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permis à un personnage médiocre et grotesque de jouer un rôle héroïque ».

Publié le 31/10/2013

Extrait du document

permis à un personnage médiocre et grotesque de jouer un rôle héroïque «. Et c'est dans son 18 Brumaire de Louis Bonaparte qu'on trouve cette phrase cruelle que retiendra la postérité: « Hegel remarque quelque part que tous les grands événements, toutes les grandes figures historiques se produisent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d'ajouter: la première fois, c'est une tragédie, la seconde fois c'est une farce. « Après ces deux formidables imprécateurs, les premiers historiens -- la quasi-unanimité d'entre eux -- s'en prendront à leur tour à Louis Napoléon. Ils vont en faire, au mépris de toute vérité, le symbole de l'absolutisme t de la tyrannie. ertains -- comme Ernest Lavisse -- accompliront cette besogne avec d'autant plus d'ardeur qu'ils ont à se aire pardonner une complaisance passée pour le régime honni. Après eux, ce sont tous les manuels d'histoire, ar exemple -- dans la foulée d'un Seignobos -- celui de Malet et Isaac, qui dresseront l'acte d'accusation du econd Empire et de son chef. ous les moyens seront bons. Et lorsque, d'aventure, il sera décidément impossible de dissimuler tel ou tel spect positif du bilan, on se réfugiera dans la prétérition ou la contestation de paternité. e n'est pas Bazaine qui capitule honteusement à Metz, c'est Louis Napoléon. A l'inverse, ce n'est pas Louis apoléon qui refait Paris, c'est le baron Haussmann; ce n'est pas lui qui conduit notre expansion coloniale, ce ont quelques officiers entreprenants et esseulés; ce n'est pas lui qui lance le libre-échange, c'est Michel hevalier; c'est Lesseps seul qui triomphe à Suez de toutes les difficultés; et c'est aux frères Pereire que evient le mérite d'avoir mené à bien la réforme financière. n pourrait ainsi accumuler les exemples en ajoutant que si, pour telle ou telle affaire réussie, on ne trouve ersonne à substituer à Louis Napoléon, le mérite en est attribué à la force des choses ou au concours des irconstances. n mettant à part les contributions de certains témoins de l'époque -- contributions dont la subjectivité n'exclut as la valeur, tel l'admirable Empire libéral d'Émile Ollivier -- il faudra les travaux de plusieurs auteurs anglais, éduits par le côté aventurier du personnage, pour que l'historiographie de Louis Napoléon en vienne à évoluer ans un sens moins systématiquement défavorable. Justice commencera même à lui être rendue, lorsque se développera l'intérêt pour l'histoire économique et sociale, notamment pour celle de l'urbanisme, intérêt onduisant à étudier de plus près l'oeuvre accomplie et donc à en mesurer plus exactement les mérites. 'est dire qu'on ne saurait prétendre ouvrir ici un procès en réhabilitation, lequel est déjà largement engagé. ais pour convaincants et largement étayés qu'ils soient, les arguments de la défense n'ont guère circulé auelà de milieux plutôt restreints et, dans les tréfonds de l'âme nationale, Louis Napoléon reste un homme plus ue contesté: condamné. Il n'est donc pas inutile d'essayer de servir à la fois sa mémoire et la vérité. 'est le but de ce livre, qui s'efforcera cependant d'éviter les excès. Le sentiment d'injustice qui saisit souvent 'observateur impartial de ce destin si mal compris conduit parfois... à des excès réparateurs. Louis Girard l'a ort bien dit: « Comme toute réaction, celle-ci a eu et a encore ses ultras. « Nul besoin donc d'en rajouter! ourtant ce livre sera sans conteste un livre de parti pris. Car il prend bel et bien le parti d'exprimer les raisons ui existent de ne pas laisser Louis Napoléon Bonaparte croupir dans un recoin obscur et honteux de notre émoire collective. n portrait, une biographie font toujours place, il est vrai, à la subjectivité. Selon la cause qu'on veut défendre, n même trait de caractère -- illustré par des manifestations extérieures identiques --, une même action euvent donner lieu à des présentations et des interprétations différentes, voire contradictoires. Au point, dit-on, u'à lire un portrait on en apprend parfois au moins autant sur l'auteur que sur le modèle. 'auteur, ici, ne fait donc pas mystère de ses sentiments. Du moins ses préférences ont-elles leurs raisons. Il a cherché à comprendre les ressorts de son modèle, ce qui l'anima, ou pour utiliser une expression quelque peu triviale « ce à quoi il marcha «. Et il a cru à sa sincérité. Il lui a semblé qu'on avait fait assez de mal à cet homme qui a voulu sincèrement, honnêtement, courageusement, servir la France, qui s'y prépara, et qui accomplit sa tâche avec une force personnelle, morale, digne de respect, sinon d'admiration. Est-il admissible que sa dépouille soit encore considérée comme celle d'un pestiféré et repose en terre étrangère? Il aura fallu attendre janvier 1988 pour que, pour la première fois depuis 1870, un gouvernement français, discrètement, se fasse représenter à une cérémonie organisée à sa émoire. Il aura fallu attendre 1990 pour que la Ville de Paris décide de donner son nom à l'une de ses places. eaucoup reste à faire pour le reconnaître tel qu'il fut. I L'HOMME n imbécile, un minable, un crétin. Un illuminé. Un homme écrasé, dépassé par son destin. Un velléitaire, ncapable de traduire en actes ses idées. Un ambitieux, dépourvu, de surcroît, de tout scrupule. Ainsi Louis apoléon est-il le plus fréquemment présenté par ses adversaires qui furent légion et ses contempteurs qui iennent toujours le haut du pavé. Charge féroce, traits contradictoires : il est vrai qu'il leur faut, à la fois, passer ous silence la valeur et la générosité de son inspiration, le priver du crédit de tout ce qui a été fait de grand sur on initiative et expliquer -- tout de même -- comment un tel individu a pu parvenir au pouvoir suprême en urmontant ou en contournant tous les obstacles -- parcours d'autant plus méritoire que sa position de départ tait plus que précaire. ien, du coup, vraiment rien ne lui aura été épargné. Et comme s'il ne suffisait pas de lui reprocher encore 'origine de son pouvoir et les conditions de sa chute, il fallut qu'on lui cherchât aussi querelle sur la légitimité de a naissance, querelle qui n'est pas encore complètement éteinte. fficiellement, Charles-Louis Napoléon Bonaparte est le troisième enfant, né à Paris, au 17 de la rue Laffitte, lors rue Cerutti, dans la nuit du 20 au 21 avril 1808, de Louis, roi de Hollande, frère cadet de Napoléon, et 'Hortense de Beauharnais, fille de l'impératrice Joséphine. 'enfant fut baptisé le 5 novembre 1810 au palais de Fontainebleau. L'empereur était son parrain et l'impératrice arie-Louise sa marraine. Le père était absent à la cérémonie. Il y avait là de quoi alimenter les ragots. C'était plus que probablement le but recherché. ouis, qui régna de 1805 à 1810, avait trente ans à la naissance de son troisième fils. Il avait tous les défauts es Bonaparte sans avoir beaucoup de leurs qualités. Mal remis des séquelles d'une maladie galante, souffrant 'une très grave affection de la moelle épinière, il était quasi impotent. Son caractère, franchement eurasthénique, s'en trouvait encore altéré, à tel point que ses proches le décrivent jaloux, soupçonneux, mporté. Sa scandaleuse abstention au baptême de son fils était donc bien dans sa manière. ourtant, Louis Bonaparte, tout compliqué et imprévisible qu'il fut, mérite probablement mieux que l'indifférence u l'opprobre qu'il suscita. Il fut une double victime: victime de la maladie, qui empoisonna sa vie, et victime 'une destinée démesurée. Il chercha inconsciemment à se venger d'un sort injuste en s'ingéniant à rendre eux qui le côtoyaient aussi malheureux qu'il l'était lui-même. Et se croyant persécuté, il persécuta, rabrouant es quelques poussées d'affection qu'il pouvait susciter. Car il savait être attachant et n'était pas dépourvu de alents, de sensibilité, et même de bon sens. Sa correspondance avec Louis Napoléon, parvenu à l'âge 'homme, en témoigne. Il sut parfois le conseiller et lui éviter des erreurs, même s'il prenait surtout plaisir à le origéner. a haine qu'il voua à son épouse, et dont il s'acharna à lui donner constamment des preuves, ne parvint pas à issimuler l'admiration, l'envie et peut-être même l'amour qu'elle lui inspira. Quant à Louis Napoléon, si le roi de ollande parut si souvent -- et dès les premiers jours -- le considérer comme le fils d'un autre, il se comporta à on égard, tout compte fait, en père relativement attentionné. Louis Napoléon n'eut certes pas pour lui 'adulation qu'il devait vouer à sa mère. Mais on se tromperait lourdement en pensant qu'il n'a pas subi, d'une ertaine manière, son influence. ariage mal assorti, il faut bien le dire, que celui de Louis Bonaparte et d'Hortense, âgée d'à peine dix-neuf ans u moment des noces. Mariage voulu par l'empereur et inspiré, dit-on, par Joséphine, dont le peu d'espoir d'être ère d'un héritier au trône commençait à menacer la situation. Hortense et Louis se résignèrent à l'union, mais e parvinrent jamais à en faire un ménage. A en croire Louis lui-même, depuis le 4 janvier 1802 -- jour de leur mariage -- jusqu'au mois de septembre 1807, ils ne demeurèrent ensemble « qu'un espace d'à peine uatre mois, à trois époques séparées par de longs intervalles «. lus le temps passe, en tout cas, plus les relations entre les deux époux se tendent; à un point tel que apoléon lui-même s'en inquiète. Dans une lettre du 4 avril 1807, l'empereur reproche à son frère d'agir à ontre-emploi aussi bien dans son ménage qu'à la tête de son royaume: « Vos querelles avec la Reine percent ussi dans le public. Ayez dans l'intérieur ce caractère paternel et efféminé que vous montrez dans le ouvernement et ayez dans les affaires ce rigorisme que vous montrez dans votre ménage. Vous traitez une eune femme comme on mènerait un régiment. « l faudra un drame qui les touche également pour qu'un rapprochement provisoire ait lieu. Peu après la mort de eur premier fils, qui les laisse dans un même état de prostration, les deux époux tentent, brièvement, de eprendre une vie commune. Ils se retrouvent à Toulouse en juillet 1807: c'est là, selon toute vraisemblance, u'aurait été conçu Louis Napoléon. Mais l'enfant naîtra malencontreusement quinze jours avant le terme des euf mois qui suivent la rencontre. Et comme Hortense, au cours des semaines précédant celle-ci, avait herché à s'étourdir, allant de promenades en excursions dans les Pyrénées, les spéculations sont allées bon rain. Pourtant, tout indique que l'enfant fut effectivement un prématuré: ne fallut-il pas un bain de vin chaud et des frictions énergiques pour le sauver? n recense néanmoins -- sans omettre Napoléon Ier lui-même -- une bonne dizaine de pères putatifs; chacun 'eux a ses partisans farouches, qui depuis dix-huit décennies font reposer sur des arguments incertains 'identification du géniteur: Charles Adam de Bylandt-Palterslet, écuyer de la reine, Flahaut, son futur amant, illeneuve, son chambellan, Decazes, alors préfet, le peintre Thiénon, l'amiral-ambassadeur hollandais erhuel... e débat, somme toute aussi vain que sordide, ne mérite pas qu'on s'y arrête. Dansette l'a clos lui-même d'une anière quasi clinique: « On se trouve dans l'impossibilité d'attribuer la paternité à un tiers quelconque, et le roi ouis est le seul homme dont on soit certain qu'il ait partagé le lit de la reine Hortense à l'époque de la onception. « Il n'empêche que l'époux lui-même ne fut pas le dernier à entretenir le doute par quelques paroles alheureuses, par exemple celle-ci: « J'ai épousé une Messaline qui accouche. « Le cardinal Fesch, pourtant membre de la famille, ne fut guère plus charitable, raillant ortense qui, lorsqu'il s'agit des pères de ses enfants, « s'embrouille toujours dans ses calculs «. La rumeur publique s'en mêla colportant ce bon mot, doublement cruel: « Hortense fait des faux Louis... « ela ne saurait pourtant excuser les grandes plumes et les grands noms qui ont utilisé ces doutes comme une arme, une arme terrible, contre Louis Napoléon. Victor Hugo se laissa ainsi aller à dénoncer en lui « l'enfant du asard [...] dont le nom est un vol et la naissance un faux «. Est-il nécessaire de relever au passage que notre lus grand poète (hélas! disait André Gide) pouvait, à l'occasion, se montrer odieux et même abject? ontroverses, hésitations, il y en eut donc, mais l'important est d'en mesurer les conséquences. ur Louis Napoléon, d'abord. Il semble que lui-même n'ait guère douté de sa filiation. « J'ai fait mes calculs «, ssurait-il parfois. Pour autant, cette polémique, qui l'a vraisemblablement meurtri, paraît n'avoir jamais influé ur son comportement. Si, s'agissant de Maxime Weygand, certains historiens placent dans un doute sur ses rigines l'une des raisons qu'il aurait pu avoir de ne pas franchir en 1940 le Rubicon de la lutte à outrance, ucune explication de cet ordre n'a pu être avancée concernant Louis Napoléon. Autre conséquence: ses rapports avec ses parents. Louis Bonaparte -- bien que le plus probable auteur de ses jours -- restera pour Louis Napoléon une rencontre épisodique, un correspondant occasionnel mais jamais une vraie présence. Lorsque Louis et Hortense, reculant devant le divorce, organiseront leur séparation -- sans pouvoir éviter un procès --, le père, devenu comte de Saint-Leu, et qui se fixe à Florence, exigera de conserver auprès de lui le frère aîné, mais abandonnera Louis Napoléon à sa mère. Décision d'importance capitale, car Hortense sera désormais à même d'exercer sur son fils une influence déterminante. C'est en lui, forcément, qu'elle mettra tous ses espoirs, alors qu'il a un frère qui, par ordre naturel, a priorité sur lui. Femme exceptionnelle que la reine Hortense. Jolie, spirituelle, gaie. « Une blonde exquise aux yeux d'améthyste «, nous dit le contemporain non identifié qui se dissimule sous le pseudonyme de « baron d'Ambès «. Et avec ça, la séduction, la distinction mêmes. Élevée dans la tradition de l'Ancien Régime, elle a hérité de sa mère une apparence d'indolence insulaire qui dissimule mal une redoutable volonté. Sensible, rêveuse, romantique, elle sait fort bien ce qu'elle veut. Sous ses allures d'adorable bibelot, elle a de la suite dans les idées. Elle pleure beaucoup, s'apitoie sur elle-même, mais sait faire preuve de réalisme quand il en est besoin. D'une immense générosité, elle n'hésite jamais à réclamer ce qui lui semble dû. Il ne faut donc pas trop s'arrêter au jugement de Talleyrand, pour le moins incomplet: « Elle était, écrit-il, née pour l'exil. Si l'adversité dans laquelle son destin l'a mise n'en eût pas décidé ainsi pour son propre malheur, elle l'eût choisi de sa propre volonté, pour avoir un prétexte à aller de-ci de-là, à changer sans cesse, puis de s'en lamenter. « Et pourtant, cette femme parfois si frivole, et qui aime tant qu'on la plaigne, sait galvaniser son énergie quand les circonstances l'exigent. Pour Louis Napoléon, elle sera mieux qu'une mère poule: une lionne qui sort ses griffes lorsque son petit est menacé. Pour le protéger, elle ne reculera devant rien. Aucun doute là-dessus: cette femme qui occupe une bonne partie de son temps à rechercher des trèfles à quatre feuilles, et qui n'est jamais si heureuse que lorsqu'elle reçoit force lettres, albums, dessins ou poèmes, est, à ses heures, quand il le faut, une maîtresse femme. En 1814, au premier retour des Bourbons, en pleine débandade, nul ne paraît s'occuper de son sort. Alors, elle prend son destin en main: par le truchement de son frère Eugène, elle approche le tsar, qui va lui accorder sa protection. La voilà duchesse de Saint-Leu par la grâce de Louis XVIII, pourvue d'un revenu solide, et retrouvant sa place dans une vie mondaine renaissante. On lui en fera beaucoup reproche; surtout, plus tard, lors du retour de l'Aigle. Elle sera alors accusée de s'être « prostituée à Louis XVIII «, d'être la maîtresse de son favori Decazes, l'un des prétendus « pères «, et d'entretenir des relations équivoques avec Alexandre Ier... Et, de fait, c'est un spectacle pour le moins étonnant que celui des funérailles de Joséphine de Beauharnais à

« I L'HOMME Un imbécile, unminable, uncrétin.

Unilluminé.

Unhomme écrasé,dépassé parson destin.

Unvelléitaire, incapable detraduire enactes sesidées.

Unambitieux, dépourvu,desurcroît, detout scrupule.

AinsiLouis Napoléon est-illeplus fréquemment présentéparses adversaires quifurent légion etses contempteurs qui tiennent toujourslehaut dupavé.

Charge féroce,traitscontradictoires :il est vrai qu'il leurfaut, àla fois, passer sous silence lavaleur etlagénérosité deson inspiration, lepriver ducrédit detout cequi aété faitdegrand sur son initiative etexpliquer —tout demême —comment untelindividu apu parvenir aupouvoir suprême en surmontant ouencontournant touslesobstacles —parcours d'autantplusméritoire quesaposition dedépart était plusqueprécaire. Rien, ducoup, vraiment rienneluiaura étéépargné.

Etcomme s'ilnesuffisait pasdeluireprocher encore l'origine deson pouvoir etles conditions desachute, ilfallut qu'on luicherchât aussiquerelle surlalégitimité de sa naissance, querellequin'est pasencore complètement éteinte. Officiellement, Charles-LouisNapoléonBonaparte estletroisième enfant,néàParis, au17 delarue Laffitte, alors rueCerutti, danslanuit du20au 21avril 1808, deLouis, roide Hollande, frèrecadet deNapoléon, et d'Hortense deBeauharnais, filledel'impératrice Joséphine. L'enfant futbaptisé le5novembre 1810aupalais deFontainebleau.

L'empereurétaitsonparrain etl'impératrice Marie-Louise samarraine.

Lepère étaitabsent àla cérémonie.

Ilyavait làde quoi alimenter lesragots.

C'étaitplusqueprobablement lebut recherché. Louis, quirégna de1805 à1810, avaittrente ansàla naissance deson troisième fils.Ilavait touslesdéfauts des Bonaparte sansavoir beaucoup deleurs qualités.

Malremis desséquelles d'unemaladie galante, souffrant d'une trèsgrave affection delamoelle épinière, ilétait quasi impotent.

Soncaractère, franchement neurasthénique, s'entrouvait encorealtéré,àtel point quesesproches ledécrivent jaloux,soupçonneux, emporté.

Sascandaleuse abstentionaubaptême deson filsétait donc biendans samanière. Pourtant, LouisBonaparte, toutcompliqué etimprévisible qu'ilfut,mérite probablement mieuxquel'indifférence ou l'opprobre qu'ilsuscita.

Ilfut une double victime: victimedelamaladie, quiempoisonna savie, etvictime d'une destinée démesurée.

Ilchercha inconsciemment àse venger d'unsortinjuste ens'ingéniant àrendre ceux quilecôtoyaient aussimalheureux qu'ill'était lui-même.

Etse croyant persécuté, ilpersécuta, rabrouant les quelques poussées d'affection qu'ilpouvait susciter.

Carilsavait êtreattachant etn'était pasdépourvu de talents, desensibilité, etmême debon sens.

Sacorrespondance avecLouis Napoléon, parvenuàl'âge d'homme, entémoigne.

Ilsut parfois leconseiller etlui éviter deserreurs, mêmes'ilprenait surtoutplaisiràle morigéner. La haine qu'ilvoua àson épouse, etdont ils'acharna àlui donner constamment despreuves, neparvint pasà dissimuler l'admiration, l'envieetpeut-être mêmel'amour qu'elleluiinspira.

QuantàLouis Napoléon, sile roi de Hollande parutsisouvent —etdès lespremiers jours—leconsidérer commelefils d'un autre, ilse comporta à son égard, toutcompte fait,enpère relativement attentionné.LouisNapoléon n'eutcertes paspour lui l'adulation qu'ildevait voueràsa mère.

Maisonsetromperait lourdement enpensant qu'iln'apas subi, d'une certaine manière, soninfluence. Mariage malassorti, ilfaut bien ledire, quecelui deLouis Bonaparte etd'Hortense, âgéed'àpeine dix-neuf ans au moment desnoces.

Mariage vouluparl'empereur etinspiré, dit-on,parJoséphine, dontlepeu d'espoir d'être mère d'unhéritier autrône commençait àmenacer lasituation.

Hortense etLouis serésignèrent àl'union, mais ne parvinrent jamaisàen faire unménage.

Aen croire Louislui-même, depuisle4janvier 1802—jour de leur mariage —jusqu'au moisdeseptembre 1807,ilsne demeurèrent ensemble«qu'un espace d'àpeine quatre mois,àtrois époques séparées pardelongs intervalles ». Plus letemps passe, entout cas, plus lesrelations entrelesdeux époux setendent; àun point telque Napoléon lui-mêmes'eninquiète.

Dansunelettre du4avril 1807, l'empereur reprocheàson frère d'agir à contre-emploi aussibiendans sonménage qu'àlatête deson royaume: «Vos querelles aveclaReine percent aussi danslepublic.

Ayezdansl'intérieur cecaractère paterneletefféminé quevous montrez dansle Gouvernement etayez dans lesaffaires cerigorisme quevous montrez dansvotre ménage.

Voustraitez une jeune femme comme onmènerait unrégiment.

» Il faudra undrame quilestouche également pourqu'un rapprochement provisoireaitlieu.

Peuaprès lamort de leur premier fils,quileslaisse dansunmême étatdeprostration, lesdeux époux tentent, brièvement, de reprendre uneviecommune.

Ilsse retrouvent àToulouse enjuillet 1807: c'estlà,selon toutevraisemblance, qu'aurait étéconçu LouisNapoléon.

Maisl'enfant naîtramalencontreusement quinzejoursavant leterme des neuf mois quisuivent larencontre.

Etcomme Hortense, aucours dessemaines précédant celle-ci,avait cherché às'étourdir, allantdepromenades enexcursions danslesPyrénées, lesspéculations sontallées bon train.

Pourtant, toutindique quel'enfant futeffectivement unprématuré: nefallut-il pasunbain devin chaud et. »

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