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orientalisme.

Publié le 16/11/2013

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orientalisme. n.m., nom donné à tout un courant de la littérature et de la peinture exprimant le goût et l'attirance des écrivains et des peintres pour ce qui vient de l'Orient. Littérature. Pour que ce goût s'affiche, il fallut au préalable que la civilisation occidentale se fût durablement séparée de l'Orient, ce qui se produisit avec le dédoublement dans l'Antiquité tardive de l'Empire romain et avec la séparation des Églises de Rome et de Byzance. Mais il fallut aussi que des passerelles puissent s'établir. Les croisades durant le Moyen Âge et le développement des échanges commerciaux et culturels à partir de la Renaissance favorisèrent de telles relations. Marco Polo, dès le début du XIVe siècle, livra la fascination de l'Orient dans son Livre des merveilles du monde. Camões (les Lusiades, 1572) et le Tasse (la Jérusalem délivrée, 1575) firent de même au XVIe siècle. Au XVIIe siècle, l'Orient ne fut souvent qu'un prétexte pour les romans galants (Mlle de Scudéry, Artamène ou le Grand Cyrus, 1649-1653), ou l'argument comique des « turqueries » du Bourgeois gentilhomme de Molière, mais le développement de la science orientaliste permit bientôt un exotisme moins clinquant, dont témoigne la remarquable adaptation par Antoine Galland des Mille et Une nuits (1704-1717). L'Orient séduisait autant par son luxe et sa sensualité (inspirant ainsi des récits libertins comme le Sopha de Claude Crébillon, 1740) que par la sagesse proverbiale qu'on lui reconnaissait. Ainsi, les Lettres persanes (1721) de Montesquieu ou Zadig (1748) de Voltaire orchestrèrent avec succès la rencontre entre la philosophie des Lumières et celle de l'Orient. Friand de nouveaux horizons, l'écrivain romantique fut le vrai pionnier du « voyage en Orient », motif récurrent chez Chateaubriand, Byron, Nerval, pour ne citer qu'eux. Des Orientales (1828) de Victor Hugo aux parfums capiteux des Fleurs du mal (1857) de Baudelaire, les poètes recréaient tout un univers de volupté auquel Flaubert lui-même succomba dans les « faubourgs de Mégara » (Salammbô, 1862). Au XXe siècle, les romans d'Henri de Monfreid et de Victor Segalen révélèrent un monde plus quotidien aux saveurs plus immédiates. De son côté, Pierre Loti (Aziyadé, 1879 ; Vers Ispahan, 1904) trouvait dans le « fantôme d'Orient » l'objet suprême d'une quête spirituelle douloureuse. Les poésies de Claudel (Connaissance de l'Est, 1900-1907) ou de Saint-John Perse (Anabase, 1924) témoignaient encore d'une vision mythique de l'Orient jusqu'à ce que Paul Nizan, dans Aden Arabie (1932), n'en dénonce l'utopie. Le désenchantement suscité par la décolonisation, le nouveau visage de la Chine communiste ont certainement contribué au dépérissement de l'orientalisme traditionnel. Il n'en reste pas moins que pour la culture occidentale l'Orient est toujours le lieu de « l'autre » par excellence. Mais, par la séduction qu'exerce sur nous aujourd'hui la littérature japonaise par exemple, on s'aperçoit que l'orientalisme devient davantage une sensibilité à d'autres cultures que le reflet de mythologies construites par nos propres soins. Beaux-arts. Comme l'illustrent certaines oeuvres du Tintoret (Bataille entre Turcs et chrétiens) ou de Véronèse, c'est à Venise au XVIe siècle que l'Orient commença à inspirer la peinture européenne. Au XVIIe siècle, les récits des missionnaires et les fastes des visiteurs turcs ou persans suscitèrent la curiosité et inspirèrent des peintres comme Rubens (Portrait de Moulay Ahmed) et Rembrandt (le Festin de Balthazar, 1635). Le XVIIIe siècle se créa un Orient de théâtre et de charme, sans grand rapport avec le réel. La turquerie étant à la mode, Melle de Clermont se faisait peindre en sultane par Jean-Marc Nattier (1743), Carle Van Loo ornait de motifs orientaux la chambre de Mme de Pompadour à Bellevue (1755), Marie-Antoinette dotait le château de Fontainebleau d'un boudoir turc (1777), tandis qu'à Marly Mme du Barry faisait installer des panneaux turcs. L'Orient devenait ainsi « l'ailleurs » mythique par excellence et offrait tout un éventail de rêveries exotiques comme en témoignent les fresques de Tiepolo à Würzburg ou les harems de Francesco Guardi. Rares étaient pourtant ceux qui se laissaient tenter par le voyage ; le séjour à Constantinople du Suisse Jean Étienne Liotard (Femme turque au tambourin) et celui de Jean-Baptiste Hilaire (Vue d'une place publique en Orient) font figure d'exception. L'Orient, un rêve romantique. Au XIXe siècle, ce furent les événements politiques qui focalisèrent les regards sur l'Orient. De l'expédition d'Égypte, Dominique Vivant Denon rapporta d'innombrables dessins qui constituèrent une précieuse documentation. La campagne militaire elle-même donna lieu à des représentations distancées de Guérin et de Girodet-Trioson, mais il revint au baron Antoine Gros, précurseur du genre romantique avec le Combat de Nazareth (1801) et surtout Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa (1804), de frapper les imaginations, entre autres celle du jeune Géricault, qui exprimait alors son goût pour les thèmes orientaux dans Chasse au lion, Cavalier turc et ses portraits de Noirs. En 1821, le soulèvement grec, au cours duquel le poète Byron devait trouver la mort, toucha la sensibilité de Géricault et de Delacroix. Ce dernier peignit Scènes des massacres de Scio (1824), puis, subissant à son tour la fascination d'un Orient mythique, la Mort de Sardanapale (1828) aux couleurs éclatantes. Tenant un salon « orientaliste » en vogue, le peintre et collectionneur M. Auguste pouvait prêter aux peintres les accessoires indispensables à la réalisation des oeuvres. Les peintres du voyage. À partir de 1830, date de la conquête de l'Algérie, les peintres commencèrent à se rendre sur le terrain. Delacroix surtout partit en 1832 au Maroc, où il multiplia les croquis et les aquarelles comme autant d'esquisses des toiles futures (Femmes d'Alger dans leur appartement, 1834). Cette vogue du voyage en Orient donna naissance à toute la génération de ceux que l'on baptise « orientalistes » dans la lignée d'Alexandre Decamps (1803-1860), dont la peinture joue sur des contrastes saisissants d'ombre et de lumière (Ronde turque, 1831). Ses émules Belly, Laurens ou Flandrin surent exploiter un genre qui plaisait au grand public. Ingres ne fit pas le voyage, préférant sans doute rêver d'un Orient voluptueux (l'Odalisque à l'esclave, 1839 ; le Bain turc, 1863). Des peintres comme Adrien Dauzats en 1839 et Horace Vernet en 1842 furent envoyés en Algérie par LouisPhilippe pour illustrer les campagnes militaires. Théodore Chassériau, qui se rendit lui aussi en Algérie en 1846, privilégia l'observation de l'expression des visages, souvent mélancoliques. Dans des toiles comme le Tepidarium, il mêle le goût de l'antique et la sensualité orientale. Les paysages en demi-teinte d'Eugène Fromentin, séduit par l'Algérie, mais hostile à un exotisme tapageur, ne connurent alors que peu de succès. Dehodencq marqua, quant à lui, une préférence pour les scènes animées de la rue et les ambiances de foule. L'exotisme à la manière de Decamps continua de susciter des disciples, les « néocoloristes », Ziem (1821-1911) ou Tournemine (1812-1872). Délaissant ensuite l'ornementation traditionnelle, le courant orientaliste s'attacha à restituer l'atmosphère de la vie quotidienne, tombant souvent de façon malheureuse dans l'anecdote et le pittoresque. Regnault, fondateur de la très académique Société des peintres orientalistes français, Clairin, Gérôme, Bonnat fignolèrent des scènes d'un réalisme quasi photographique, mais non dénuées de théâtralité. Complétez votre recherche en consultant : Les livres orientalisme - Laghouat, Sahara algérien, par Guillaumet, page 3626, volume 7 orientalisme - Étude de femmes arabes, par Delacroix, page 3626, volume 7 orientalisme - Intérieur de la palmeraie de l'île aux Paons de Berlin, par Karl Blechen, page 3626, volume 7 Une diffusion européenne. Le reste de l'Europe n'a pas échappé à la vague orientaliste avec Ludwig Deutsch ou Charles Wilda en Autriche, Giuseppe Signorini ou Giulio Rosati en Italie, Gyulia Tornai en Hongrie... Chez tous ces peintres, une même lumière crue, un souci méticuleux du détail sont de rigueur. L'Angleterre a fait exception à cette règle avec les aquarellistes Kelly et Lamplough, qui ont su rendre la fluidité de la lumière du désert, et sir Franck Brangwyn (1867-1956), dont la vision pleine de puissance (Un café maure) tranche sur l'académisme léché de ses contemporains. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Asie - Histoire - Aux sources de l'orientalisme Decamps Alexandre Gabriel Delacroix Eugène exotisme fantastique Fromentin Eugène Samuel Auguste Galland Antoine Gérôme Jean Léon Guardi Francesco Ingres Dominique japonisme Loti (Julien Viaud, dit Pierre) Mardrus Joseph-Charles Mille et Une Nuits (les) romantisme - Peinture - En France

« Marly M me du Barry faisait installer des panneaux turcs.

L'Orient devenait ainsi « l'ailleurs » mythique par excellence et offrait tout un éventail de rêveries exotiques comme en témoignent les fresques de Tiepolo à Würzburg ou les harems de Francesco Guardi.

Rares étaient pourtant ceux qui se laissaient tenter par le voyage ; le séjour à Constantinople du Suisse Jean Étienne Liotard ( Femme turque au tambourin ) et celui de Jean-Baptiste Hilaire (Vue d'une place publique en Orient ) font figure d'exception. L'Orient, un rêve romantique. Au XIX e siècle, ce furent les événements politiques qui focalisèrent les regards sur l'Orient. De l'expédition d'Égypte, Dominique Vivant Denon rapporta d'innombrables dessins qui constituèrent une précieuse documentation.

La campagne militaire elle-même donna lieu à des représentations distancées de Guérin et de Girodet-Trioson, mais il revint au baron Antoine Gros, précurseur du genre romantique avec le Combat de Nazareth (1801) et surtout Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa (1804), de frapper les imaginations, entre autres celle du jeune Géricault, qui exprimait alors son goût pour les thèmes orientaux dans Chasse au lion , Cavalier turc et ses portraits de Noirs.

En 1821, le soulèvement grec, au cours duquel le poète Byron devait trouver la mort, toucha la sensibilité de Géricault et de Delacroix.

Ce dernier peignit Scènes des massacres de Scio (1824), puis, subissant à son tour la fascination d'un Orient mythique, la Mort de Sardanapale (1828) aux couleurs éclatantes.

Tenant un salon « orientaliste » en vogue, le peintre et collectionneur M.

Auguste pouvait prêter aux peintres les accessoires indispensables à la réalisation des œuvres. Les peintres du voyage. À partir de 1830, date de la conquête de l'Algérie, les peintres commencèrent à se rendre sur le terrain.

Delacroix surtout partit en 1832 au Maroc, où il multiplia les croquis et les aquarelles comme autant d'esquisses des toiles futures ( Femmes d'Alger dans leur appartement , 1834).

Cette vogue du voyage en Orient donna naissance à toute la génération de ceux que l'on baptise « orientalistes » dans la lignée d'Alexandre Decamps (1803-1860), dont la peinture joue sur des contrastes saisissants d'ombre et de lumière (Ronde turque , 1831).

Ses émules Belly, Laurens ou Flandrin surent exploiter un genre qui plaisait au grand public.

Ingres ne fit pas le voyage, préférant sans doute rêver d'un Orient voluptueux ( l'Odalisque à l'esclave , 1839 ; le Bain turc , 1863).

Des peintres comme Adrien Dauzats en 1839 et Horace Vernet en 1842 furent envoyés en Algérie par Louis- Philippe pour illustrer les campagnes militaires.

Théodore Chassériau, qui se rendit lui aussi en Algérie en 1846, privilégia l'observation de l'expression des visages, souvent mélancoliques.

Dans des toiles comme le Tepidarium , il mêle le goût de l'antique et la sensualité orientale.

Les paysages en demi-teinte d'Eugène Fromentin, séduit par l'Algérie, mais hostile à un exotisme tapageur, ne connurent alors que peu de succès.

Dehodencq marqua, quant à lui, une préférence pour les scènes animées de la rue et les ambiances de foule.

L'exotisme à la manière de Decamps continua de susciter des disciples, les « néocoloristes », Ziem (1821-1911) ou Tournemine (1812-1872).

Délaissant ensuite l'ornementation traditionnelle, le courant orientaliste s'attacha à restituer l'atmosphère de la vie quotidienne, tombant souvent de façon malheureuse dans l'anecdote et le pittoresque.

Regnault, fondateur de la très académique Société des peintres orientalistes français, Clairin, Gérôme, Bonnat fignolèrent des scènes d'un réalisme quasi photographique, mais non dénuées de théâtralité. Complétez votre recherche en consultant :. »

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