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Musil (Robert von), 1880-1942, né à Klagenfurt, écrivain autrichien.

Publié le 15/11/2013

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Musil (Robert von), 1880-1942, né à Klagenfurt, écrivain autrichien. Les multiples formations qu'il reçut ne le menèrent pas directement à la littérature. Il fréquenta une école militaire jusqu'à 17 ans, puis suivit des cours d'ingénieur. Il se lança ensuite dans l'étude de la logique, de la philosophie et de la psychologie expérimentale. Lorsqu'il termina son doctorat en 1908, il avait déjà publié un premier roman (les Désarrois de l'élève Törless, 1906), fondé sur ses souvenirs de l'école militaire et sur la confrontation entre la force psychologique et une lâche soumission. Le livre fut très apprécié, et Musil décida alors de se lancer dans la carrière littéraire. L'oeuvre suivante (Noces, 1911) fut mal reçue : on en jugea les nouvelles trop complexes. Sa pièce de théâtre (les Exaltés, 1921) n'obtint guère plus de succès. Le recueil de nouvelles Trois femmes (1924) fut récompensé d'un prix, mais cela ne soulagea guère les difficultés financières de l'écrivain. Bibliothécaire puis officier pendant la guerre, il perdit son poste de fonctionnaire en 1922. Il vécut ensuite d'avances et de soutiens divers. Une somme romanesque. Il travaillait alors à son grand roman, l'Homme sans qualités, dont les deux premiers volumes parurent en 1930 et en 1933. À sa mort, l'oeuvre n'était toujours pas achevée, et c'est à partir d'un manuscrit incomplet qu'on fit paraître un dernier volume (1952). On commençait alors à reconnaître les innovations formelles et la virtuosité de composition de l'Homme sans qualités. Qualifier cette somme de roman est sans doute erroné. On peut certes y reconstituer une histoire : le premier tome traite des possibilités offertes au jeune savant Ulrich au sein d'une société imaginaire (dont Musil fait une peinture satirique) ; le second tome relate sa rencontre mystique, quasi incestueuse, avec sa soeur Agathe, sorte de double féminin. Mais toute la narration est émaillée de réflexions, de discours et de récits parallèles qui prennent une extension telle qu'ils suscitent chez le lecteur une prise de distance qui amène à considérer le récit dans une sorte de relais perpétuel. Si l'Homme sans qualités est un roman, c'est alors un roman expérimental proche de l'essai. Musil y ouvre un espace dynamique au sein duquel se font écho les discours (scientifiques, mondains, journalistiques) et les styles : à la précision scrupuleuse de certaines descriptions répondent des métaphores imprévisibles. Ce mélange de rigueur et d'imagination reflète la dualité d'un écrivain partagé entre science et mysticisme, mais cela va plus loin encore : Musil, sorte d'ingénieur de la morale, charge son roman d'une « ironie constructive » ; il en fait non pas un reflet, mais un pivot, le point de rencontre imaginaire de tous les discours. Avec cette oeuvre qu'il n'a pu terminer, il parachève l'idée même de l'inachèvement et laisse en héritage une somme romanesque du XXe siècle. Il n'en demeure pas moins que, comme l'Ulysse d e Joyce, l'Homme sans qualités fut à l'origine du « soupçon » qui pesa sur le roman traditionnel dès les années cinquante. En multipliant les fils conducteurs de l'intrigue, les registres de discours, en montrant l'impossibilité de concevoir le personnage comme un bloc monolithique et l'action comme une simple linéarité, Musil avait déjà battu en brèche toute une tradition séculaire de réalisme romanesque. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Autriche - Arts Autriche - Arts - Littérature Broch Hermann Doderer (Heimito von) réalisme - Le réalisme en littérature - Le réalisme au XXe siècle Schlöndorff Volker

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