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Antonin ARTAUD : L'Ombilic des limbes

Publié le 07/09/2012

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artaud

Ce qu'il dit est d'une intensité que nous ne devrions pas supporter (...). Quand nous lisons ces pages, nous apprenons ce que nous ne parvenons pas à savoir : que le fait de penser ne peut être que bouleversant ; que ce qui est à penser est dans la pensée ce qui se détourne d'elle et s'épuise inépuisablement en elle ; que souffrir et penser sont liés d'une manière secrète.

Anaud a étrangement débuté en littérature : on publia d'abord non ses poèmes mais sa correspondance avec Jacques Rivière, alors directeur de la NRF, qui les avait refusés...

artaud

« Photo Haut 1 Sipa-Icono A dix-huit ans , Artaud , sujet à des troubles mentaux , fait un premier sé­ jour dans une mai­ son de santé.

lmerné à partir de 1939 dans différents hôpi­ taux psy c hiatriques , il n'en sortira défini­ tivement que deux ans avant sa mort.

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lff~ Pho to H aut/ Sipa- lcono Le livre Une "déperdition" essentielle de la pensée T 'Ombili c des limbes (1925) comprend trois courts poèmes L rimés d'inspiration surréaliste, un drame embryonnaire, Paul les oiseaux, une petite pièce de théâtre à la manière de Jarry , trois lettres (sur un projet de film, contre la loi sur les s tupéfiants, et une à son médecin) et cinq poèmes en prose.

Ces derniers textes décrivent 1 "'impouvoir" de la pensée d'Antonin Artaud, c'est-à-dire l'impossibilité irrémédiable de penser qu' il dit éprouver.

La souffrance aiguë qu'il ressent provient, selon lui, de la "séparation de l'Esprit et de la vie".

Cette expression peut signifier chez Artaud l'opposition dou­ loureuse entre la mise en ordre nécessaire à l 'éc riture et l'ins­ tant magique de la création.

L'auteur, tel une araignée, semble disposer ses mots comme une toile pour saisir des états psy­ chiques mouvants, en fait aussi impossibles à décrire qu 'à vivre.

La tension est portée à son comble entre la précision de l 'écr iture et le vide qui la précède : "ce point d'absence, dit Artaud, que tradui sent tous mes livres ".

Le refus de l'œuvre "Là où d'autres proposent des œuvres, je ne prétends pas autre chose que de montrer mon esprit." Ainsi s'ouvre le recueil.

Pour Antonin Artaud, l 'œuvre au sens classique du mot, "dé tachée de la vie" et de son auteur, est le déchet déri­ soire de son travail.

Ses écrits seront dès lors des tentatives positivement inabouties, puisqu'ils ne doivent .

pas se figer dans un achèvement sans vie mais rester dans le prolongement du corps souffrant de l'auteur ; ils seront les opérations d'un esprit torturé qui tente de se rejoindre en retraçant le chemine­ ment de cette intolérable douleur qui le possède.

L'"o mbilic " des mots poétiques enchaînant la souffrance permet ainsi de retourner aux "limbes", aux origines où la séparation (du corps et de la parole, de la vie et de 1 'Es prit ) ne se serait pas pro­ duite, où la pensée coïnciderait absolument avec elle-même : lien de la pureté absolue et de la poésie première.. »

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