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Lien entre les individus, la monnaie est chose double : elle mesure les prix et effectue les paiements.

Publié le 12/11/2013

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Lien entre les individus, la monnaie est chose double : elle mesure les prix et effectue les paiements. Si les moyens de paiement existent depuis l'Antiquité, leur articulation avec une unité de compte date du Moyen Âge. Les monnaies métallique et bancaire ont coexisté dès la Renaissance, mais la notion de banque centrale n'est apparue qu'au XIXe siècle. Deux conceptions de la monnaie s'opposent depuis lors : l'une est instrumentale et libérale, l'autre, institutionnelle et interventionniste. « En France, la monnaie est le franc. » La double nature de la monnaie se révèle dans cette phrase toute simple. On y entend d'abord que le franc est une unité monétaire, dans laquelle sont exprimées des grandeurs économiques : prix, revenus, dettes, etc. Mais le franc est aussi un instrument monétaire, qui prend la forme d'une pièce permettant le paiement. Cette phrase introduit aussi au problème central que pose la monnaie : ce franc n'est monnaie que dans un espace défini, la France, et il en est ainsi à la fois en raison d'une obligation légale et d'une acceptation volontaire des individus ; cette relation entre une règle publique et un usage privé est au coeur du mystère de la monnaie, comme en témoignent l'histoire et les théories de la monnaie. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats franc L'unité de compte et le moyen de paiement La distinction entre l'unité monétaire et l'instrument monétaire est essentielle pour comprendre l'histoire et la nature de la monnaie. Comme unité de compte, la monnaie sert d'abord à mesurer les prix des biens et des services, ce qui permet en particulier leur comparaison en un lieu ou en des lieux différents. Cette fonction s'exerce aussi à travers le temps, ce qui est nécessaire pour l'établissement des contrats relatifs aux dettes entre agents économiques. Les prélèvements obligatoires (impôts ou cotisations) sont aussi fixés en monnaie. Enfin, la monnaie est le moyen le plus général de mesurer la richesse, quelle que soit la forme prise par celle-ci (instruments monétaires, actifs financiers, biens durables, propriétés foncières). Comme moyen de paiement, la monnaie permet d'abord à un agent économique de régler un achat ; à la différence du troc d'un bien contre un autre, l'échange monétaire suppose que l'acheteur d'un bien fournit à son vendeur un moyen de règlement accepté par tous. La monnaie permet aussi de se décharger d'une dette ou d'un impôt, en « apaisant » le créancier ou l'État. Enfin, la monnaie est la forme générale que prend le pouvoir d'achat, et son caractère de réserve de valeur en fait un des moyens de détention de la richesse. L'utilisation du même terme (par exemple, « le franc ») pour désigner l'unité de compte et le moyen de paiement introduit une confusion préjudiciable à la compréhension de la nature de la monnaie ; nos ancêtres de la Renaissance ou des XVIIe et XVIIIe siècles faisaient plus facilement la distinction, lorsqu'ils comptaient en « livres » et payaient en « écus ». L'unité de compte est une abstraction (on parlait autrefois de « monnaie imaginaire »), qui ne préjuge en rien des moyens utilisés pour effectuer les paiements ; ceux-ci sont au contraire des instruments concrets, qui peuvent être utilisés dans une communauté de paiement sans qu'existe une unité de compte (ainsi la fixation de gages ou d'une dot en pièces de monnaie déterminées). Une économie monétaire se caractérise précisément par l'articulation d'une unité de compte unique dans l'espace considéré et d'un ou de plusieurs moyens de paiement utilisés dans cet espace. Cela signifie que les grandeurs économiques sont mesurées dans l'unité de compte abstraite et que les opérations économiques sont exécutées par le transfert de moyens de paiement concrets, dont la valeur est elle-même définie dans l'unité de compte (ainsi un billet de 100 francs ou un chèque de 1 000 francs). Si l'existence de la monnaie entendue comme moyen de paiement remonte à l'Antiquité, la monnaie moderne entendue comme articulation d'une unité de compte abstraite et d'un moyen de paiement concret est une création du Moyen Âge européen. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats achat (pouvoir d') billet de banque carte de crédit chèque crédit échange écu - 2.ÉCONOMIE équivalent général impôt livre - 2.ÉCONOMIE prix richesse troc valeur marchande Les livres monnaie - le comptage des cauris, page 3268, volume 6 monnaie - billet émis sous l'empereur chinois Tai-Zu (1368-1399), page 3269, volume 6 La monnaie dans l'Antiquité Dès la période du paléolithique supérieur (de 35 000 à 10 000 ans avant notre ère), des objets furent spécialisés dans des fonctions symboliques de transfert liées à certains événements sociaux : naissance, mariage et mort, déclaration de guerre ou de paix, compensation de certaines fautes, offrandes aux dieux ; on les a baptisés pour cette raison « paléomonnaies », et on en trouve encore aujourd'hui des survivances dans certaines communautés. Ce n'est cependant que plus tard qu'une telle spécialisation fut étendue à l'échange ; le rôle des États fut essentiel dans cette évolution, que ce soit par l'encouragement du commerce à longue distance ou l'imposition de tributs ou de taxes. Le moyen de paiement prenait alors la forme d'un objet particulier, variable d'une société à une autre : blé et cuivre en Égypte, orge et blé en Mésopotamie, barres de fer chez les Hittites, mil et soieries en Chine, pièces de tissu et fèves de cacao dans les Empires mayas et aztèques, cauris (coquillages) et or dans les royaumes d'Afrique de l'Ouest, etc. Dans certains cas, des objets étaient fabriqués pour ce seul usage (modèles réduits de bêches et de couteaux en Chine, petits lingots d'argent estampillé en Inde). Les premières pièces de monnaie furent frappées au VIIe s iècle avant J.-C. en Asie Mineure et en Grèce. Les plus anciennes, apparues vers 650 avant J.-C. en Lydie, étaient en électrum, un alliage naturel d'or et d'argent. La ville grecque d'Égine utilisa l'argent vers 620 avant J.-C., et Crésus, roi de Lydie, frappa les premières pièces d'or vers 550 avant J.-C. La tétradrachme, monnaie d'argent athénienne des VIe et V e siècles avant J.-C., puis les pièces frappées par Alexandre le Grand au IV e siècle avant J.-C. circulèrent dans de nombreux pays. Après avoir utilisé comme les Étrusques des lingots de bronze, les Romains frappèrent des pièces à partir du IIIe siècle avant J.-C., sous l'influence des cités grecques d'Italie du Sud (le denier fut la principale monnaie romaine) ; la colonisation romaine répandit ces monnaies jusqu'en Afrique et en Asie, à un point qui devait être seulement dépassé par l'expansion coloniale européenne des XIXe et XXe siècles. Les Romains utilisèrent également une unité de compte, qui se confondait cependant avec une pièce (l'as, puis le sesterce). La tradition des monnayages hellénique et romain se perpétua en Perse avec la drachme et dans l'Empire byzantin, où le besant connut une stabilité et un rayonnement demeurés inégalés, puisqu'il resta inchangé du IVe siècle après J.-C. jusqu'à la chute de Constantinople devant les croisés en 1204. Le monnayage islamique subit ces influences : le dinar d'or (dont le nom vient du latin d enarius qui signifie denier) fut créé en 696 à l'imitation du besant, et le dirham d'argent le fut à celle de la drachme perse. Ces termes désignent encore aujourd'hui l'unité monétaire dans plusieurs pays arabes. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Alexandre le Grand argent cauris Crésus Égine Lydie or paléolithique sesterce Les livres Gaule - pièce de monnaie, page 2126, volume 4 Grèce - décadrachme de Syracuse, page 2226, volume 4 monnaie - statère grec d'argent, page 3269, volume 6 La monnaie métallique en Europe Les invasions barbares en Europe provoquèrent une dislocation du monnayage issu de l'Empire romain, mais c'est explicitement en référence au denarius que fut frappé le denier d'argent mérovingien dans la seconde moitié du VIIe siècle. La multiplication des frappes locales, parallèlement à la relance du commerce, conduisit, vers le Xe siècle, à l'apparition d'un système de compte destiné à assurer la conversion entre les diverses espèces. L'unité de base en fut le denier, dont la circulation se raréfia, avec pour multiples le sou (ou sol) et la livre. À l'origine pondéral, ce système devint ensuite purement abstrait, et l'échelle 1 livre = 20 sous = 240 deniers fut adoptée, avec quelques exceptions, dans toute l'Europe. Cela ne signifie pas qu'il existait une seule monnaie européenne. La définition de la livre de compte, c'est-à-dire sa relation avec une pièce centrale dans le système des paiements en vigueur, variait d'un pays à l'autre, et même à l'intérieur d'un pays (ainsi, la livre tournois et la livre parisis coexistèrent en France jusqu'au XVIe siècle). C'est même autour de cette définition que se cristallisaient les conflits entre les princes pour l'exercice de l'autorité monétaire. Par contraste, les meilleures pièces de chaque pays circulaient partout en Europe, mais à des cours légaux fixés en unité de compte nationale par chaque souverain. Pendant plusieurs siècles, l'Europe offrit ainsi l'exemple d'un système monétaire où l'unité de compte, bien qu'ayant le même nom, était différente dans chaque pays, et où les mêmes moyens de paiement circulaient partout, sous l'autorité de chaque État. L'expansion du commerce conduisit à la reprise des frappes de pièces d'or à Gênes en 1252. Le ducat de Venise et le florin de Florence devinrent ainsi les monnaies de référence pendant tout le Moyen Âge, mais l'essentiel de la circulation continua de s'opérer en pièces d'argent. La découverte de l'Amérique provoqua, à partir du XVIe siècle, un afflux de métaux précieux, auquel on attribua pendant longtemps les désordres monétaires constatés à cette époque. En fait, cet afflux concerna principalement l'argent, dont une grande part fut réexportée vers l'Asie, l'or alimentant surtout en Europe les transferts d'origine politique (guerres, rançons, etc.) ; le commerce international utilisait peu les espèces métalliques. Les désordres monétaires (et leur conséquence principale, la hausse des prix) avaient moins pour origine un accroissement exagéré de la quantité de monnaie en circulation que l'absence de cohérence dans les conditions de circulation des espèces nationales et étrangères, ou dans celles des espèces d'or et d'argent. La réforme monétaire de 1577 en France, sur l'initiative de Jean de Malestroit, et celle de 1717 en Angleterre, sur celle d'Isaac Newton, visaient à corriger ces défauts, en établissant les principes d'un régime monétaire métallique. Pendant les XVIIIe et XIXe siècles coexistèrent en Europe une zone monétaire fondée sur le monométallisme (étalon-or au Royaume-Uni, étalon-argent en Europe du Nord) et une zone fondée sur le bimétallisme (France). Le régime d'étalon-or se généralisa dans le monde développé dans le dernier quart du XIX e siècle, et il subsista sous des formes diverses jusqu'en 1971, date à laquelle il fut abandonné. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats argent bimétallisme Bodin Jean étalon [2] - 2.ÉCONOMIE florin livre - 2.ÉCONOMIE monométallisme Newton (Isaac) or Les médias monnaie - le thaler de Marie-Thérèse Les livres monnaie - la frappe des monnaies, XIVe siècle, page 3268, volume 6 monnaie - la frappe des monnaies, page 3269, volume 6 monnaie - l'habit de monnayeur, gravure allégorique de Larmessin (XVIIe siècle), page 3270, volume 6 monnaie - Le Changeur, peinture de Marinus van Reymerswael (vers 14931567), page 3270, volume 6 monnaie - thaler de Marie-Thérèse, impératrice d'Autriche (1780), page 3271, volume 6 monnaie - la Banque d'Angleterre en 1871, page 3271, volume 6 L'histoire de la monnaie bancaire Si les mondes hellénique et romain connurent les manieurs d'argent, qui recevaient des dépôts, changeaient les espèces et faisaient du prêt, c'est en Italie, à la fin du XIIe siècle, qu'apparut véritablement la monnaie bancaire, c'est-à-dire une monnaie de papier, créée par des agents privés, et qui se juxtaposait aux monnaies métalliques émises par les princes. L'instrument monétaire qui constitua ainsi une innovation, inconnue dans le monde antique et hors d'Europe, est la lettre de change. Son développement, contrôlé par des marchands-banquiers italiens, toscans et génois pour la plupart, fut lié à celui du commerce international en Europe. Un véritable réseau européen du change par lettres couvrit au XVIe siècle l'Europe de la chrétienté latine, et c'est lui, plus que les espèces frappées grâce aux métaux précieux venus d'Amérique, qui permit l'expansion commerciale de cette époque, comme en témoignent les foires (voir ce mot). Ce premier système bancaire privé multinational entra cependant en crise à la fin du XVIe siècle, à la fois en raison de son détournement partiel par les Génois vers la satisfaction des besoins financiers de la couronne espagnole, et de la réforme monétaire interne entreprise en France. La monnaie bancaire prit alors au XVIIe siècle une autre forme : celle de certificats d'or, c'est-à-dire des reçus remis aux déposants de métal ou d'espèces, et qui circulaient ensuite de main en main à la place de la monnaie métallique. La Banque d'Amsterdam, fondée en 1609, fonctionnait selon ce principe, et les orfèvres anglais se transformèrent aussi progressivement en banquiers. Dans la seconde moitié du siècle, l'habitude fut prise d'émettre des reçus sans dépôt préalable, ce qui revenait à créer de la monnaie ex nihilo. La fondation de la Banque d'Angleterre en 1694 marqua un tournant décisif dans les pratiques bancaires. La création de monnaie ne fut plus conçue comme la monétisation d'un métal précieux, à l'image de la frappe des espèces, mais, comme pour les lettres de change des marchands-banquiers italiens, elle fut liée à l'activité commerciale elle-même. Cette liaison s'opéra dès lors par l'escompte : contre des effets de commerce, matérialisant une activité de production et d'échange, on pouvait obtenir des billets de banque, moyennant le paiement d'un taux d'escompte. La valeur de ces billets était garantie par leur convertibilité en espèces d'or, sur demande et sans limite. Les soubresauts politiques en Europe à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle contraignirent l'Angleterre à faire une expérience inédite : celle de l'inconvertibilité. De 1797 à 1821 circulèrent parallèlement des espèces métalliques et des billets inconvertibles, ce qui suscita un débat sur la façon de garantir la valeur d'une monnaie de papier non rattachée à l'or. Pour l'essentiel, les clivages théoriques actuels sur cette question datent de cette époque. Le retour à la convertibilité fut l'occasion d'une légalisation de la création de monnaie bancaire en régime d'étalon-or : cette création devait être strictement limitée par les réserves en or de la Banque d'Angleterre, qui pouvait en outre agir sur la demande de crédit en faisant varier le taux d'escompte. Ces principes sanctionnèrent l'instauration d'une banque centrale, et demeurèrent en vigueur (à l'exception des années 1914-1925) jusqu'en 1931 ; l'inconvertibilité du billet de la Banque d'Angleterre pour les agents privés fut alors définitivement proclamée, et ce billet acquit un cours forcé. D'autres expériences de monnaie bancaire furent tentées. Le système de Law, mis en place en France entre 1716 et 1720, couplait une banque d'escompte et des compagnies commerciales par actions ; sa faillite suscita en France une méfiance durable envers la monnaie de papier, qui fut encore accrue par l'instauration du cours forcé des assignats gagés sur les biens nationaux confisqués par la Révolution. Des banques hypothécaires furent créées en Écosse au XVIIIe siècle, l'émission de billets étant gagée sur des titres de propriété foncière. Les greenbacks émis aux États-Unis pendant la guerre de Sécession ou les currency notes émis en Grande-Bretagne pendant la Première Guerre mondiale sont des exemples parmi d'autres de monnaies d'État créées en situation exceptionnelle. C'est cependant le modèle britannique de la Banque d'Angleterre qui s'est imposé et a façonné le type de système bancaire qui prévaut encore aujourd'hui, bien après l'abandon des monnaies métalliques et de l'étalon-or. La création de la Banque de France en 1800 et celle du Federal Reserve System en 1913 en sont une illustration. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Amsterdam assignat banque Banque d'Angleterre Banque de France billet de banque convertibilité des monnaies cours dépôts effets de commerce escompte étalon [2] - 2.ÉCONOMIE Federal Reserve System fiduciaire (monnaie) foires Gênes hypothèque Law John lettre de change Système monétaire international (SMI) Les médias monnaie - les moyens de paiement Les livres monnaie - tableau officiel de concordance des monnaies, 1914, page 3273, volume 6 monnaie - l'inflation allemande de 1923, page 3273, volume 6 Deux régimes monétaires L'histoire de la monnaie moderne peut se résumer comme étant le passage d'un régime de monnaie métallique à un régime de monnaie bancaire. Dans le premier, la création monétaire s'opère par la transformation, en espèces, de l'or ou de l'argent apporté par des agents privés à une institution publique, l'hôtel des monnaies, et par l'attribution à chaque espèce d'un cours légal de circulation en unité de compte, elle-même définie comme un poids d'or ou d'argent. Dans un tel régime peut exister une monnaie de papier, émise par des banques commerciales et ayant éventuellement cours légal (au sens où on ne peut la refuser), mais cette monnaie bancaire est liée à l'espèce par un principe de convertibilité à taux fixe, ce qui en régule l'émission. Dans un régime de monnaie bancaire, les banques commerciales émettent également de la monnaie en acceptant des créances apportées par des agents privés ou en leur ouvrant des lignes de crédit ; les dépôts ainsi engendrés par ces crédits peuvent être alors utilisés comme moyens de paiement. Au-dessus de ces « banques de second rang », une banque centrale, en général publique, est la « banque des banques ». Elle a un double rôle. D'une part, elle assure la compensation interbancaire, et pour cela fixe dans l'unité de compte du territoire le barème des monnaies bancaires. En effet, contrairement à une idée reçue, un franc émis par une banque commerciale n'est pas le même que celui émis par une autre ; l'acceptation des chèques tirés sur telle ou telle banque - et par conséquent l'utilisation des dépôts bancaires comme monnaie - suppose donc un principe de compensation organisé par une instance centrale. D'autre part, celle-ci refinance les banques commerciales, en réescomptant ou en prenant en pension les effets qu'elles détiennent, et en achetant ou en vendant des titres sur le marché monétaire. La création monétaire a donc principalement pour contreparties les crédits distribués aux agents économiques ainsi qu'à l'État ( voir masse monétaire ) ; elle est contrôlée par la banque centrale au moyen du taux d'intérêt et par l'imposition aux banques de réserves obligatoires en « monnaie centrale » (voir politique monétaire). Dans un régime de monnaie métallique, l'or ou l'argent est la base monétaire, c'est-àdire le pivot de tout le système d'émission et ce qui détermine la quantité totale de monnaie en circulation, quelle qu'en soit la forme. Dans un régime de monnaie bancaire, c'est la monnaie centrale (émise par la banque centrale) qui joue ce rôle. Mais, dans les deux cas, la création monétaire suppose à la fois une demande de monnaie émanant des agents privés et des règles d'émission fixées par une autorité publique. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats banque base monétaire chèque convertibilité des monnaies cours crédit dépôts étalon [2] - 2.ÉCONOMIE intérêt masse monétaire monométallisme politique monétaire quasi-monnaie réescompte refinancement régime - 2.ÉCONOMIE Les livres monnaie - assignat de 1 000 francs (1795), page 3271, volume 6 Deux conceptions de la monnaie Deux conceptions économiques s'opposent quant à la compréhension des phénomènes monétaires et à la mise en oeuvre d'une politique monétaire : une approche instrumentale et libérale et une approche institutionnelle et interventionniste. Selon la première, la monnaie n'est qu'un instrument du commerce : « Ce n'est pas l'un des rouages du négoce, mais l'huile qui rend le mouvement des rouages plus facile et plus doux. » (David Hume). Cette conception est le corollaire d'une vision de la société où le marché joue, seul, le rôle de régulateur. Elle conduit à priver l'État de tout rôle de coordination entre les agents privés, puisque ceux-ci sont tous marchands, liés naturellement entre eux dans cette « société commerçante ». Elle réduit aussi la monnaie à un simple voile qui habille les échanges et qu'il convient d'écarter pour analyser la réalité des phénomènes économiques. Toute tentative étatique de gestion active de la monnaie est, dès lors, jugée menaçante pour l'harmonie sociale, que les lois de la concurrence sont censées engendrer spontanément. Le coeur de cette approche est la théorie quantitative de la monnaie, résumée par Irving Fisher dans l'équation M . V = P . T : la vitesse de circulation de la monnaie V (c'està-dire le nombre moyen de transactions que peut assurer une unité de monnaie dans une période) étant donnée par les pratiques monétaires existantes, et le niveau réel des transactions T étant donné par la capacité de production de l'économie, à tout niveau de la quantité de monnaie M est associé un niveau général des prix P. Si M est exogène (déterminée par la production d'or ou d'argent ou par la création de monnaie centrale), une hausse de la masse monétaire plus rapide que celle de la production se traduit nécessairement par de l'inflation. Le principe premier d'une politique monétaire, tel qu'il est énoncé par les défenseurs du monétarisme ( voir ce mot), par exemple Milton Friedman, consiste donc à fixer une norme de croissance de la masse monétaire proche du taux de croissance du PNB. Selon l'approche institutionnelle et interventionniste, qui s'inscrit dans la lignée du keynésianisme ( voir ce mot ), la monnaie n'est pas un appendice, mais la condition même de l'existence du marché, et sa gestion appropriée permet d'agir favorablement sur l'ensemble de l'économie. En particulier, le principe d'émission de la monnaie bancaire, qui permet à une catégorie d'agents, les entreprises, d'obtenir de la monnaie pour financer un projet d'activité, est un facteur de dynamisme économique, car, comme l'observait John Maynard Keynes, « il permet aux entrepreneurs d'aller de l'avant avec assurance ». Seule la puissance publique peut en fin de compte garantir l'émission de cette monnaie, même si le succès de son intervention n'est pas assuré, en raison d'une tendance des agents privés à considérer la monnaie autant comme richesse que comme moyen de paiement. Le coeur de cette approche est la théorie de la préférence pour la liquidité : seule la perception d'un taux d'intérêt suffisant sur les actifs financiers peut conduire les agents à accepter de détenir leur richesse sous cette forme plutôt que sous celle de monnaie. Mais le taux d'intérêt est aussi un coût financier pour l'entreprise : plus il est élevé, et moins elle est disposée à investir. Le fonctionnement d'une économie de marché n'est pas susceptible de déterminer un niveau du taux d'intérêt compatible avec ces deux exigences contradictoires, et il engendre en général un niveau d'investissement trop faible pour absorber toute la main-d'oeuvre disponible (sous-emploi). C'est le rôle des autorités monétaires d'abaisser le taux d'intérêt sans susciter une augmentation de la préférence pour la liquidité, et de fournir toute la monnaie demandée, la quantité de monnaie en circulation étant alors endogène. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats crise économique - La crise des années trente déflation disponibilités monétaires et quasi monétaires économie endogène Fisher Irving fonds prêtables Friedman Milton inflation intérêt IS-LM (modèle) Keynes John Maynard keynésianisme liquidité marché masse monétaire monétarisme numéraire open market policy politique monétaire quantitativisme théories économiques (histoire des) vitesse de circulation de la monnaie voile monétaire Le rôle des banques centrales en question L'évolution récente des marchés financiers a entraîné de profondes modifications dans le régime de monnaie bancaire. Leur déréglementation et leur décloisonnement, ainsi que la libéralisation internationale des mouvements de capitaux, ont permis aux entreprises et aux banques de se financer davantage sur le marché monétaire, approvisionné par l'épargne liquide des particuliers. La régulation monétaire par la banque centrale est ainsi de plus en plus difficile, en même temps que le système monétaire est fragilisé par des phénomènes spéculatifs caractéristiques des marchés financiers. Cette évolution a suscité une radicalisation des positions des économistes sur l'organisation d'un régime monétaire. Certains d'entre eux, à la suite de Friedrich von Hayek, plaident pour l'accélération de ce processus, et la suppression pure et simple des banques centrales. Transposant à l'intérieur de chaque pays le principe des changes flottants en vigueur au plan international, ils préconisent l'adoption de monnaies concurrentielles : chaque banque pourrait librement émettre sa monnaie, gagée sur un portefeuille d'actifs dont la valeur varierait chaque jour sur le marché ; il y aurait ainsi dans une même économie plusieurs monnaies bancaires, et les agents privés choisiraient d'utiliser l'une ou l'autre selon leurs valeurs respectives. D'autres économistes, à l'inverse, soulignent avec Hyman Minsky que le risque de fragilité financière, porteur de crises comparables à celle des années trente, ne peut être conjuré que par une extension des prérogatives de la banque centrale, qui institutionnalise son rôle de prêteur en dernier ressort : en garantissant les banques commerciales contre les effets des risques de non-remboursement par leurs débiteurs, et en fournissant de la liquidité en cas de turbulences des marchés financiers, la banque centrale évite la propagation des faillites. Mais ce sauvetage du système monétaire et financier se paie d'un report sur l'ensemble de la société, à travers ses effets sur l'inflation ou le taux de change, des conséquences des erreurs commises par des banques ou par des entreprises privées ; il doit donc avoir pour contrepartie un contrôle public accru des conditions d'octroi du crédit. Dans ces attitudes, aujourd'hui opposées, se manifeste ainsi la perception ancienne que la monnaie, comme unité de compte et comme moyen de paiement, est le lien social fondamental dans les économies modernes. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats banque crise économique - Quelques diagnostics sur les années récentes crise économique - Une crise pour la fin du siècle ? Fonds de stabilisation des changes free-banking Hayek (Friedrich von) marché monétaire marchés financiers prêteur en dernier ressort régime - 2.ÉCONOMIE Système monétaire international (SMI) Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats c ommerce numismatique Les indications bibliographiques M. Aglietta, Macroéconomie financière, La Découverte, Paris, 1995. S. Diatkine, Institutions et mécanismes monétaires, Armand Colin, Paris, 1992. G. Jacoud, la Monnaie dans l'économie, Nathan, Paris, 1994. C. P. Kindleberger, Histoire financière de l'Europe occidentale, Economica, Paris, 1989.

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Ce n'est cependant que plus tard qu'une telle spécialisation fut étendue à l'échange ; le rôle des États fut essentiel dans cette évolution, que ce soit par l'encouragement du commerce à longue distance ou l'imposition de tributs ou de taxes. Le moyen de paiement prenait alors la forme d'un objet particulier, variable d'une société à une autre : blé et cuivre en Égypte, orge et blé en Mésopotamie, barres de fer chez les Hittites, mil et soieries en Chine, pièces de tissu et fèves de cacao dans les Empires mayas et aztèques, cauris (coquillages) et or dans les royaumes d'Afrique de l'Ouest, etc.

Dans certains cas, des objets étaient fabriqués pour ce seul usage (modèles réduits de bêches et de couteaux en Chine, petits lingots d'argent estampillé en Inde). Les premières pièces de monnaie furent frappées au VII e siècle avant J.-C.

en Asie Mineure et en Grèce.

Les plus anciennes, apparues vers 650 avant J.-C.

en Lydie, étaient en électrum, un alliage naturel d'or et d'argent.

La ville grecque d'Égine utilisa l'argent vers 620 avant J.-C., et Crésus, roi de Lydie, frappa les premières pièces d'or vers 550 avant J.-C.

La tétradrachme, monnaie d'argent athénienne des VI e et V e siècles avant J.-C., puis les pièces frappées par Alexandre le Grand au IV e siècle avant J.-C.

circulèrent dans de nombreux pays. Après avoir utilisé comme les Étrusques des lingots de bronze, les Romains frappèrent des pièces à partir du III e siècle avant J.-C., sous l'influence des cités grecques d'Italie du Sud (le denier fut la principale monnaie romaine) ; la colonisation romaine répandit ces monnaies jusqu'en Afrique et en Asie, à un point qui devait être seulement dépassé par l'expansion coloniale européenne des XIX e et XX e siècles.

Les Romains utilisèrent également une unité de compte, qui se confondait cependant avec une pièce (l'as, puis le sesterce). La tradition des monnayages hellénique et romain se perpétua en Perse avec la drachme et dans l'Empire byzantin, où le besant connut une stabilité et un rayonnement demeurés inégalés, puisqu'il resta inchangé du IV e siècle après J.-C.

jusqu'à la chute de Constantinople devant les croisés en 1204.

Le monnayage islamique subit ces influences : le dinar d'or (dont le nom vient du latin denarius qui signifie denier) fut créé en 696 à l'imitation du besant, et le dirham d'argent le fut à celle de la drachme perse.

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