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Panamá (scandale de).

Publié le 18/11/2013

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Panamá (scandale de). affaire politico-financière qui secoua la France de la IIIe République. En 1878, le gouvernement de Colombie octroya à la France une concession de quatre-vingt-dix-neuf ans en échange de la construction dans l'isthme de Panamá d'un canal interocéanique. Ferdinand de Lesseps, créateur du canal de Suez en 1869, se vit confier l'ouvrage. Mais les obstacles techniques mirent la compagnie de Panamá en difficulté et la contraignirent à faire appel à l'épargne française. L'emprunt fut confié à de grands financiers comme Cornélius Hertz ou le baron Jacques de Reinach. Dix ans après le début des travaux, le choix technique primitif se révéla un échec : Lesseps dut faire appel à l'ingénieur Gustave Eiffel pour concevoir un canal à écluses. En 1888, à court d'argent, la compagnie tenta d'obtenir l'autorisation d'émettre un emprunt à lots (une loterie récompensant certains épargnants), pour lequel le vote d'une loi était nécessaire. Le suffrage d'une partie des parlementaires et l'appui de certains journaux furent alors obtenus par la corruption. Toutefois, l'emprunt n'empêcha pas la faillite en 1889 de la Compagnie de Panamá : le canal fut alors confié aux États-Unis, plusieurs dizaines de milliers de souscripteurs furent ruinés, et une instruction judiciaire s'ouvrit en 1891. Conséquences financières et politiques. Le scandale fut rendu public en 1892 lorsque la Libre Parole d'Édouard Drumont et la presse boulangiste dénoncèrent les députés compromis. Le 20 novembre, le baron de Reinach mourut subitement : une commission d'enquête parlementaire fut ouverte et l'autopsie, demandée. La campagne contre les « chéquards », les révélations successives compromettant des députés tels que Maurice Rouvier, Charles Floquet et surtout Georges Clemenceau entraînèrent une crise ministérielle. En 1893, le procès contre les administrateurs aboutit à un verdict léger ; parmi les parlementaires, seul le ministre des Travaux publics, Charles Baïhaut, fut condamné à cinq années de détention. La révélation de la corruption des députés frappa plus l'opinion que celle de la vénalité de la presse. Si le scandale de Panamá n'ébranla pas la République comme l'auraient souhaité les boulangistes, il laissa cependant des traces profondes. Aux élections de 1893, Clemenceau ne fut pas réélu. En outre, le scandale de Panamá favorisa un mouvement d'opinion antiparlementaire, anticapitaliste et violemment antisémite, dénonçant les financiers juifs. L'épargne française demeura insuffisante pour couvrir les investissements, et la IIIe République s'orienta vers un capitalisme rentier. L'attention soupçonneuse portée par l'opinion aux liens entre monde des affaires et Parlement demeura par la suite un trait caractéristique de la vie politique française. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Clemenceau Georges Déroulède Paul Drumont Édouard Floquet Charles France - Histoire - L'enracinement de la République - La République radicale (18991918) Lesseps (Ferdinand Marie, vicomte de) Panamá (canal de) République (IIIe) Rouvier Maurice Les livres Panamá (canal de), page 3682, volume 7

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