MAETERLINCK (Maurice)
Publié le 23/01/2019
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MAETERLINCK (Maurice), écrivain belge d'expression française (Gand 1862 - Nice 1949). Élève au collège des Jésuites de Gand, il entreprend des études de droit à l'université de la même ville. Tout en s'inscrivant au barreau, le jeune avocat écrit des vers parnassiens qu'il soumet à la Jeune Belgique, traduit les œuvres de Jan Van Ruusbroec (qu’A rebours de Huysmans lui a révélé) et noue des relations dans les milieux littéraires de Paris, où il fonde, avec E. Mikhaël, R. Darzens et P. Quillard une revue, la Pléiade (1886). En 1889 paraissent Serres chaudes, poèmes de l'introspection décadente traversés d’images fulgurantes. Mais c'est sa première pièce de théâtre (la Princesse Maleine, 1889) qui arrache à Octave Mirbeau une critique enthousiaste (« au-dessus du meilleur Shakespeare » écrit-il dans le Figaro} : un élan de curiosité se déclenche dans les milieux littéraires et les jeunes troupes parisiennes se disputent le droit de monter son œuvre. Maeterlinck destinait surtout son théâtre à la lecture ; il confie cependant l'intruse (1890) au Théâtre d'Art de Paul Fort et va mettre au point — des Aveugles (1890) aux petits drames pour marionnettes (Alla-dine et Palomides, Intérieur, la Mort de Tintagiles, 1894) en passant par les Sept Princesses ( 1891 ) et Pelléas et Mélisande (1892) — une écriture originale qui permettra de donner corps aux « énormes puissances, invisibles et fatales, dont nul ne sait les intentions », et qui, de son propre aveu, habitent son univers théâtral. L'influence de la philosophie de Schopenhauer et de Hartmann est encore très sensible dans ce « premier théâtre », mais les considérations morales et philosophiques du Trésor des humbles (1896) tentent de la dépasser : Novalis (dont Maeterlinck traduit les Disciples à Sais en 1895), Emerson, Platon, Plotin, Carlyle, sans doute Bergson font désormais partie de son horizon spirituel. Le mouvement symboliste lui-même va d'ailleurs s'ouvrir au renouveau vitaliste qui supplante l'idéalisme pessimiste de la génération de 1880.
Avec Aglavaine et Sélysette ( 1896), qui inaugure son « deuxième théâtre », Maeterlinck indique une issue au tragique et provoque « une sorte de réconciliation dans l'irrémédiable » (N. Ber-diaeff). Un essai, la Sagesse et la Destinée (1898), trahit un penchant à la réflexion métaphysique qui ne fera que s'accentuer, avec des bonheurs divers, dans le Temple enseveli (1902), le Double Jardin (1904), la Mort (1913), l'Hôte inconnu (1917), le Grand Secret (1921). La nature lui inspire d'autre part, sinon des véritables travaux d'entomologiste {la Vie des abeilles, 1901 ; la Vie des termites, 1926; la Vie des fourmis, 1930), du moins des chefs-d'œuvre d'observation et de description vivante : il y est question autant de l'observant que de l’observé.
Après la prose moins théâtrale que poétique de Monna Vanna (1902), Maeterlinck se consacre à une féerie qui doit
beaucoup à Grimm (Hànsel et Gretel) et à Novalis (Rosenblütchen), vrai « Mâr-chen initiatique » (P. Gorceix) sous le couvert duquel l’écrivain pose la question du mystère de l'existence et du secret du bonheur : l'Oiseau bleu (1909) marque l'apogée d'une carrière que vient consacrer, en 1911, le prix Nobel. La Première Guerre mondiale provoquera chez Maeterlinck un élan patriotique (les Débris de la guerre, 1916) et lui inspirera un drame (le Bourgmestre de Stil-monde, 1919). Mais alors que les Fiançailles (1922) se veulent une suite de l'Oiseau bleu, cette pièce inaugure le « troisième théâtre » de l'auteur (Le malheur passe, 1925 ; la Puissance des morts, 1926; Marie- Victoire, 1927; la Princesse Isabelle, 1935), caractérisé surtout par la virtuosité technique. Quelque peu oubliée aujourd'hui, l'œuvre de Maeterlinck, tout imprégnée du mystère de la mort, est moins du penseur qu'il voulait être que d'un « styliste de la pensée ».
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