ÉTIENNE DE LA BOÉTIE

   Surtout connu pour avoir été l'ami de Montaigne, Etienne de La Boétie, juriste, conseiller au Parlement de Bordeaux, écrit à vingt-trois ans La servitude volontaire, intitulé plus tard Contre un. La « servitude volontaire « est, dit l'auteur, l'acceptation passive de la tyrannie, la lâcheté du peuple devant un seul. Volontairement, La Boétie ne distingue pas entre monarchie et tyrannie, et définit celle-ci par l'exercice du pouvoir personnel, définition tout à fait originale pour l'époque. L'analyse psychologique de ce phénomène social est menée avec beaucoup de rigueur et de passion par La Boétie, qui y ajoute l'analyse politique des formes et des moyens de l'oppression. Tout est passé en revue : les moyens « psychologiques « (abêtissement, procédés pour frapper les imaginations, appel à la religiosité...), militaires, policiers, juridiques, etc... Contre l'oppression, La Boétie éveille « le sens de la liberté «, premier des droits et des biens, et recommande certaines formes d'action. Il est intéressant de voir évoquée au passage la première idée de la grève ou de la résistance passive (« que le peuple sans rébellion ouverte,... cesse seulement de prêter la main à la domination et le colosse s'effondre aussitôt «...) et le rôle des intellectuels qui est d' « éclairer le peuple « (d'où la méfiance réelle, malgré l'apparent mécénat, des tyrans envers les clercs).