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LORRAINE (littér.)

Publié le 23/01/2019

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LORRAINE (littér.). Les premiers textes littéraires lorrains sont rédigés en latin par des clercs comme l'abbé bénédictin Reginon de Prüm (f apr. 907), dont la Chronique universelle sera continuée par un autre moine de l'abbaye de Saint-Maximin, Rimerius (apr. 977). Un religieux anonyme de Saint-Èvre-lès-Toul est l'auteur de l'Ecbasis captivi, roman allégorique qui développe pour la première fois les thèmes du Roman de Renart; dom Jean, abbé de Hauteseille, rédige à la fin du xiie s. un roman, Dolopathos, dont la traduction en dialecte, au début du xiiie s., marquera les débuts de la littérature en langue vulgaire.

 

C'est à Metz qu'est probablement rédigée l'épopée de la Geste des Lorrains, au XIIe s. pour les deux premiers livres (Garin le Lorrain et Gerbert de Metz), au xive s. pour les trois autres (Hervis, Anséis et Yon de Metz). Vers 1312, Jacques de Longuyon est l'auteur des Vœux du paon. En poésie, Gautier d'Épi-nal, à la fin du xiie s., et Thiébaut II de Bar (1239-1291) cultivent le lyrisme, mais l'œuvre majeure est celle de Cofin Muset. Vers 1285, Jacques Bretel relate, en vers, les fêtes du Tournoi de Chau-vency; la Guerre de Metz (1324) n'est autre qu'un recueil de poèmes politiques et satiriques. Dans le genre encyclopédique, Gossuin, moine messin de l'abbaye de Saint-Arnoul, donne en 1245 une Image du monde qui connaît le plus grand succès.

 

Comme ailleurs, le théâtre attire les foules avec ses représentations de mystères, et, dans ce domaine, la ville de Metz est citée dès 1405. À la fin du xve s., Philippe Gérard, dit « de Vigneulles », commence un Journal et une Chronique, tout en donnant une version en prose de Garin le Lorrain et le recueil des Cent Nouvelles ou Contes joyeux (1515). L'œuvre de Philippe de Vigneulles est importante aussi parce que, rédigée dans un français où ne figurent plus que quelques traces de patois local, elle marque l'abandon du dialecte en honneur depuis trois siècles. À l'inverse, la création, à la fin du xve s., du « gymnase vosgien » de Saint-Dié, l'une des plus anciennes associations littéraires d'Europe, permet aux savants de l'époque de revenir au latin. Cependant, c'est en français que, vers 1525, Volcyr de Serrouville (1542) se fait le chroniqueur de la maison de Lorraine.

 

Si la création de l'université lorraine de Pont-à-Mousson (1574) cristallise les activités intellectuelles, le mysticisme va aussi se développer avec Alphonse de Ramberviller ( 1552-1633), qui publie, en 1603, les Dévots Élancements du poète chrétien.

 

Après la décadence qu'entraînent les événements politiques du xviie s., une vie littéraire renaît au xvme, notamment par la création, en 1750, de la Société royale des sciences et belles-lettres de Nancy. La cour de Lunéville est, à l'époque de Stanislas Leszczynski, un centre de la vie intellectuelle et mondaine. Le rattachement à la France, en 1766, coïncidera cependant avec un renouveau de la littérature patoisante, que domine Chan Heurlin (1787), poème en patois messin d'Albert Brondex (1736-1797). Mais, dès lors, les grands écrivains lorrains ont leur place dans l'ensemble de la littérature française, et la Lorraine, après le drame de 1870, apparaîtra même, avec Barrés, comme le lieu privilégié du génie français.

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