Griffith David Wark, 1875-1948, né à Floydsfork (Kentucky), cinéaste américain. Le plus grand inventeur de formes de l'histoire du cinéma : il n'a pas créé de toutes pièces le langage de l'écran, mais l'a utilisé pour la première fois à des fins spécifiques. Selon Jean Mitry, « si le cinéma doit à Louis Lumière son existence en tant que moyen d'analyse et de reproduction du mouvement, c'est à Griffith qu'il doit son existence en tant qu'art, que moyen d'expression et de signification «. Né dans une famille bourgeoise de Virginie ruinée par la guerre de Sécession, Griffith eut une adolescence difficile : il fut successivement commis-épicier, employé de librairie, critique de théâtre, puis acteur en tournée. Il écrivit, et réussit à faire publier, des poèmes et une pièce de théâtre, A Fool and a Girl , montée - sans grand succès - en 1907 à Washington. Il signa sa première mise en scène cinématographique en 1908, les Aventures de Dollie. L'accueil favorable réservé à cette aimable comédie intimiste lui valut un engagement à la firme Biograph, dont il devint par la suite directeur artistique. Il réalisa, jusqu'à l'aube du parlant, près de cinq cents courts métrages et une vingtaine de longs métrages, parmi lesquels Naissance d'une nation (1915), Intolérance (1916) - deux monuments inégalés par l'importance des moyens mis en oeuvre, le souffle, la puissance lyrique - et l e L ys brisé (1919), un mélodrame d'un dépouillement et d'une poésie extrêmes. En 1919, il participa, aux côtés de Chaplin, Douglas Fairbanks et Mary Pickford, à la fondation des Artistes Associés (United Artists Corporation). Son dernier film fut The Struggle (1931). Une série d'échecs, professionnels et privés, l'écarta des studios. Il mourut en 1948 dans l'indifférence générale et une quasi-misère. Un humaniste visionnaire. Naissance d'une nation est une évocation grandiose de la guerre de Sécession, qui déchaîna les passions et fut interdite dans certains États américains en raison de ses évidentes sympathies pour la cause sudiste. Mais l'oeuvre vaut surtout par ses audaces de mise en scène (agilité de la caméra, amples panoramiques, effets de montage alterné) et par ses morceaux de bravoure, tels que la chevauchée finale des hommes du Ku Klux Klan allant délivrer une famille assiégée par des Noirs en révolte. Le succès considérable du film n'aura d'équivalent, au temps du parlant, que celui d'Autant en emporte le vent. Tourné l'année suivante, Intolérance témoigne de préoccupations humanitaires. Partant d'un épisode réel de la chronique judiciaire de son temps (le procès d'un gréviste accusé à tort du meurtre de son employeur), Griffith entendait fustiger l'intolérance sous toutes ses formes, en puisant ses exemples dans l'histoire de l'humanité : la crucifixion de Jésus, le massacre de la Saint-Barthélemy, le siège de Babylone. D'immenses décors furent édifiés et des milliers de figurants, recrutés ; le budget total atteignit 2 millions de dollars, engloutissant les bénéfices du film précédent et entraînant la firme productrice, la Triangle, au bord de la faillite. L'accueil du public fut mitigé : à la veille de l'entrée en guerre des États-Unis, il était sans doute mal venu de prêcher la fraternité universelle ! À partir de 1918, Griffith se cantonna dans le mélodrame intimiste (le Lys brisé et le Pauvre Amour, tous deux de 1919), la comédie fantastique ( la Rue des rêves, 1921 ; la Nuit mystérieuse , 1922) et la reconstitution historique (Pour l'Indépendance , 1924 ; Abraham Lincoln , 1930), sans cesser de manifester un prodigieux sens dramaturgique et plastique, comme le prouve l'admirable séquence de la tempête de neige dans À travers l'orage (1920). L'influence de Griffith fut déterminante pour l'évolution de l'art muet, de Stroheim à Fritz Lang, de Gance à Eisenstein. Ainsi, pour l'historien français Léon Moussinac, « son oeuvre, par la qualité de sa recherche, par sa science technique, par la richesse de ses idées, porte en elle toutes les découvertes du cinéma futur «. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Artistes associés (United Artists Corporation) Chaplin (Charles Spencer, dit Charlie) cinéma - L'art - Le muet États-Unis - Arts - Cinéma Fairbanks - Fairbanks Douglas Elton Ullman Gish Hollywood - Bois de houx et feux de la rampe Hollywood - Un essor prodigieux Intolérance Pickford (Gladys Mary Smith, dite Mary) Stroheim (Erich von) Les livres Griffith David Wark, page 2248, volume 4 Hollywood - David Wark Griffith (assis) pendant le tournage d'Intolérance (1916), page 2380, volume 5
