Devoir de Philosophie

Arnaut DANIEL : Oeuvres poétiques

Publié le 23/02/2013

Extrait du document

Dante, qui lui a d' abord préféré le Limousin Guiraut de Borneil, fait faire l'éloge d'Arnaut Daniel, au chant XXVI du Purgatoire, par Guido Guinizelli, initiateur du dolce stil novo. On connaît peu de chose de la vie d'Arnaut Daniel. Ce troubadour serait né à Ribérac (Périgord) dans une famille noble et aurait écrit ses oeuvres entre 1180 et 1260. Son style raffiné, voire précieux, fut admiré par Dante et par Pétrarque.

« EXTRAIT Point d'hiver au cœur pour qui aime et chante la plus belle Quand la feuille tombe des plus hauts branchages et que se fait plus âpre le froid par lequel se dessèche le coudrier et l'osier, j'entends que le bois devient muet des doux refrains ; mais moi, je suis en la prim e saison d'amour , quel que soit celui quis' en éloigne.

Tout ce qui existe gèle, mais moi je ne puis me refroidir car un amour nouveau me fait reverdir le cœur.

Je ne dois pas frissonner, car l'Amour m'enveloppe et m'abrite, me fait conserver ma valeur et me dirige.

Bonne est la vie du jour où la joie la soutient ; car tel récrimine contre elle pour qui il n'en va pas du tout aussi bien que pour moi.

Je ne saurai en rien quereller ma destinée , car par ma foi j'ai obtenu mon lot dans ce qu'il ya de mieux.

Pour ce qui est d'être aimé, je ne puis me plaindre en rien, car accepter maintenant l'égalité avec autrui, je tiens cela pour un coup de dé qui me recule : certes, je ne saurai avec sa pareille assembler mon amie, car aucune ne se montre qui ne lui soit seconde.

Je ne veux pas que mon cœur s'approche d'un autre amour de façon que jamais je me dérobe à elle et tourne le cap ailleurs.

Je n'ai pas peur que jamais celui de Pontremoli en ait une plus belle qu 'elle, ni qui lui ressemble.

Elle n'a point l'âme vilaine, celle dont je suis l'ami ; en deçà de la Savoie une plus belle n'existe pas.

Telle me plaît dont j'ai plus de joie que n'en eut d'Hélène Pâris , celui de Troie.

« Mon mal est délicieux; je la désire plus qu'un royaume, et avec quelle impatience! » Je vois maintenant vermeils, verts, bleus, blancs, jaunes les jardins, les plaines , les haies, les tertres et les vallons, et la voix des oiseaux résonne et tinte avec une douce harmonie matin et soir.

Cela me met en mon cœur l'envie de colorer mon chant d'une fleur telle que son fruit soit Amour, sa graine Joie et son parfum préservation d'Ennui.

Quand je songe, le feu d'amour me saisit, ainsi que le désir doux et pénétrant ; et le mal que je sens est délicieux et la flamme est douce, plus elle me brûle .

Car l'Amour réclame ses ser­ viteurs à cette ressemblance : véridiques,fidèles, suppliants, enclins au pardon .

En effet, à sa cour l'orgueil nuit et le respect prévenant est utile.

Pour moi, ni temps, ni lieu ne me changent, pas plus que conseil reçu,facilité offerte, bien ou mal éprouvé ; et si à mon escient je vous mens, que jamais ne me regarde la belle en qui se tiennent mon cœur et mon esprit, que je dorme ou veille ; car je ne veux point, quand je considère sa grande valeur, me faire valoir sans elle dans la dignité où plus que tous valut Alexandre.

Éditions Slatkine, Genève, 1973 NOTES DE L'ÉDITEUR « Dante et les Troubadours » in Étude~ italiennes, n° 8, 1924.

grand maître de l'amour et de la poésie.

» J.

Anglade, Les Troubadours, Paris, 1908.

« Arnaut Daniel est le troubadour qui semble avoir porté à leur plus haut degré de perfection les artifices d'un style et d'une versification tout hérissés de combinaisons savantes dans les rimes, les allitérations , les sonorités inattendues, les tournures rares, les expressions mystérieuses.

Il en résulte une forme d'un éclat incontestable, mais cet éclat ne contribue en rien à rendre plus intelligible la pensée du poète ; au reste, cette pensée, trop souvent importe fort peu.

» E.

Hoepffner , « La recherche des nouveautés lexicales d ' Arnaut génère la bonne obscurité que l'on cherchait, mais on laissait aller la pensée à l'aventure; et l'ensemble de ce beau dé sordre était sans doute un produit de l'art, mais de quel art ! C'est pourtant à cette conception qu 'Arnaut Daniel devait le meilleur de sa réputation.

C'est pour avoir exprimé ses pensées sous la forme la plus obscure que Dante l'a appelé le chantre de l 'amour et que Pétrarque le nomme le 1, 2 , 3 lettrine s 1irées d e Flaviu s Josèphe, Antiquit ésjudarqu es, manuscrit du x11e siècle, Chantill y, musée C o ndé/ Lauros·Giraudon « Arnaut s'était lancé à corps perdu dans les subtilités de la diction obscure.

Locutions énigmatiques, néologismes, jeux de mots torturés, constructions sinueuses, allitérations outrées, rimes ardues, vers monosyllabiques, tels étaient les finesses et les arcanes d'un genre cultivé déjà par Marcabru et Raimbaut d'Orange, mais qui encourait à juste titre le " veto " de la majorité des poètes.» C.

Diez, Poésie, Zwickau, Leipzig, 1829.

ARNAUT DANIEL 02. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles