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AUSTEN Jane: EMMA.

Publié le 23/10/2012

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AUSTEN Jane: EMMA. Dans sa postface à la traduction française d'Emma (1816), Ginevra Bompiani fait un curieux parallèle entre la romancière et son héroïne : « Emma et Jane Austen, écrit-elle, sont rivales : toutes deux font des romans ; toutes deux essayent de plier leurs personnages à une destinée : mais Emma le fait mal et Austen le fait bien ; l'une échoue, l' autre réussit. « « Elle aimait tant cette vache, qu'on décida qu'elle serait la sienne. « Dessins de Charles E. Brock Emma Les méprises d'une enfant gâtée Dès les premières lignes du roman, Emma Woodhouse nous est présentée comme une jeune fille gâtée par la vie. Elle est « belle, intelligente, riche, douée d'un heureux naturel «. On ne s'étonne donc pas qu'elle veuille fabriquer à sa manière les destinées de son entourage, faire ou défaire les liens qui conduisent ses amis au mariage. Elle a toujours régné sur Hartfield, la vaste propriété où elle vit avec un vieux père, plutôt égoïste, mais en admiration devant elle, ainsi que sur la bonne société de Highbury, petite ville de la province anglaise. La seule personne qui se permette de critiquer Emma est Knightley, un ami de la famille. Il est le mentor af- fectueux de la jeune fille avant de devenir son soupirant. Avec ses attentions discrètes, sa mo- rale stricte mais non dépourvue d'humour, son horreur des prétentions et des extravagances, Knightley est le parfai...

« ) ) 1 \, r.

ç > EXTRAITS --------------~ Remontrances de Knightley à Emma à propos de son amie -J'ai toujours mal auguré de cette intimité, je vois aujou rd'hui qu'elle aura des consé­ quences désastreuses pour Harriet : vous allez lui donner une si haute opinion d'elle­ même qu'elle se croira des titres à une des­ tinée exceptionnelle et ne trouvera plus rien à sa convenance.

La va­ nité dans un cerveau faible fait des ravages.

Malgré sa beauté, Mlle Har riet Smith ne verra pas affluer, aussi vite que vous le croyez, les demandes en mariage .

Les hommes intelli­ gents, quoi que vous en disie z, ne désirent pas une femme sotte ; les hommes de grande fa­ mille ne tiendront pas à s'unir à une jeune fille d'une distinction mé­ diocre et la plupart des hommes raisonnables hésiteront devant le mystère d'une origine qui pourrait ménager des surprises désa­ gréables.

Comment Harriet se soumet à l'influence d'Emma - Je pose comme règle, Harriet, que si une femme hésite à accepter les propositions d 'un homme , elle doit prendre le parti de les repousser; si elle ne peut se décider sur­ l e-champ à dire « oui », c'est « non » qu'il faut répondre.

On ne peut entrer dans l'état de mariage avec des sentiments douteux.

J'estime qu'il est de mon devoir, comme votre amie et comme votre aînée, de vous donner cet avertissement , mais ne croyez pas que je veuille vous influencer.

- Certainement non ; mais si vous vouliez être asse z bonne pour me donner votre avis ...

Non, ce n'est pas ce que je veux dire ; vous avez raison, il faut savoir se décider soi-même ; c'est une question trop grave.

Il serait peut-être plus sage de dire « non ».

Ne le croyez-vous pas ? La déclaration de Knightley -Comme à une amie ? reprit M.

Knightley, non , je n'en ai pas le désir.

Attende z . ..

j'ai été trop loin déjà pour reculer.

J'accepte votre offre, Emma ; c'es t en ma qualité d'ami que je vo us pose cette question : dites-moi la vérité.

M'es t-il permis d'es pé­ rer qu'unjour.

..

? Ils' arrêta , dans son anxiété de recevoir une réponse, et reprit aussitôt : - Ma bien chère Emma, quel que soit le résultat de cette conversation, vous reste­ rez toujours mon Emma bien-aimée.

Réponde z ­ moi : dites non , si cela doit être non.

La surprise empêchait Emma de parler.

(.

..

) - Je ne sais pas faire de discours, Emma, dit-il ; si je vous aimais moins peut-être pourrais-je parler plus .

Mais vous me connaisse z : vous n'ave z jamais entendu de moi que la vérité.

(.

..

) Supporte z encore une fois, ma chère Emma, l'ex pres­ sion de la vérité.

J'ai tou­ jours été un amoureux bien froid, mais vous m'ave z compris, j'espère.

« -Ma très chère Emma, ma bien-aimée , parlez sans plus attendre.

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Mr /Jtl~ r';,..,,,""' Traduit de l'anglais par P.

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de Saint-Segond f~f< ..

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1;;..-: -- ~ NOTES DE L'ÉDITEUR dont on peut se tromper et se découvrir soi-même ».

Pour le critiq ue anglais Robert Liddell, Emma est aussi un roman policier : « Emma a été écrit en quinze mois, avec une assura nce et une conviction si frappante que le lecteur en a conscience dès la première phrase de l'ouvrage », remarque l'écrivain et critique Ronald Blythe, dans son introduction à la version originale du roman -le cinquième de l'auteur d'Orgueil et Préjug és -publié en 1816 .

C'est , selon lui, un roman sur le « mariage comme épreuve », et une «comédie sur la façon Dédicacé au prince régent qui avait adoré le s précédents ouvrages de la romancière, le livre reçut du public un excellent accueil.

Pour ce roman , écrit Jacques Roubaud, «Jane Austen eut sa première critique un peu série use (elle devait attendre bien longtemps une étude critique digne d 'elle) due rien moins qu 'à la plume auguste de sir Walter Scott (qui restera jusqu'à sa mort son admirateur fervent).

» 1 gravure d'aprè s un dess in de la sœ ur de Jane Austen 1 éd.

du C hê ne, 1946 2, 3, 4, 5 dess ins de Char les Brock , J .-M .

Dent & Son s, 1922 « Je crois que la trame du mystère peut s'exprimer de la façon suivante: Highbury pense que M.

Knightley est son frère, or c'est son futur mari ; Highbury pense que Frank Churchill est s on futur mari, mais il est son frère .

» Robert Liddell, LesRomans de Jane Austen , Longmans, 1963.

AUS TEN 02. »

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