Amour et L'Occident (L')
Publié le 13/02/2019
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Amour et L'Occident (L'), essai de Denis de Rougemont (1938; seconde édition modifiée 1956). À travers la légende de Tristan et Iseut, une réflexion sur la prédilection de la culture occidentale pour la passion malheureuse et mortelle et sur les origines mystiques de ce mythe.

«
Au début de son livre L'amour et l'Occident, M.
Denis de Rougemont écrit : « L'amour heureux n'a pas d'histoire.
Iln'est de roman que de l'amour mortel, c'est-à-dire de l'amour menacé et condamné par la vie même.
» En vousappuyant sur des exemples précis, choisis parmi les différents romans que vous avez pu lire ou étudier, vouscommenterez et apprécierez ce propos.
Introduction
Selon un poète moderne « il n'y a pas d'amour heureux » (Aragon); Denis de Rougemont est moins pessimiste : il neparle que de littérature et particulièrement ici du roman.
L'amour heureux, selon lui, n'offre guère d'intérêt pour le romancier : la pensée occidentale a été profondémentmarquée par le mythe de Tristan et Yseult, « ce beau conte d'amour et de mort », que recoupent d'ailleurs les tragiques histoires d'Héloïse et d'Abélard, de Roméo et Juliette, les amants malheureux.
Mais les choses sont-elles si « simples »? Il y a assurément bien des récits d'amours malheureux dans les romansfrançais, mais ce thème est-il unique? Le bonheur d'aimer n'a-t-il pas également sa place dans ces oeuvres? et nepeut-on découvrir, par une analyse approfondie, toute une gamme de nuances, de tendances essentielles, d'idéesimportantes dans ces créations qui furent inspirées par le « sentiment le plus important de la nature », selonBaudelaire (Salon de 1846).
1.
Amour mortel, amour menacé et condamné...
Dans La princesse de Clèves, La nouvelle Héloïse, La chartreuse de Parme, les conventions sociales, la situation des personnages séparent les amants : la princesse aime sans espoir le duc de Nemours, et la mort de son mari ne peutaméliorer leur sort; Saint-Preux ne peut épouser Julie d'Etange dont le rang est supérieur au sien; il la fuira sansréussir à l'oublier, avant de la retrouver mariée à M.
de Wolmar et mère de deux enfants.
Tout sépare Fabrice DelDongo, jeune noble milanais, de Clélia Conti, fille du gouverneur de la prison où il est enfermé, alors que ces jeunesgens se sont aimés dès le premier coup d'oeil.
Les lois civiles et religieuses constituent une interdiction majeure.George Sand écrit plusieurs romans pour glorifier les jeunes femmes mal mariées : Lélia, Indiana et prononce devéritables réquisitoires contre le mariage qui détruit toute liberté féminine, et anéantit l'amour vrai.
Dominique de Bray aime sans espoir sa cousine Madeleine qui a épousé Alfred de Nièvre.
Julien Sorel comprend troptard qu'il aimait profondément Mme de Rénal.
Dans certains cas, il s'agit d'une passion véritablement maudite : les amants sont inévitablement entraînés à leurperte.
C'est le cas de Manon Lescaut, qui ne pouvait se terminer que par la mort de Manon, la perdition et ledésespoir de des Grieux, c'est le cas des Liaisons dangereuses où on voit les amours perverses et criminelles du vicomte de Valmont et de la marquise de Merteuil sanctionnées par une destinée cruelle; c'est aussi la leçon deCarmen qui se sait condamnée par les présages et par la jalousie de Don José.
Amour menacé, c'est fort bien dit : ce sont en effet ces menaces, ces interdits, ces vaines luttes qui créent unetension constante au cours de ces romans • plus que le malheur lui-même c'est l'approche du malheur qui rend lessituations pathétiques, les personnages vivants et émouvants.
Amour mortel...
amour heureux pourtant parfois...
Un amour parfait n'existe guère en littérature que dans des poèmes courts, ou de brèves nouvelles qui nousfont revivre une heure exquise, un éblouissement passager, sans doute parce qu'il s'agit là d'un état éphémèrequi ne saurait alimenter une œuvre de longue haleine.
Mais il ne faudrait pas croire que les romans d'amour ne sont qu'accumulations de souffrances et de chagrins.
Ilest des oeuvres où, entre les moments de crise aiguë, entre les scènes de colères et de violences, surgissentaussi de grands moments de joie, d'exaltation, et, peut-on dire, de bonheur véritable.
Dans La mare au diable de George Sand une grande idylle rustique et un véritable hymne à la joie, dans La chartreuse de Parme la découverte de Clélia, la jeune fille aux oiseaux, par le jeune homme emprisonné, son émotion devant la beauté du monde qui transforme la misérable cellule, sont un véritable enchantement pour lelecteur.
Parfois aussi des amours contrariées et douloureuses débouchent sur une sage résignation s et une douceur mélancolique qui n'est pas dénuée de charme et de poésie.
On peut citer, par exemple, le retour àl'équilibre et à l'apaisement qui se produit à la fin de Dominique, rappeler que dans la dernière partie de La nouvelle Héloïse, Saint-Preux et Julie réussissent à garder l'équilibre entre les tentations et la sagesse, les souvenirs fiévreux et les nécessités de la vie quotidienne.
Il est vrai que cet équilibre est fragile, que la noyadeaccidentelle de Julie met fin à une situation ambiguë, mais la paix des cœurs est sauvée, comme Rousseau l'avoulu.
Même la frénésie d'Octave, personnage principal de la Confession d'un enfant du siècle de Musset finit par céder à la générosité et au sacrifice : Octave laisse celle qu'il aime faire son bonheur...
avec un autre.
2.
D'ailleurs, est-ce l'amour lui-même qu'il faut mettre en cause finalement dans le roman? 3.
Est-ce bien l'amour qui crée l'obstacle et ainsi provoque le drame, comme la fatalité dans les tragédies grecques?.
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