Alexandre Ostrovski (1823-1886) : La Forêt
Publié le 05/04/2013
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Alexandre Ostrovski (1823-1886) publie La Forêt en 1871. La même année, la pièce est créée au Théâtre Alexandrine de SaintPétersbourg. Cette première représentation ne rencontre pas les faveurs du public ; ce n'est que lors de la présentation de la pièce à Moscou que le succès se fait enfin connaître.
«
Malgré la révoluùon
de
1917 ,LaF or êt conùnua d'être jouée
sans interruption, la
critique de la
bourgeoisie
à laquelle
s e livre !'auteur étant
tout à fait compatible
avec l'idéologie du
nouveau pouvoir
en
place.
« -Et où sont tes
vêtements ? -Sur moi.
Il y a longtemps que je n'ai
rien d'autre.,.
EXTRAITS ~~~~~~~~
Madame Gourmyjskaïa essaie
de charmer Boulanov
BOULANOV.
-Vous allez bien ?
MME GOURMYJSKAÏA.
-Je te remercie, mon
cher.
Je me sens bien, particulièrement en
forme ce matin, quoique
j'aie mal dormi.
J'ai été agitée et j'ai eu des rêves très désa
gréables.Est-ce que
tu crois aux rêves?
BOULANOV .
-Comment ne pas croire aux
rêves ? Peut-être que si
j'avais fait des
études plus poussées,
je n'y croirais pas.
(Avec un sourire amer) : Mais je n'ai pas
terminé mes études .
Cependant,
je ne me
promène pas tout échevelé,
je me lave tous
les jours ...
et
je crois aux rêves.
MME GOURMYJSKAÏA.
- Il y en a qui ne
vous sortent
pas de l'esprit pendant
toute la journée.
BOULANOV.
-Quel rêve avez-vous eu,
MME GOURMYJSKAÏA.
-Quelle innocence !
Cela dépasse l'imagination ! Eh bien, c'est
toi que
j'ai vu en rêve .
Acte ID, scène 1
La tante renvoie sa nièce
MME GOURMYJSKAÏA.
- Un mari tel que
lui n'est pas pour toi, ma chère
! Peut-être
t' a-t-il fait la cour,
je n'en sais rien ....
AKSIOUSCHA.
- Peut-être.
MME GOURMYJSKAÏA.
- Mais tu dois
comprendre que cela ne signifie rien.
Ce
n 'était qu'une fantaisie, une lubie.
( ...
)Il
n'est plus ton fiancé, vous êtes des étrangers
l'un pour l'autre,
il n'est donc pas conve
nable que vous habitiez sous le même toit.
AKSIOUSCHA.
- Comme vous voudrez.
Raissa Pavlovna ?
MME GOURMYJSKAÏA.
- Tu devras quitter
ma maison.
MME GOURMYJSKAÏA.
- Crois-tu que je
peux tout te raconter ? AKSIOUSCHA.
- Quand dois-je partir ?
BOULANOV.
-Excusez-moi !
MME GOURMYJSKAÏA.
- Pas de quoi,
mon ami.
Il y a des rêves que je pour
rais te raconter ; mais pas celui-là.
BOULANOV.
-Pourquoi donc ?
MME GOURMYJSKAÏA.
Mais où iras-tu ?
AKSIOUSCHA.
- Je VOUS
suis très reconnaissante
de toutes vos bontés ;
mais quand j'aurai quitté
votre maison,
je vous
demanderai de ne plus
vous soucier de moi.
Affiche pour une
représentation de I'œuvre d'Ostrovski
MME GOURMYJSKAÏA .
- Parce que raconter
ses rêves revient parfois
à avouer ses pen
sées ou ses désirs secrets ; ce ne serait pas
convenable :
je suis une femme et toi un
homme.
BOULANOV.
-Qu'est-ce que cela peut faire
que
je sois un homme ?
Acte V, scène 4
Traduction
de Génnia Cannac
IC .__ A.
1.
OCTPOICKOfO .
,
NOTES DE L'ÉDITEUR dédaigneux des conventions sociales et de
l'argent, en face des " gens respectables ",
qui vivent dans leur campagne perdue,
comme des loups dans
une" forêt", c'est
à-dire malfaisants et sans pitié pour les
faibles ;
et ses préférences vont aux
premiers.
Les figures du Malchanceux
et
du Veinard ont dû vieillir, à mesure que
disparaissaient ces types de comédiens
errants, nombreux il y a encore un demi
siècle ; les autres, la vieille Gourrnyjskaïa,
et son entourage,
n'ont rien perdu de leur
vérité documentaire
et psychologique.
»( ...
)La Forêt, c'est un coin de noblesse et
de vie provinciale, figé dans les traditions
routinières, l'orgueil de classe, rebelle
encore à l'esprit des réformes.
« Si La Forêt passa longtemps pour un chef
d' œuvre ( ...
)et captive encore son public,
elle le doit
à deux personnages, l'un acteur
tragique,
d'âme et de langage romantiques,
lautre tout en comique bouffon, dont les
rôles sont habilement taillés pour faire valoir
un contraste des talents opposés ; elle le doit
:mssi à cette passion voisine de l'idolâtrie
:iue beaucoup de Russes nourrissent pour la
>cène et l'acteur.
Ostrovski met ces
vagabonds de
l'art insouciants ou
coll.
Viollet 2, 3 vro, Moscou , 1967 1 D.R.
4 Archives de Bibl.
Scie n tifiq ue de la STD .
Moscou 1 D .R.
»( ...
) La peinture de la passion sénile est ici
fixée en un type de matrone sensuelle, dure
et tendre à la fois, jalouse, d'hypocrite
gourmée
et haineuse : Gourmyjskaïa,
c'est Arsinoé plus mûre, et pourtant'plus
chaude.
» J.
Patouillet, Ostrovski et son
théâtre
de mœurs russes, Thèse de Lettres,
Paris, 1912.
OSTROVSKI 02.
»
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