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orthographe.

Publié le 17/11/2013

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orthographe. n.f., ensemble des règles qui, pour une langue, constituent la norme de son écriture. La constitution d'une norme. Parmi les langues qui disposent d'une écriture alphabétique, certaines ne comportent pas de norme orthographique fixée avec rigueur et sans ambiguïté : pour un nombre plus ou moins important de mots, on peut choisir entre plusieurs graphies également possibles. Cette situation - qui est par exemple aujourd'hui celle du breton ou du luxembourgeois (malgré des efforts de constitution d'une norme) - a longtemps été celle du français : les écrivains avaient, jusqu'au milieu du XVIIe siècle, des graphies variées, certaines dépourvues de tout système, d'autres fondées sur un système personnel. C'est seulement au niveau du texte imprimé qu'apparaissaient certaines normes, d'ailleurs variables selon les ateliers. Pour d'autres langues - d'une façon générale, mais non exclusive, les langues officielles des États modernes -, il existe une orthographe qui s'impose avec rigueur à toutes les personnes qui écrivent. Le non-respect des règles de l'orthographe expose à des sanctions qui, bien que n'ayant aucun caractère pénal, peuvent cependant être graves : échec à un examen, refus d'embauche à un emploi et, d'une façon générale, réprobation sociale. Parmi les langues qui disposent d'une norme orthographique, il est possible de distinguer deux classes en fonction de l'écart existant entre l'écrit et l'oral. Pour certaines langues, en effet, la manifestation écrite s'écarte peu de la manifestation orale. Pour des raisons qui tiennent, selon le cas, à la structure de la langue ou à l'histoire de son orthographe, il est généralement possible de faire correspondre la forme écrite à la forme orale au terme d'un apprentissage bref et facile : à chaque phonème correspond un signe graphique - généralement une lettre, éventuellement munie d'un signe diacritique, parfois un groupe de lettres -, et il suffit de connaître ce système de correspondance pour bien orthographier la langue. Cette situation - réalisée de façon parfaite par le système de l'Alphabet phonétique international, utilisable, comme son nom l'indique, pour toutes les langues - est aujourd'hui, à des degrés divers, celle de l'italien, du serbo-croate ou du finnois. Pour d'autres langues, en revanche, on observe une distance considérable entre l'aspect écrit et l'aspect oral de la langue, au point qu'on peut, dans certains cas, se demander s'il ne s'agit pas de deux systèmes complètement différents. C'est le cas de deux des langues les plus répandues dans le monde : l'anglais et le français modernes. Fonctionnement synchronique de l'orthographe française moderne. La spécificité de l'orthographe française tient au fait que les lettres ne fonctionnent pas seulement comme marque écrite des sons. À cette fonction fondamentale, il faut en ajouter deux autres, en sorte que les règles qui constituent l'orthographe française contemporaine doivent être réparties en trois groupes. 1) Règles de correspondance entre la manifestation orale et la manifestation écrite. Il n'est évidemment pas difficile de rencontrer en français des mots pour lesquels il existe une coïncidence absolue entre les lettres et les sons : « unité » renvoie à [ynite], en sorte que les « fautes d'orthographe » sur ce mot sont peu probables - quoique non impossibles, compte tenu de l'effet pervers des autres règles... Toutefois, les cas de ce genre sont relativement rares. La correspondance entre les sons et les lettres est en effet caractérisée par les deux constatations suivantes. D'une part, il n'arrive jamais qu'un son soit noté dans tous les cas par le même signe graphique (lettre ou groupe de lettres). Soit, par exemple, le son [s]. Il est noté alternativement par s (« sol »), s s (« poisson »), c et ç (« face », « façon »), t (« action »), sc (« scie »), sth (« asthme »), x (« Bruxelles », « dix » dans « j'en ai dix »), voire w (dans le nom du financier « Law », [los]). Quant au son [e], il donne lieu aux notations suivantes : e (devant consonne muette : « tes », « ces » quand ils sont réalisés avec un e fermé), é (« été »), ai (« je serai » avec e fermé, distingué du e ouvert de « je serais »), a (quand il est suivi de y : « paysage »), oe (« oenologie »), ae (« et cætera »). Inversement, il arrive rarement qu'une lettre corresponde dans tous les cas à un même son. Ainsi, s renvoie alternativement à [s] ou à [z], sans parler des mots où il ne renvoie à aucun son, dans la marque du pluriel des noms par exemple. De son côté, a note [a] (« baba »), [?] (« gaz »), [e] (« pays »), voire [o] (« Law »). À ce tableau, il convient d'ajouter quelques curiosités du français : le e « muet », le x ([ks], [gz], [s], [z]) et le h qui, seul, ne renvoie jamais à aucun son (« huile », « haricot »), mais marque, dans certains cas, l'impossibilité de la liaison et de l'élision. 2) Règles relatives à la fonction morphologique des lettres. Dans la phrase « Leurs sacs restaient fermés », la marque du pluriel est réalisée quatre fois : trois fois par le -s final de « leurs », « sacs » et « fermés », une fois par le -ent final de « restaient ». Ni le -s ni le ent ne se laissent entendre à l'oral, en sorte que la phrase orale [loer sak r pstp f prme], qui renvoie selon le cas aux deux phrases écrites, mais homophones, « Leur sac restait fermé » ou « Leurs sacs restaient fermés », est ambiguë. La phrase écrite ne l'est pas. C'est donc que l'orthographe donne des indications morphologiques que la langue orale passe sous silence. Les cas de manifestation exclusivement orthographique de catégories morphologiques sont très fréquents en français, au point de constituer l'un des caractères les plus évidents de cette langue : pour le nom, l'adjectif et le verbe, un grand nombre de variations morphologiques (en genre, en nombre, en personne, en mode) n'apparaissent que dans l'orthographe. Ainsi, la forme orale [travaj] correspond à « travail » (nom), « travaille » (1 re et 3 e personnes du verbe au singulier), « travailles » (2 e personne du singulier), « travaillent » (3e personne du pluriel). 3) Règles relatives à la fonction distinctive des lettres. Il existe en français un grand nombre de mots brefs, et notamment de monosyllabes. Les syllabes possibles dans une langue n'étant pas en nombre illimité, il est inévitable qu'il y ait de nombreux cas d'homophonie. Ainsi, la syllabe [u] correspond à plusieurs mots. Ils se confondent à l'oral. L'orthographe les distingue : « ou », « où », « août », « houe », « houx ». Compte tenu de cette triple fonction de l'orthographe, la notion de lettre devient insuffisante : les linguistes la complètent par la notion de graphème, définie comme une lettre (ou ensemble de lettres) pourvue d'une des trois fonctions identifiées plus haut. Ainsi, ge (notation du son [ È] dans « Georges »), -s et -x (marques du pluriel des noms), (e)nt (marque de la 3e personne du pluriel des verbes), etc., sont des graphèmes. Aspects historiques. On explique les spécificités de l'orthographe française par la structure de la langue - notamment l'existence de nombreux faits de flexion dépourvus de marque orale -, mais surtout par quatre points de son histoire. Tout d'abord, dès les premiers textes écrits en français s'est posé le problème de l'adéquation de l'alphabet latin à un système phonologique déjà fort différent : comment, par exemple, noter le [ò], qui, n'existant pas en latin, n'y a pas de marque écrite ? Ainsi s'explique la naissance de nombreux digrammes (ch pour [ò]), trigrammes et signes diacritiques (accents, cédilles...). Ensuite, l'évolution d'une langue ne se fait pas de la même façon pour l'oral et pour l'écrit : spontanée pour l'oral, elle relève, pour l'écrit, d'une décision délibérée. Si cette décision n'est pas prise à temps, il devient de plus en plus difficile d'ajuster l'écrit à l'oral. Ainsi, ce n'est qu'en 1832 que les graphies en -oi- des formes verbales d'imparfait cédèrent la place à -ai-, en dépit du fait que la prononciation qu'elles notaient ([w p]) avait disparu depuis longtemps. Troisième aspect à relever : l'orthographe du français a, à toute époque, donné lieu à des manipulations mineures et non systématiques. Parfois simplificatrices, elles ont souvent paradoxalement ajouté des complications. C'est, par exemple, le cas des lettres étymologiques. Parfois pourvues d'une fonction distinctive (« doigt » et « vingt » sont opposés à leurs homophones), elles sont souvent peu utiles ; il arrive même qu'elles reposent sur une fausse étymologie : « poids » n'a aucun rapport étymologique avec « pondus », ni « legs » avec « léguer ». De même, on a longtemps écrit « sçavoir » sur le modèle de « scire », qui n'est justement pas son étymon ! Enfin, contrairement à la plupart des autres grandes langues européennes (à l'exception de l'anglais), l'orthographe française n'a jamais donné lieu à une réforme systématique. Les projets n'ont pas manqué, dont certains, pensés avec rigueur, étaient très séduisants. Ils ont tous échoué, en butte aux mêmes critiques, répétitives, tout au long du XX e siècle. La virulence de ces critiques, souvent passionnelles, étonne : il n'est sans doute pas suffisant de les expliquer par l'attachement d'une classe à ce qui reste un bon moyen de sélection sociale. Plus profondément doivent jouer des attachements plus vifs, de l'ordre de l'inconscient, dont on sait depuis Freud et Lacan qu'il entretient un rapport avec la lettre. La France et la francophonie ne semblent pas encore prêtes à une réforme de leur orthographe, comme l'ont montré les querelles qu'ont suscitées les tentatives d'établissement de nouvelles normes en 1990 et 1991. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats alphabet archaïsme composition - 2.LINGUISTIQUE français grammaire graphème homophonie - 1.LINGUISTIQUE lettre lexique majuscule norme - 2.LINGUISTIQUE phonétique Richelet César Pierre

« donne lieu aux notations suivantes : e (devant consonne muette : « tes », « ces » quand ils sont réalisés avec un e fermé), é (« été »), ai (« je serai » avec e fermé, distingué du e ouvert de « je serais »), a (quand il est suivi de y : « paysage »), œ (« œnologie »), ae (« et cætera »).

Inversement, il arrive rarement qu'une lettre corresponde dans tous les cas à un même son.

Ainsi, s renvoie alternativement à [s] ou à [z], sans parler des mots où il ne renvoie à aucun son, dans la marque du pluriel des noms par exemple.

De son côté, a note [a] (« baba »), [α] (« gaz »), [e] (« pays »), voire [o] (« Law »). À ce tableau, il convient d'ajouter quelques curiosités du français : le e « muet », le x ([ks], [gz], [s], [z]) et le h qui, seul, ne renvoie jamais à aucun son (« huile », « haricot »), mais marque, dans certains cas, l'impossibilité de la liaison et de l'élision. 2) Règles relatives à la fonction morphologique des lettres.

Dans la phrase « Leurs sacs restaient fermés », la marque du pluriel est réalisée quatre fois : trois fois par le -s final de « leurs », « sacs » et « fermés », une fois par le -ent final de « restaient ».

Ni le -s ni le - ent ne se laissent entendre à l'oral, en sorte que la phrase orale [lœr sak r pst p fprme], qui renvoie selon le cas aux deux phrases écrites, mais homophones, « Leur sac restait fermé » ou « Leurs sacs restaient fermés », est ambiguë.

La phrase écrite ne l'est pas. C'est donc que l'orthographe donne des indications morphologiques que la langue orale passe sous silence. Les cas de manifestation exclusivement orthographique de catégories morphologiques sont très fréquents en français, au point de constituer l'un des caractères les plus évidents de cette langue : pour le nom, l'adjectif et le verbe, un grand nombre de variations morphologiques (en genre, en nombre, en personne, en mode) n'apparaissent que dans l'orthographe.

Ainsi, la forme orale [travaj] correspond à « travail » (nom), « travaille » (1 re et 3 e personnes du verbe au singulier), « travailles » (2 e personne du singulier), « travaillent » (3 e personne du pluriel). 3) Règles relatives à la fonction distinctive des lettres.

Il existe en français un grand nombre de mots brefs, et notamment de monosyllabes.

Les syllabes possibles dans une langue n'étant pas en nombre illimité, il est inévitable qu'il y ait de nombreux cas d'homophonie.

Ainsi, la syllabe [u] correspond à plusieurs mots.

Ils se confondent à l'oral. L'orthographe les distingue : « ou », « où », « août », « houe », « houx ». Compte tenu de cette triple fonction de l'orthographe, la notion de lettre devient insuffisante : les linguistes la complètent par la notion de graphème, définie comme une lettre (ou ensemble de lettres) pourvue d'une des trois fonctions identifiées plus haut. Ainsi, ge (notation du son [ È] dans « Georges »), -s et -x (marques du pluriel des noms), - (e)nt (marque de la 3 e personne du pluriel des verbes), etc., sont des graphèmes. Aspects historiques. On explique les spécificités de l'orthographe française par la structure de la langue – notamment l'existence de nombreux faits de flexion dépourvus de marque orale –, mais surtout par quatre points de son histoire.

Tout d'abord, dès les premiers textes écrits en français s'est posé le problème de l'adéquation de l'alphabet latin à un système phonologique déjà fort différent : comment, par exemple, noter le [ ò], qui, n'existant pas en latin, n'y a pas de marque écrite ? Ainsi s'explique la naissance de nombreux digrammes (ch pour [ ò]), trigrammes et signes diacritiques (accents, cédilles...). Ensuite, l'évolution d'une langue ne se fait pas de la même façon pour l'oral et pour l'écrit : spontanée pour l'oral, elle relève, pour l'écrit, d'une décision délibérée.

Si cette décision n'est pas prise à temps, il devient de plus en plus difficile d'ajuster l'écrit à l'oral. Ainsi, ce n'est qu'en 1832 que les graphies en -oi- des formes verbales d'imparfait cédèrent la place à -ai- , en dépit du fait que la prononciation qu'elles notaient ([w p]) avait. »

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