ce parfait équilibre entre la liberté et l'autorité auquel elle aspirait depuis si longtemps. Le grand honnête homme qui était au pouvoir pratiquait les maximes et appliquait les principes qu'il avait professés dans l'opposition... « Pourtant, très vite, les épreuves vont se succéder et les difficultés s'accumuler. Passe encore pour l'hostilité des républicains, qui était prévisible, et dont Gambetta se fait le véhément interprète: « A nos yeux, déclare-t-il, le suffrage universel n'est pas compatible avec la forme de gouvernement que vous préconisez. Entre la République de 1848 et la République de l'avenir, vous n'êtes qu'un pont et ce ont, nous le franchirons. « lus inattendue est l'ampleur de la terrible bataille qui s'engage sur le problème du libre-échange. Le Corps égislatif a obtenu la constitution d'une commission d'enquête sur les conséquences des traités commerciaux, nquête dont il y a tout lieu de redouter les débordements démagogiques. e surcroît survient, dès le 10 janvier, l'affaire Victor Noir. Pour Louis Napoléon et pour le nouveau ouvernement, cette affaire tombe on ne peut plus mal. Tous les ingrédients d'un mélange explosif s'y trouvent réunis; pas un ne manque à l'appel: un assassinat dans des circonstances mal éclaircies; un membre de la famille de l'empereur directement impliqué; un mobile à rechercher dans un problème de presse; la mort d'un journaliste. Que faut-il de plus pour que le scandale dégénère en une affaire d'État susceptible de mettre à bas le régime? Qu'importe si Pierre Bonaparte, fils de Lucien, au caractère irritable et violent, a été généralement tenu à l'écart de la Cour et de l'entourage? Qu'importe de savoir s'il a pu être provoqué et s'il n'a pas forcément sorti le premier son arme? Il reste qu'un cousin de l'empereur a adressé à Rochefort, dont les écrits lui avaient déplu, le court billet suivant: « J'habite tout bonnement 59, rue d'Auteuil, et je vous promets que si vous vous présentez on ne vous dira pas que je suis sorti. « Il reste que, recevant deux journalistes dont il pensait qu'ils étaient les témoins de son adversaire, Pierre Bonaparte a trucidé l'un d'entre eux. Il reste que, le 12 janvier, les obsèques de Victor Noir sont l'occasion d'un immense rassemblement dont on peut longtemps craindre qu'il ne tourne à l'émeute. Jugé par la Haute Cour, Pierre Bonaparte sera acquitté, mais condamné aux dépens. Et l'effet psychologique de l'affaire aura été désastreux. Voilà donc bien de terribles baptêmes pour le nouveau gouvernement. Paradoxalement, Louis Napoléon souffre moins de ces difficultés que le gouvernement lui-même. Il a pourtant décidé de jouer loyalement le jeu, quoi qu'il puisse lui en coûter. Ainsi, les réunions du Conseil des ministres ont complètement changé d'allure. Jusque-là, même lorsque l'empereur était seul de son opinion -- et l'on sait que cela se produisait fort souvent --, c'était son avis qui prévalait. Désormais, la voix de Louis Napoléon ne compte plus que pour une et comme, par déférence, on le laisse voter le dernier, généralement la position du Conseil est déjà arrêtée et la décision prise quand vient son tour de faire connaître son sentiment... Par ailleurs, l'empereur n'est pas maître d'un ordre du jour que les ministres arrêtent à leur guise; et des Conseils de cabinet se réunissent encore, hors de la présence du souverain. Pourtant, Louis Napoléon est comme fortifié par les circonstances. Il faut reconnaître que les nouveaux textes constitutionnels, souvent rédigés à la hâte, sont truffés de dispositions ambiguës ou contradictoires, donnant lieu à des discussions sans fin. Un effort de clarification s'impose. C'est l'empereur qui va en prendre l'initiative. Le 21 mars 1870, il écrit à Ollivier dans ce sens: « Je crois qu'il est opportun [...] d'adopter toutes les réformes que réclame le Gouvernement constitutionnel de l'Empire, afin de mettre un terme au désir immodéré de changement qui s'est emparé de certains esprits et qui nquiète l'opinion en créant l'instabilité [...]. Aujourd'hui que des transformations successives ont amené la création d'un régime onstitutionnel en harmonie avec les bases du plébiscite, il importe de faire rentrer dans le domaine de la loi out ce qui est plus spécialement d'ordre législatif, d'imprimer un caractère définitif aux dernières réformes, de lacer la Constitution au-dessus de toute controverse et d'appeler le Sénat [...] à prêter au régime nouveau un oncours plus efficace. « n mois plus tard, le sénatus-consulte du 20 avril fonde ce qu'on a appelé l'Empire parlementaire. Le hangement principal concerne les mécanismes de la responsabilité gouvernementale. Désormais, si 'empereur continue de révoquer les ministres, leur responsabilité peut être mise en cause devant le Corps égislatif. Mais il y a aussi autre chose: le Sénat, qui devient une deuxième Chambre législative, perd du même oup sa fonction constitutionnelle. Ce point est capital: il signifie que la nation récupère le pouvoir constituant u'elle avait jusque-là délégué; de fait, un nouvel article prévoit que « la Constitution ne peut être modifiée que ar le peuple sur la proposition de l'Empereur «. insi, alors qu'on imaginait l'empereur exsangue, dépouillé, réduit à des fonctions honorifiques, voici qu'est affirmé, confirmé, exalté son lien quasi mystique avec le peuple. Un système parlementaire est mis en place, ais cela n'empêche nullement que l'homme dans lequel s'est reconnue la nation peut continuer d'entretenir vec elle un dialogue singulier, au-dessus de tous les autres pouvoirs, en particulier lorsqu'il s'agit de les rganiser, voire de les contenir. Pouvait-on plus clairement signifier que l'Empire libéral -- ou parlementaire -- e se faisait ni sans Louis Napoléon ni, a fortiori, contre lui? *** 'empereur entend pousser plus loin son avantage: il veut que, sans conteste et une fois pour toutes, soit admis t reconnu que le nouveau cours des choses est le fruit de sa volonté. Quel meilleur moyen de le démontrer ue de le faire dire par le peuple? C'est le peuple qui a fondé le régime en 1852. Ne convient-il pas de 'interroger à nouveau? Il faut donc un plébiscite pour avaliser les dispositions du sénatus-consulte d'avril et, ant qu'on y est, puisque telle est la règle du jeu, on s'efforcera d'élargir -- sans excès -- la question. e coup est évidemment magnifiquement joué. Tous ceux qui se figuraient pouvoir réduire Louis Napoléon au ôle de potiche ne tardent pas à prendre la mesure de leur erreur. Une fois de plus, on l'a sous-estimé. partir de là, une bataille s'organise. Contre le principe même du plébiscite, d'abord. Mais c'est déjà un combat 'arrière-garde. Le moyen, au moment où tout le monde a le mot de liberté à la bouche, de refuser au peuple le roit de s'exprimer? Et lorsque Gambetta choisit comme ligne de défense l'idée que « le suffrage universel n'est ompatible qu'avec la République «, chacun sent bien que la formule est creuse, ne démontre rien et constitue urtout un aveu d'impuissance. Plus subtile et plus difficile à parer est la proposition que formule Daru, robablement manipulé par Thiers, de ne recourir au plébiscite, dans l'avenir, qu'après l'assentiment du Corps égislatif. Dans l'immédiat, on ferait donc contre mauvaise fortune bon coeur mais, pour plus tard, le recours au lébiscite serait verrouillé, placé qu'il serait sous le régime de l'autorisation parlementaire préalable. Du coup, 'ultime prérogative de l'empereur deviendrait purement théorique, perdant sa signification politique et son aractère quasi sacramentel. urieusement, Napoléon Jérôme tombe dans le piège, pourtant grossier, et approuve la proposition de Daru. ne fois de plus, son cousin doit le rappeler à la raison: il n'est pas question, en cas de plébiscite, de passer 'abord devant le Corps législatif. Pour le cas où la leçon n'aurait pas encore été comprise, il lui confie: « Je ombrerai peut-être, mais debout et non pourri. « e fait, Louis Napoléon passe outre à toutes les oppositions qui se manifestent à l'intérieur même du ouvernement. Trois ministres, Buffet, Daru, puis Talhouet, démissionnent. Rien n'y fait. Le plébiscite aura bien ieu. inalement, Louis Napoléon se contente d'une question relativement précise, renonçant à charger la barque. ans doute se dit-il que ses adversaires, dans le feu de leur passion, veilleront eux-mêmes à donner à la onsultation sa signification pleine et entière. C'est bien ce qui se passera. e texte soumis au vote est ainsi rédigé: « Le peuple approuve les réformes libérales opérées dans la onstitution depuis 1860 par l'Empereur avec le concours des grands Corps de l'Etat et ratifie le Sénatusonsulte du 20 avril 1870. « Il est accompagné d'une proclamation de Louis Napoléon aux Français: « En apportant au scrutin un vote affirmatif, ous conjurerez les menaces de la révolution; vous assoirez sur une base solide l'ordre et la liberté, et vous endrez plus facile, dans l'avenir, la transmission de la Couronne à mon Fils. Vous avez été presque unanimes, l y a dix-huit ans, pour me conférer les pouvoirs les plus étendus; soyez aussi nombreux aujourd'hui. « 'est dire que Louis Napoléon place haut, très haut, la barre. Sans doute ne croit-il pas lui-même possible de

« partie ducabinet paraîtavoirétérecrutée dansl'ancienne ruedePoitiers.

Thierspeutsefrotter lesmains et même exprimer quelques louangesquisont autant deflèches empoisonnées: «Les opinions quejereprésente, juge-t-il, sontassises aubanc desMinistres.

»Pis encore: ceministère «est lesuccesseur decelui deGuizot, vingt ansaprès ». De fait, Ollivier apeut-être péchéparimprudence enappelant àlui certains hommes dontilne pouvait attendre beaucoup de fidélité.

Etpeut-être aussiparpusillanimité, enécartant d'autreshommes capables degagner àsa cause une plus large partie del'opinion parlementaire. Le 10janvier 1870,devant leCorps législatif, ÉmileOllivier lanceunappel solennel àtous lespartis: « Personne nepeut refuser sonconcours àla constitution d'ungouvernement quidonne leprogrès sansla violence etlaliberté sanslarévolution.

» Du moins, lasincérité d'Ollivier nepeut êtremise endoute.

Bergson estdans levrai, lorsqu'il propose ce raccourci saisissant deses sept mois depouvoir: «Le 2janvier 1870,ilinaugurait l'Empirelibéral.Septmois plus tarddevait venirlacatastrophe.

Maispendant cessept mois laFrance s'achemina dejour enjour, presque d'heure enheure, versceparfait équilibre entrelaliberté etl'autorité auquelelleaspirait depuissilongtemps.

Le grand honnête hommequiétait aupouvoir pratiquait lesmaximes etappliquait lesprincipes qu'ilavait professés dans l'opposition...

» Pourtant, trèsvite, lesépreuves vontsesuccéder etles difficultés s'accumuler. Passe encore pourl'hostilité desrépublicains, quiétait prévisible, etdont Gambetta sefait levéhément interprète: «A nos yeux, déclare-t-il, lesuffrage universel n'estpascompatible aveclaforme degouvernement que vous préconisez.

EntrelaRépublique de1848 etlaRépublique del'avenir, vousn'êtes qu'unpontetce pont, nouslefranchirons.

» Plus inattendue estl'ampleur delaterrible bataille quis'engage surleproblème dulibre-échange.

LeCorps législatif aobtenu laconstitution d'unecommission d'enquêtesurlesconséquences destraités commerciaux, enquête dontily a tout lieuderedouter lesdébordements démagogiques. De surcroît survient, dèsle10 janvier, l'affaireVictorNoir.Pour Louis Napoléon etpour lenouveau gouvernement, cetteaffaire tombeonnepeut plusmal.

Tous lesingrédients d'unmélange explosifs'ytrouvent réunis; pasunnemanque àl'appel: unassassinat dansdescirconstances maléclaircies; unmembre dela famille del'empereur directement impliqué;unmobile àrechercher dansunproblème depresse; lamort d'un journaliste.

Quefaut-il deplus pour quelescandale dégénère enune affaire d'Étatsusceptible demettre àbas le régime? Qu'importe siPierre Bonaparte, filsdeLucien, aucaractère irritableetviolent, aété généralement tenu àl'écart delaCour etde l'entourage? Qu'importe desavoir s'ilapu être provoqué ets'il n'a pas forcément sortilepremier sonarme? Il reste qu'un cousin del'empereur aadressé àRochefort, dontlesécrits luiavaient déplu,lecourt billetsuivant: « J'habite toutbonnement 59,rue d'Auteuil, etjevous promets quesivous vousprésentez onnevous dirapas que jesuis sorti.

»Ilreste que,recevant deuxjournalistes dontilpensait qu'ilsétaient lestémoins deson adversaire, PierreBonaparte atrucidé l'und'entre eux.Ilreste que,le12 janvier, lesobsèques deVictor Noir sont l'occasion d'unimmense rassemblement dontonpeut longtemps craindrequ'ilnetourne àl'émeute.

Jugé par laHaute Cour,Pierre Bonaparte seraacquitté, maiscondamné auxdépens.

Etl'effet psychologique de l'affaire auraétédésastreux. Voilà doncbiendeterribles baptêmes pourlenouveau gouvernement. Paradoxalement, LouisNapoléon souffremoinsdeces difficultés quelegouvernement lui-même.Ila pourtant décidé dejouer loyalement lejeu, quoi qu'ilpuisse luien coûter.

Ainsi,lesréunions duConseil desministres ont complètement changéd'allure.

Jusque-là, mêmelorsque l'empereur étaitseuldeson opinion —etl'on sait que cela seproduisait fortsouvent —,c'était sonavis quiprévalait.

Désormais, lavoix deLouis Napoléon necompte plus quepour uneetcomme, pardéférence, onlelaisse voterledernier, généralement laposition duConseil est déjà arrêtée etladécision prisequand vientsontour defaire connaître sonsentiment...

Parailleurs, l'empereur n'estpasmaître d'unordre dujour que lesministres arrêtentàleur guise; etdes Conseils decabinet se réunissent encore,horsdelaprésence dusouverain. Pourtant, LouisNapoléon estcomme fortifiéparlescirconstances. Il faut reconnaître quelesnouveaux textesconstitutionnels, souventrédigésàla hâte, sonttruffés de dispositions ambiguësoucontradictoires, donnantlieuàdes discussions sansfin.Uneffort declarification s'impose.

C'estl'empereur quivaen prendre l'initiative.

Le21mars 1870, ilécrit àOllivier danscesens: « Je crois qu'ilestopportun [...]d'adopter touteslesréformes queréclame leGouvernement constitutionnelde. »

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