Kulturkampf (Le)
Publié le 25/06/2012
Extrait du document
De 1872 à 1875, une série de lois dirigée contre l'Église catholique en Allemagne parut à certains un Kulturkampf, c'est-à-dire un « combat pour la civilisation « (le mot est du biologiste Virchow). En fait, Bismarck n'agissait que pour des raisons politiques : il considérait les catholiques allemands, nombreux surtout dans les États du sud, comme « rebelles à l'obéissance « ; il craignait le développement du parti catholique, le Zentrum, partisan d'une autonomie plus large des États ; enfin, il avait peur de voir le Saint-Siège devenir le centre d'une union politique des États catholiques, une « Internationale blanche «, dont les intérêts seraient contraires à ceux de l'Allemagne.
Dans l'Empire, les jésuites furent expulsés, et des sanctions prévues contre les ecclésiastiques qui parleraient politique en chaire. A l'intérieur de l'État prussien, l'Église catholique perdit le droit de s'administrer librement (droit acquis en 1850), et le gouvernement nomma à toutes les fonctions ecclésiastiques. Les futurs prêtres devaient obligatoirement passer par les facultés de l'État.
Le pape Pie IX s'indigna ; les relations diplomatiques furent rompues ; les évêques excommunièrent les fidèles qui acceptaient les lois et refusèrent d'assurer le culte : le gouvernement dut faire voter une loi autorisant le mariage civil (les pasteurs protestants s'indignèrent à leur tour). Amendes et peines de prison s'abattaient sur les évêques et les prêtres. Le gouvernement bavarois protesta ; aux élections de 1877, le Zentrum gagna des voix ; l'Empereur s'inquiéta. Bismarck s'engagea alors dans la voie du recul : l'accession au trône pontifical de Léon XIII, en février 1878, permit la reprise de contacts entre Berlin et le Saint-Siège, et les « lois de Mai « furent peu à peu retirées, entre 1880 et 1887, en dehors de celles qui avaient laïcisé l'état-civil et autorisé le mariage civil.