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Astrate de QUINAULT

Publié le 09/04/2013

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Astrate aime Élise, usurpatrice du trône de Tyr, la meurtrière de son père et de ses deux frères. Quand le peuple voudra rétablir Astrate sur le trône, la reine se donnera la mort.

Dans sa Satire III et dans son Dialogue des héros de roman, Boileau a vivement critiqué Astrate pour son ton excessivement tendre, l'abus d'éléments romanesques, les faiblesses de sa structure et les aspects superficiels des personnages.

« EXTRAITS Armide, héroïne de la tragédie du même nom Élise explique à sa confidente que c'est à elle, en tant que souveraine, de faire le premier pas ÉLISE.

- Et ce n'est pas à Lui de parler le premier.

Je sais qu'à notre Sexe, il sied bien d' ordi­ naire, De laisser aux Amants les premiers pas àfaire, De tenir avec soin tout notre Amour caché, D'attendre que l'aveu nous en soit arraché, De ne parler qu'après d'ex­ trêmes vio­ lences : Mais je règne, et le Trône a d'autres bien­ séances; Et quand jusqu a ce Rang notre Sexe a monté, Il doit être au-dessus de la timidité.

Astrate est mon Sujet, et la Toute-puissance L'engage aux mêmes lois, dont elle me dispense.

Quelque ardeur qui l'emporte, il doit se retenir ; C'est à moi de descendre, et de le prévenir, De l'aider à s'ouvrir, de l 'y servir de guide ; Jusque-là, c'est à lui d'aimer d'un Feu ti­ mide, D'en cacher tout l'éclat, et pour le mettre au jour, D'attendre qu'il m'ait plu d'enhardir son Amour.

Tu m'y vois résolue, et c'est trop m'en défendre.

Sichée objurgue Astrate de renoncer à son amour SICHÉE.

- Faites-vous un effort, pour déga­ ger votre Ame De ces transports honteux d'une coupable Flamme: Seigneur, considére z que l'Amour désor­ mais, Est, entre Élise, et Vous, interdit pour jamais ; Que cet indigne Feu, n'a plus droit de paraître; Et que pour l'étouffer, quelque fort qu'il puisse être, Dans la peur de tomber de son injuste Rang , La Reine n'a versé que trop de votre sang.

Songez que cet Amour qui vous trouble, et vous gêne, Qui vous usurpe un Cœur qui n'est dû qu'à la Haine; Cet Amour qui vous guide au Crime le plus noir, Corrompt votre Vertu, séduit votre Devoir ; Cet Amour qui vous rend, à vous­ même perfide, Qui vous force à chérir une Main par­ ricide, Doit être ici, pour Vous, le Premier des Tyrans, Qu'il faut sacrifier au sang de vos Parents .

(.

..

) ASTRATE.

- Ah ! j'aperçois la Reine ! SICHÉE.

- Ah ! songez qui vous êtes ! ASTRATE.

-Hélas! qui que je sois, à cet as­ pect charmant, Je ne me connais plus, et ne suis plus qu'Amant .

Tout mon Devoir s'oublie aux yeux de ce quej' aime.

Philippe Quinault NOTES DE L'ÉDITEUR peinte sur le visage ? Comment t'appelles­ tu? De tous les héros de Quinault, c'est le seul qui, à la rigueur, puisse nous plaire encore.

Astrate reste, par tous les traits de son caractère, par son attitude, par son style, par la nature même de son amour, un personnage de roman ; il est pleurard , faussement sentimental et langoureux.

Mais il est beaucoup plus spontané et plus ardent que Théodat et que Cyrus, beaucoup moins daté que l'un et que l'autre : sous la préciosité persistante de la forme apparaît enfin un semblant de vie.

» Étienne Gros, Philippe Quinault, sa vie et son œuvre, Paris, 1926.

Boileau se plaît à ridiculiser le héros de Quinault dans un dialogue satirique «PLUTON .

-Et tous ces Héros-là ont-ils fait vœu comme les autres de ne jamais s'entretenir que d'amour? DIOGÈNE.

- Cela serait beau qu'ils ne l'eu ssent pas fait.

Et de quel droit se diraient-ils Héros, s'ils n'étaient point amoureux? N'est-ce pas l'amour qui fait aujourd'hui la vertu héroïque? PLUTO .

- Quel est ce grand Innocent qui s'en va des derniers, et qui a la mollesse ASTRATE.

- Je m'appelle Astrate.

» Boileau, Satire III.

« Et maintenant, gardons-nous d'en croire Boileau sur parole et de prendre au érieux ce qui n'est qu'une boutade de polémiste: non seulement il n'est pas vrai qu'a ux représentations d'Astrate, en 1665, les spectateurs aient ri à gorge déployée depuis le commencement jusqu'à la fin, mais il est certain que le personnage a plu et probablement fait verser bien des larmes.

1, 2 , 3 , 4 dessins coloriés d'Hen ri Allouard, Laplace, Sanchez et Cie , Paris 1882 / B.N.

QU I NAULT02. »

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