Rambouillet (hôtel de).

Rambouillet (hôtel de). hôtel parisien, aujourd'hui détruit, qui était situé rue Saint-Thomas-du-Louvre, à Paris. Il appartenait à Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet (1588-1665), qui le fit construire en 1610, selon un plan qu'elle avait établi elle-même et qui innovait sur certains points : portes et fenêtres hautes et larges, petites pièces destinées à la conversation, en plus des grands salons pour les réceptions. Par une longue enfilade de pièces, on accédait à la célèbre Chambre bleue, ou « Chambre d'Arthénice » (anagramme, due à Malherbe, du prénom de la marquise). On appelle aussi hôtel de Rambouillet la brillante société que la marquise y réunissait, et qui, pour la première fois, groupait de grandes dames et de grands seigneurs en même temps que des hommes d'Église et des écrivains. C'est ainsi que parmi les hôtes de ce salon ont figuré MLL e d e Scudéry, MM e de Sévigné, MM e d e La Fayette, le duc de La Rochefoucauld, le prince de Condé et son fils, le duc d'Enghien, le duc de Montausier (qui devait épouser Julie d'Angennes, fille de la marquise), Richelieu, évêque de Luçon, l'abbé Cotin, Bossuet, Malherbe, Racan, Vaugelas, Chapelain, Voiture, Guez de Balzac, Scarron, Rotrou, Corneille. Au cours de ces réunions, on se livrait parfois à des « jeux innocents » (jeu de la perte des coeurs, jeu de la chasse d'amour, jeu du corbillon, jeu des bêtes), mais surtout on y faisait des lectures (de lettres de Guez de Balzac, de Voiture ; de sonnets ; de pièces de théâtre, comme Polyeucte de Corneille), on prenait parti dans les querelles littéraires ; mais l'occupation la plus fréquente était la conversation. Le salon de la marquise de Rambouillet fut aussi une tentative de réaction contre la liberté du langage et la grossièreté des manières qui régnaient alors. Sa période la plus brillante s'étendit de 1620 à 1645 ; ensuite, l'influence de Julie d'Angennes prédominant, le ton inclina vers la préciosité (voir aussi ce mot).