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mythe.

Publié le 15/11/2013

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mythe. n.m., au sens commun, représentation idéalisée d'une personne ou d'un événement déterminant un phénomène de croyance collective en leur valeur exemplaire (le mythe de Napoléon, le mythe de Faust). Au sens strict, le mythe est le récit fabuleux d'un événement passé, présenté comme l'origine d'une conduite humaine actuelle. On englobe alors sous ce terme tous les récits d'événements fondateurs du lien social transmis de génération en génération dans le cadre d'une société donnée (comme le mythe d'OEdipe pour l'aire culturelle européenne). Certains mythes peuvent n'être accessibles qu'à travers des textes hérités d'une époque historique antérieure (la mythologie dite classique par exemple). D'autres, au contraire, continuent à se transmettre oralement au sein d'une société, et servent aux individus d'outils d'interprétation du monde et d'ajustement de leurs actions respectives (récits oraux des griots en Afrique). On peut par ailleurs distinguer deux types de récits, selon qu'ils mettent en scène des êtres surnaturels et extraordinaires (la mythologie indienne ou grecque), ou qu'ils se présentent comme des récits apparemment plausibles portant sur des êtres humains donnés comme historiques (la tradition latine). Le mythe comme illusion collective. L'usage du terme s'est aujourd'hui généralisé dans le discours politique pour dénoncer toute forme de croyance collective constituant un obstacle à la reconnaissance de la vérité et au développement de la justice sociale. Le terme de mythe peut alors désigner indifféremment la revendication d'une communauté imaginaire (le mythe de la race, de la nation, de la république), une représentation idéalisée de l'avenir (le mythe du communisme), ou plus simplement une description trompeuse du monde présent (le mythe de la société de consommation, de l'égalité des chances...). Cette utilisation polémique de la notion de mythe le réduit à une vision déformée et déformante de la réalité qui ne peut être d'aucune efficacité pour résoudre les problèmes des hommes. Elle lui oppose la nécessité et la supériorité d'une vision rationnelle des choses. Cette opposition tranchée entre mythe et raison, entre vision magique et vision scientifique du monde, méconnaît cependant l'efficacité sociale du mythe, du fait de sa capacité à réduire temporairement l'incertitude de notre action sur le monde. La prise de conscience actuelle des limites de la raison scientifique pour maîtriser les affaires humaines donne ainsi tout son sens aux efforts des anthropologues qui ont su reconnaître au mythe, entendu au sens strict, la fonction d'un instrument d'organisation et de connaissance du monde social. Cette reconnaissance n'a été possible que par le dépassement d'un point de vue ethnocentriste réduisant les mythes à des « enfantillages », et par la prise en considération de la valeur des mythes issus d'autres cultures que la culture européenne. Le savoir du mythe. La mythologie comparée contemporaine, dont le plus grand représentant est Georges Dumézil, a pu ainsi montrer comment les mythes de la tradition indo-européenne permettaient de rendre compte de la structure idéologique profonde des sociétés qui nous les ont légués. La mise au jour de correspondances entre les mythes, les rituels et les organisations religieuses des divers peuples indo-européens a conduit Dumézil à identifier l'idéologie des trois fonctions (fonctions religieuse, guerrière et productive) en tant que principe fondateur de l'organisation des sociétés qu'il étudiait. Mais le mythe n'est pas seulement le moyen de constitution d'un savoir pour celui qui l'étudie, il est lui-même un savoir. L'anthropologie structurale inaugurée par Lévi-Strauss a su montrer comment le mythe vivant représentait un outil de « bricolage intellectuel » du monde. « Science du concret », la pensée mythique permet à l'homme « d'élaborer des structures » sociales en effectuant des rapprochements ou des oppositions entre les objets (hommes et choses) par analogie avec ceux opérés par le mythe entre les événements qu'il relate. Ainsi, le mythe d'Adiswal, qu'analyse Lévi-Strauss, fait ressortir, par l'agencement des événements qui caractérisent le voyage du héros, l'homologie entre des oppositions naturelles, haut/bas, montagne/mer, amont/aval, hiver/été, et des oppositions d'ordre sociologique, filiation/alliance, chasse/pêche, endogamie/exogamie. Il rappelle ainsi aux individus les problèmes que pose pour la société Tshimsian (dont le mythe est issu) le mariage entre cousins croisés, négation d'une différence équivalente à ces oppositions. Avec le mythe, l'individu dispose d'un code lui permettant de généraliser le contenu de son action en « agençant ces résidus et ces débris d'événements » (Lévi-Strauss), ces « témoins fossiles de l'histoire d'une société » que le mythe lui présente. Il importe peu en conséquence que le mythe soit une histoire « vraie » ou « fausse » : sa structure permet de construire des oppositions pertinentes pour s'orienter dans la vie sociale. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Dumézil Georges Égypte - Religion Eliade Mircea Grèce - Religion - La religion de la Grèce ancienne Lévi-Strauss Claude Maoris mythologie mythologie - Introduction mythologie - Universalité de la pensée mythologique rites roman - Le temps de la fiction Rome - Religion antique

« principe fondateur de l'organisation des sociétés qu'il étudiait.

Mais le mythe n'est pas seulement le moyen de constitution d'un savoir pour celui qui l'étudie, il est lui-même un savoir. L'anthropologie structurale inaugurée par Lévi-Strauss a su montrer comment le mythe vivant représentait un outil de « bricolage intellectuel » du monde.

« Science du concret », la pensée mythique permet à l'homme « d'élaborer des structures » sociales en effectuant des rapprochements ou des oppositions entre les objets (hommes et choses) par analogie avec ceux opérés par le mythe entre les événements qu'il relate.

Ainsi, le mythe d'Adiswal, qu'analyse Lévi-Strauss, fait ressortir, par l'agencement des événements qui caractérisent le voyage du héros, l'homologie entre des oppositions naturelles, haut/bas, montagne/mer, amont/aval, hiver/été, et des oppositions d'ordre sociologique, filiation/alliance, chasse/pêche, endogamie/exogamie.

Il rappelle ainsi aux individus les problèmes que pose pour la société Tshimsian (dont le mythe est issu) le mariage entre cousins croisés, négation d'une différence équivalente à ces oppositions. Avec le mythe, l'individu dispose d'un code lui permettant de généraliser le contenu de son action en « agençant ces résidus et ces débris d'événements » (Lévi-Strauss), ces « témoins fossiles de l'histoire d'une société » que le mythe lui présente.

Il importe peu en conséquence que le mythe soit une histoire « vraie » ou « fausse » : sa structure permet de construire des oppositions pertinentes pour s'orienter dans la vie sociale. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Dumézil Georges Égypte - Religion Eliade Mircea Grèce - Religion - La religion de la Grèce ancienne Lévi-Strauss Claude Maoris mythologie mythologie - Introduction mythologie - Universalité de la pensée mythologique rites roman - Le temps de la fiction Rome - Religion antique. »

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