Devoir de Philosophie

Analyse de Moha Le Fou Moha Le Sage (analyse)

Publié le 28/08/2012

Extrait du document

fou

Idéologie de l’auteur L’analyse de l’ouvrage Moha le fou, Moha le sage nous permet de dire que l’auteur, Tahar ben Jelloun peut être considéré comme un écrivain engagé. Il ne ménage pas les mots pour appréhender les malaises et les souffrances des pauvres, des marginalisés de la société, des injustices sociales et de l’exploitation des femmes. Nous avons vu et avec quelle audace Tahar Ben Jelloun, dénonciateur, met à nu d’une manière crue les travers de la société marocaine des années 1970. A ce propos il déclare dans une de ses publications Publiée en 2008 « Etre marocain, comment se définir en tant que marocain ? « En tant que romancier, j’ai écrit en 1978 un livre qui témoigne de cette époque de répression tout azimuth. Il s’agit de « Moha le fou, Moha le Sage « qui s’ouvre sur une séance de torture et se déroule dans un Maroc frappé par la malédiction royale, ou seul un fou comme Moha pouvait crier dans les rues sa rage et la colère des millions de compatriotes. « Dans le présent ouvrage le récit est d'emblée placé sous le signe de la rupture avec les normes. L’auteur se présente comme un homme hors normes et militant qui ne cède pas à la tentation et au désespoir. C’est un nationaliste qui aime son pays et il est fier d’être marocain. A ce propos Tahar Ben Jelloun déclare dans une de ses publications précitée : « plus je voyage, plus je m’éloigne géographiquement du Maroc, plus ce pays, sa lumière, ses odeurs, ses contradictions, ses incohérences, ses bruits, sa musique, sa beauté, me manque«. Il ajoute : « On doit être fier d’être Marocain. Ok. Je suis fier, mais à quoi ça sert est- ce que ça fait avancer les choses ? Oui, il faut être fier mais vigilent et critique. « 

fou

« parole du fou, Moha devient un être pluriel.

Les excroissances qu'il traverse font de lui un être mi-réel/ mi-fictif et sensiblement généré par le mythe.

L'universromanesque bascule ainsi entre le conte, la légende et le délire.

D'après les définitions du dictionnaire, la folie est un Trouble du comportement et/ou de l'esprit,considéré comme l'effet d'une maladie altérant les facultés mentales du sujet.

La folie peut se traduire aussi par une Conduite, un comportement qui s'écarte de ce quiserait raisonnable aux regards des normes sociales (dominantes ou propres à l'idéologie du locuteur) et qui est considéré comme l'expression d'un trouble de l'espritet/ou d'un manque de sens moral, de bon sens ou de prudence.Dans l'ouvrage de Tahar Ben jelloun, objet de notre travail, nous sommes à la fois en présence de troubles de la raison, de troubles de comportement et de l'humeurpassant par des accès de colère, de dégradation et d'accalmie avec un retour à la raison.

Moha est tantôt lucide tantôt fou : « j'habiterais ce soir le corps tendre de lamort et donnerai mes yeux à la gazelle..

.

La route n'existe pas.

Je marche et je sais qu'elle m'attend.

Elle sera là dans l'arbre de mon enfance, l'arbre que j'ai planté il ya plus d'un siècle… ce sont mes enfants.

Je ne suis pas leur père, je suis le ciel qui les a enfantés… Dépouillez- vous, allez nus à la mer, allez nu à la forêt et au ciel.Laissez tout cela dans la rue et venez danser sur les cimes….Alors, je leur ai dit un jour que la folie n'était pas héréditaire.

C'est dommage d'ailleurs ! Parce que là, ilsvivent sans poésie, sans largesse, sans tendresse.»….La corruptionCe travers ne laisse aucun doute, les paroles et les mots suivants sont explicites et sans équivoques : « nos pays sont ainsi voués à la corruption, voués à pratiquer et àlaisser prtiquer la corruption…p.106.

La corruption c'est une façon de sauver notre économie… », p127.

Pour les fonctionnaires qui sont sous payés cela leur permetde récupérer et de compenser leurs salaires.

« C'est un système de compensation ».

Le fils du patriarche qui a pris le règne après la maladie et la mort de son pèreexplicite l'état de ce mal qui c'est enraciné dans le pays.

« Je suis bien introduit.

Réaliste et imaginatif.

En dix ans j'ai appris comment le pays et les hommesfonctionnent.

Les responsables, par exemple, je sais quel langage leur tenir.

Les agents d'autorité je sais comment les convaincre.

Remarquez, c'est souvent délicat.Mais on s'arrange ».La corruption est devenue une véritable maladie difficile à éradiquer.

La nettoyer c'est une illusion dit Moha : nettoyer ! Ce n'est pas une maison qu'on nettoie.

C'esttout un territoire, c'est tout un continent.

Et il faudra remonter très loin dans le temps.

Ils n'ont pas beaucoup de choix les imbéciles.

Ou bien ils intègrent la logiquedes choses, ou bien ils se font broyer par la machine.

Ils n'ont pas le choix, en fait ; ils n'ont que l'embarras ! (Ah c'est une bonne astuce ; il faut la retenir !).

Moi, jesuis cohérent.

Je vis et je fais vivre les autres.

p.100.L'autorité pratique « le laisser faire » et observe par-dessus la colline comme un tigre qui regarde le troupeau de loin pour choisir sa victime et décider le moment dese lancer à sa poursuite.La différence de classeUn régime totalitaire qui reine avec une main de fer et qui contrôle tout, comment peut-il réussir son coup et ses manœuvres diaboliques ? La recette est simple, c'estune loi appliquée par la colonisation partout et à travers tous les temps.

C'est « divises tu reines ».

Le pays est divisée en deux classes, celle des riches qui détiennentle pouvoir et veillent sur sa pérennité profitant de la situation et celle des pauvres qui font « le sale boulot », sous la pression, la torture, le mépris et la nonreconnaissance.

Les riches vivent dans des villas entourées de forteresses gardées par une sécurité permanente.

Alors, les pauvres sont évacués vers la périphérie dela ville logeant dans des baraques en zinc et en formica et qui manquent de tous.

Le produit « Différence de classes » a été importé dans un premier temps, - « quant àla lutte de classes, c'est une notion importée ; elle est étrangère à notre réalité, pernicieuse pour notre société.

p.97.- puis confectionné et aiguisé pour qu'il fasse malle plus possible.

De cette façon personne ne pourra le faire bouger.

Moha dit « la lutte des classes est née sur cette terre violée.

».

p.107.

un jour Moha s'entretenaitavec le directeur de banque pour essayer de le raisonner.

Le directeur lui répond : « nous ne sommes pas du même bord.

Toi pourquoi tu viens réveiller en moi cettenostalgie et ces pensées qui font mal ? p.124Le racismeC'est lors de son pèlerinage que le patriarche a acheté une esclave Dada, une jeune femme soudanaise noire.

Sa femme blanche et ses enfants sont racistes.

Il laqualifie tous de négresse, sale négresse qui s'est emparée du maître de la maison.

Pour eux c'est une esclave.

Leur seul motif de répulsion est sa couleur noire, sesorigines soudanaises et son statut social.

Elle fut battue plusieurs fois par la première épouse blanche.

« La fureur de l'épouse blanche s'abattait sur Dada quand lemaitre s'absentait.

…dada fut battu pendant son sommeil et privé de nourriture un jour sur deux.

Elle ne disait rien.

La nuit elle gémissait ».p.61.

Le mariage dupatriarche avec Dada la rendu jalouse et surtout lorsque cette dernière lui a donné une fille Dhaouya que la maitre l'a reconnu comme sa fille légitime.L'hypocrisie et l'ambivalenceLe patriarche est un musulman pratiquant mais pour faire l'amour avec Dada devenue sa deuxième femme lui demande de faire la prière nue devant lui et il lui faitl'amour sans qu'elle ait la moindre contestation.

Un blasphème notoire car touchant un pilier sacré de l'Islam.

Transgresser le précepte de la prière.

C'est le pêchémême, c'est l'athéisme, le blasphème.Son fils « le milliardaire » dans un état de lucidité dit à Moha que je suis avec les employés, ils sont pauvres.

Ils ont le droit de faire la grève, mais ils n'auront rien.« Mon avocat est un homme avisé.

Il a trouvé le moyen d'emprisonner leurs meneurs ».

P.102. La déviation sexuelleLe patriarche - un homme riche, religieux respecté - le maître de la maison est le père présumé de Moha.

Il exerce une violence sexuelle, voire un véritable sadismesur « Dada », la Négresse, achetée lors de son pèlerinage.

Dada est un corps pour lui sans âme.

Il obtient d'elle son plaisir tout en la maltraitant et l'insultant en plus deson travail à la maison comme servante.

« Dada était belle.

Esclave, elle appartenait entièrement au maître.

Il la déplassait comme un sac de plaisir.

Il l'installait surson sexe en érection comme on déposerait un objet à la mécanique parfaite.

C'est son petit paradis semé d'interdits.

Il lui bandait les yeux pour mieux se livrer à sespratiques honteuses.

Il la battait et hurlait de plaisir…il en usait comme il voulait.

Il l'obligeait à prier nue, toute nue.

Au moment ou elle se prosternait, il la prenaitpar derrière en lui demandant de continuer sa prière.

Dada pleurait souvent.

A sa solitude se mêlaient la servitude, la honte et l'humiliation.

Cet homme avait tous lespouvoirs sur elle, la vie comme la mort, la vente comme l'achat, la répudiation comme tous les désirs innombrables».

P.54-55. La marginalisationMoha n'a cessé de clamer très fort que la jeunesse est exilée, marginalisée dans son propre pays.

Elle est livrée à elle même.

Sans reconnaissance et sans éducation,les jeunes se transforment en toxicomanes.

Ils utilisent : les diluants, le cirage, les chaussettes sales, le gaz des échappements des voitures et l'alcool pour fuir laréalité et pour oublier leurs souffrances face à la faim, la négligence et le désert affectif.Le silenceLe silence dans Moha le fou, Moha le sage est de règle.

Tout le monde doit observer le silence.

Même devant un meurtre.

Les plus forts décrètent le silence.

« Lerapport médical était formel : M.

Ahmed R.

est décédé d'un arrêt cardiaque compliqué d'une atteinte méningée.

» la ligue internationale des droits de l'homme publiaun communiqué confirmant cette thèse.

Aicha la servante est qualifiée de « fille de silence », « Aicha était muette ».

Dada, l'épouse noire est aussi muette : « ellen'ouvrait jamais la bouche » p.53.

Ce silence et ce mutisme n'est pas pathologique.

Ils sont imposés par la dictature et le féodalisme des autorités et de leurs alliés lesriches.

C'est une forme d'exploitation et de soumission.La torture et la persécutionLes services d'autorités en place des années 1970 que Tahar Ben Jelloun décrit dans son livre moha le fou, Moha le sage exerçaient des emprisonnements arbitraires.« La porte s'ouvrit.

Des mains gantées te détachent, sur les yeux, la même bande de tissu noir.

Ils te guident.

Tes jambes ont oubliés la marche.

Tu ne sais plusmarcher… » Il s'ajoute aussi les méthodes de tortures : « quelques nuits.

Quelques rêves.

Le corps suspendu.

Tête en bas… »P.105.

la torture malgré l'indépendance,ces manœuvres font rappeler les durs moments vécus lors de la colonisation française.

« Les soldats français tirant sur la foule- juifs et musulmans- qui manifestent àl'entrée du port.

»p.113.

Toutes les formes de torture sont utilisées : pendaison, brulures par les cigarettes, noyades, coups et blessures : « Ils ont fait des trous dans tapoitrine.

Quand tu as perdu connaissance, ils t'ont ranimé.

Ils t'ont jeté des seaux glacés sur le visage.

»P.108.

cette torture est l'arme, la plus redoutable que le régimedes années de plomb a utilisé.Après avoir échappé à la mort, ce sont, finalement, les rescapés de Tazmamart, 30 ans après, qui ont finalement confirmé que les cris de Moha étaient vrais et que cedernier luttait par tous ses moyens pour dire la vérité que les corrompus et les hypocrites n'osaient pas dire.

En définitif, l'histoire à travers les audiences descommissions de la vérité issues de l'Instance Equité et réconciliation a reconnu sans équivoque les années de plomb et donc Moha avait raison.La sorcellerieContre la répression, l'impuissance et contre l'infidélité le recours à la sorcellerie était le seul moyen à Dada pour se faire justice.

Elle va recourir aux services d'unjuif marocain « Moché » réputé de sage et d'expert en sorcellerie.

Face à l'impuissance les hommes sont frustrés fondent comme une montagne de neige et sontcomplètement désorientés.

Ils se tournent vers la sorcellerie et la superstition.

Contre l'infidélité certaines femmes vont recourir, elles aussi, à la sorcellerie et à la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles