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Gambetta, Léon

Publié le 17/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Gambetta, Léon (1838-1882), homme politique français des débuts de la IIIe République.

Fils d’un émigré génois établi à Cahors, Léon Gambetta fait ses études supérieures à Paris où il devient avocat en 1860. Il accède à la notoriété en 1868 en s’opposant au régime de Napoléon III ; lors de sa plaidoirie en faveur de Delescluze — accusé pour avoir voulu élever une statue à la mémoire du député Baudin, mort sur les barricades en s’opposant au coup d’État de 1851 —, il transforme le prétoire en tribune politique : il y prononce un sévère réquisitoire contre le second Empire et entre alors dans l’opposition républicaine. Dans la foulée, il se présente aux élections de 1869. Élu à Marseille et Paris, il s’affirme comme l’un des principaux tribuns de la Chambre, mettant son talent oratoire au service de son refus du bellicisme germanophobe. Mais le patriote finit néanmoins par voter les subsides lors de l’entrée en guerre.

Le 4 septembre 1870, deux jours après la défaite de Sedan, Léon Gambetta prend part à une journée révolutionnaire à l’issue de laquelle, s’étant rendu à l’Hôtel de Ville de Paris, il y proclame la République avec Jules Ferry et Jules Favre. Ministre de l’Intérieur du gouvernement de la Défense nationale, il s’échappe de Paris en ballon. Réfugié à Tours, puis à Bordeaux avec le gouvernement, il prend le portefeuille de la Guerre et cherche, sans succès, à réorganiser l’armée française.

2   UN RÉPUBLICAIN DÉTERMINÉ

Farouche patriote et désormais partisan de la guerre à outrance contre la Prusse, Léon Gambetta entend instaurer, avec Charles de Freycinet, une dictature de Salut public — à l’image de celle de 1793 — pour prolonger le combat contre les Allemands. Ce radicalisme l’amène à démissionner peu après l’armistice du 28 janvier 1871, qu’il assimile à une trahison. Il souhaite en effet que tous les députés ayant servi sous Napoléon III (qu’il tient pour coresponsables du conflit) soient frappés d’inéligibilité ; devant le refus du gouvernement, il quitte ses fonctions le 6 février.

Cette volte-face ne l’empêche pas, au contraire, de briller lors des élections suivantes. En effet, en vertu du droit aux candidatures multiples, il est élu dans neuf départements et choisit symboliquement le Bas-Rhin, traumatisé par la guerre. En outre, il s’associe aux députés alsaciens pour dénoncer l’annexion des départements de l’Est par l’Allemagne (mars). Radical, Léon Gambetta l’est encore lorsqu’il abandonne sa députation après la signature du traité de Francfort, puis quand il refuse de prendre parti dans le débat autour d’une Commune qu’il considère avant tout comme une lutte fratricide. Réélu à Marseille et Paris en juillet 1871, il rejoint les rangs radicaux, à l’extrême gauche de l’hémicycle, et fait montre d’une activité débordante, parcourant la province pour dénoncer le cléricalisme et convaincre les Français de la grandeur de l’idéal républicain. Pour défendre ses thèses, il fonde la République française en novembre de la même année ; le journal végète un temps avant de s’imposer comme un quotidien d’influence, s’opposant avec force à l’idée de la restauration.

3   UNE APPROCHE RAISONNÉE DE LA RÉPUBLIQUE

Peu à peu cependant, Léon Gambetta rallie des options moins radicales. Certains lui reprochent alors vertement d’être un opportuniste, notamment lorsqu’il soutient Adolphe Thiers, qui vient de déclarer que la « République sera conservatrice ou ne sera pas «. En fait, Léon Gambetta reste farouchement laïque et anticlérical, mais juge que la question de l’intégration républicaine impose une réflexion et des réformes raisonnées. Il s’oppose à la vision d’un bouleversement radical, tel le principe de la révolution sociale défendue par les socialistes. Pour lui, la République ne peut s’enraciner durablement que dans la modération et grâce à un gouvernement « ennemi des chimères « appuyé sur le soutien de la classe moyenne émergente, dont il pressent l’importance : « une souche sociale nouvelle «, selon ses propres termes, aspirant à l’ascension sociale. Ascension sociale qui est, à ses yeux, le ferment même de l’intégration républicaine de toute l’hétérogène nation, depuis les ouvriers jusqu’à la bourgeoisie.

C’est également au nom de cette modération qu’il s’oppose à la politique de l’Ordre moral du président de la République Mac-Mahon, mais qu’il s’allie aux centristes pour voter les lois constitutionnelles de 1875, créant notamment le Sénat — dénoncé par les radicaux et les socialistes comme une institution impériale alors que lui-même y voit un « grand conseil des communes de France «.

4   LE CHEF DE FILE DES RÉPUBLICAINS

Quoique décriée, l’action de Léon Gambetta fait des émules. L’homme et son approche conciliatoire de la République jouissent d’une immense popularité. Lorsque, au lendemain de la crise du 16 mai 1877, il parcourt le pays dans le cadre de la campagne électorale, il défend ses vues envers et contre tout, prenant la tête du mouvement qui aboutit à la victoire définitive du régime républicain. Sa véhémence lui vaut d’ailleurs une condamnation après qu’il a publiquement prévenu le président Mac-Mahon que le résultat des élections lui imposera de « se démettre ou de se soumettre «.

De retour à la Chambre à la tête de plus de 300 députés, il obtient dans un premier temps la nomination du gouvernement républicain de Jules Dufaure. Puis, le 30 janvier 1879, il pousse Mac-Mahon à la démission. Pourtant, il refuse la succession à l’Élysée, préférant favoriser la candidature de Jules Grévy. Il apparaît alors comme le chef de file du camp républicain.

5   L’IMPOSSIBLE GOUVERNEMENT DU RÉPUBLICAIN PATRIOTE

Il n’en reste pas moins que l’autoritarisme de Léon Gambetta et son désir de voir mener une politique coloniale audacieuse permettant à la France de préserver son rang de « grande puissance « entament progressivement son crédit auprès de nombreux républicains. Certains craignent en outre que, fort de son sens tactique et de sa popularité, il accède à la présidence du Conseil et y développe un pouvoir personnel, faisant triompher sa conception conciliatrice de la République. Aussi, lorsque, en 1879, Jules Ferry et Jules Grévy fondent la Gauche républicaine, Léon Gambetta est le chef de l’autre famille républicaine, l’Union, tenue à l’écart du pouvoir par le président Grévy. À Gambetta n’échoit que la présidence de l’Assemblée nationale.

Cette fracture au sein du mouvement républicain le met dans une situation plus délicate encore après la victoire de sa tendance aux élections de novembre 1881 et sa réélection à Paris. Alors qu’il est appelé à former le gouvernement qu’il veut très ouvert et qu’il nomme « Grand Ministère « (14 novembre), les dirigeants républicains refusent d’y siéger. Léon Gambetta ne peut rassembler que de jeunes membres de l’Union républicaine, promis pour certains à de belles carrières (notamment Pierre Waldeck-Rousseau et Félix Faure), ce qui vaut au gouvernement d’être surnommé le « ministère de commis «. Pris entre les feux croisés de la gauche et de la droite, le ministère est renversé le 27 janvier 1882, après soixante-quatorze jours de direction.

C’est sous le mandat de son successeur, Charles de Freycinet, que Léon Gambetta, — incarnation de cette famille républicaine parlementaire et bourgeoise qui a permis la stabilisation du régime — meurt, à quarante-quatre ans. Ses funérailles, événement national, marquent la fin de la République balbutiante.

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