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IONESCO (Eugène)

Publié le 21/01/2019

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IONESCO (Eugène), auteur dramatique français (Slatina, Roumanie, 1912). De père roumain et de mère française, il est élevé en France, où il demeure jusqu'à l'âge de 13 ans, à La Chapelle-Anthenoise dans la Mayenne en particulier, dont il garde un souvenir merveilleux. Il achève ses études en Roumanie et devient professeur de français. Il publie alors des articles dans des revues (dont une biographie parodique et polémique de Hugo, Hugoliade, reprise en 1982). En 1938, ne supportant plus le climat créé par la montée du fascisme en Roumanie, et ayant obtenu une bourse pour préparer, à Paris, une thèse sur « les thèmes du péché et de la mort » dans la poésie française depuis Baudelaire, il quitte Bucarest. Dix ans plus tard, il écrit une pièce en un acte, la Cantatrice chauve, montée au théâtre des Noctambules en 1950 par Nicolas Bataille. C'est un échec ; pourtant l'auteur est remarqué par le critique Jacques Lemarchand, véritable « découvreur » de textes. C'est en étudiant l'anglais qu'Ionesco a été frappé par la banalité du discours de la méthode Assimil (le titre initial de la pièce était l'Anglais sans peine). Depuis, la pièce ne cesse d'être jouée au théâtre de la Huchette et fait partie des « monuments » obligés d'une visite guidée de Paris. Le point de départ du dramaturge est un rêve, une réplique, une image. D'un détail, il bouleverse la perception du monde, déclenchant des mécanismes incontrôlables : dans les Chaises (1952), la scène est envahie, à un rythme accéléré, par des chaises inoccupées, dans Amédée ou Comment s'en débarrasser (1954), un cadavre encombrant dit le vide de la vie. À cette impression de pesanteur répond le désir d'envol dans le Piéton de l'air (1963), ces deux pôles étant « deux états de conscience fondamentaux » qu'Ionesco reconnaît à l'origine de toutes ses pièces : « Les deux prises de conscience originelles sont celles de l'évanescence et de la lourdeur ; du vide et du trop de présence ; de la transparence irréelle du monde et de son opacité ; de la lumière et des ténèbres épaisses. » Le thème de l'enlisement est particulièrement clair dans la Vase (1955). La prolifération constitue le symptôme le plus fréquent de ces deux

 

états : la famille en est le milieu le plus spontanément favorable (L'avenir est dans les œufs, 1977) et la contagion, le vecteur privilégié : le sous-titre de Jeux de massacre (1970) est «l'Épidémie»; dans le Rhinocéros (1960), la prolifération de ces pachydermes renvoie à la contagion politique dans les régimes totalitaires. Mais, du professeur de la Leçon (1951) à la concierge du Nouveau Locataire (1957), les personnages sont surtout atteints d'une épidémie de bavardage. La pièce dans la pièce est encore une modalité de la multiplication : dans l'impromptu de l'Alma (1956), Ionesco se présente composant la pièce qui est en train d'être jouée. En fait, Ionesco se pose contre le « mécanique », qui est l'absence de vie, et contre la logique, qui témoigne du contact perdu avec le réel et se situe en dehors de la vie. Un moyen de dédramatiser : la farce (le Formidable Bordel, 1973). Jouer avec les mots est une délivrance.

 

On a classé Ionesco sous l'étiquette du « théâtre de l'absurde ». Lui-même emploie plutôt le mot « insolite », l'insolite étant le donné, la réalité, ce « bloc du mystère ». La seule chose que nous puissions connaître, « c'est que nous sommes là dans l'étonnement et que nous sommes faits pour la mort » (Le roi se meurt, 1962 ; Voyages chez les morts, 1982). Rassemblant ses réflexions (Notes et contre-notes, 1966 ; Journal en miettes, 1967-68 .Antidotes, 1977) et constatant à la fois la nécessité et l'impossibilité pour l'homme de savoir être seul, Ionesco a aussi fait l'essai d'une forme d'écriture moins extravertie que l'écriture dramatique, le roman (le Solitaire, 1973), et publié deux Contes «pour enfants de moins de trois ans» (1969-70).

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