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AZIYADÉ de Pierre Loti (fiche de lecture)

Publié le 15/10/2018

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AZIYADÉ. Roman de Pierre Loti, pseudonyme de Julien Viaud (1850-1923), publié sans nom d'auteur à Paris chez Calmann-Lévy en 1879.

 

C'est le premier livre de Julien Viaud, qui n'a pas encore pris son pseudonyme : Loti est ici simplement le nom du héros. En mai 1876, embarqué sur la Couronne, l'enseigne de vaisseau Viaud arrivait à Salonique et y nouait une liaison avec Hakidjé, une jeune

femme mariée, qu'il retrouva ensuite à Stamboul. Rentré en France un an plus tard, Julien Viaud lut à ses amis des passages de son journal intime concernant cette liaison. Ils le poussèrent à en tirer un roman, ce qu'il fît avec l'aide de Lucien Jousselin (Plumkett dans le roman).

 

Première partie. « Salonique ». À Salonique, alors ville turque, un officier de marine anglais, Loti, revenu de tout rencontre la jeune Circas-sienne Aziyadé, mariée à un vieillard turc. Ils parviennent à se revoir régulièrement grâce au domestique Samuel. Mais Loti est appelé à Stamboul où Aziyadé ne doit retourner que plus tard.

 

Deuxième partie. « Solitude ». Seul à Stamboul, il attend qu’elle vienne le rejoindre et escorté du troublant Samuel, mène une vie de débauche.

 

Troisième partie. « Eyoub à deux». La jeune femme arrive enfin. Dans le vieux quartier d’Eyoub où Loti vit sous le nom d’Arif, les amants se retrouvent régulièrement, Aziyadé s’échappant la nuit du harem. De pittoresques personnages protègent leur amour. Sa passion est telle que Loti songe à se faire Turc Pendant ce temps, la situation politique est très tendue, les grandes puissances multipliant les pressions sur la Turquie.

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« Julien Viaud journaliste décrit très pré­ cisément la situation politique (il publie d'ailleurs articles et dessins dans le Monde illustré, en 1876).

Loin d'être un romancier sentimental, Loti montre toujours le poids des réalités histori­ ques sur les individus.

Malgré ce que pensent les amoureux, on n'est jamais dans > {titre de la troi­ sième partie), le destin est collectif.

Il n'est donc pas exagéré de voir en Aziyadé un roman historique sur la crise de l'Empire ottoman.

Ce qui rend belles la Turquie et Stamboul aux yeux de Loti, c'est la décrépitude, la proxi­ mité de la fin, la décomposition de ce monde immense.

En ce sens, le moment décisif est celui où le sultan accorde une Constitution (troisième partie), détruisant son pouvoir et l'ordre de l'empire entier.

Dans cet empire qui se défait, un homme vient lui aussi se désagréger.

Alternant avec les fragments du jour­ nal de Loti, les lettres de sa sœur ou de ses amis viennent rappeler le sérieux du monde européen, ses valeurs affi­ chées : famille, morale.

La passion pour Stamboul (et pour Aziyadé : elle est le nom caché de la ville) entraîne un adieu à l'Occident.

Loti hésite long­ temps, mais se décide à la fin : le lieute­ nant Loti devient Arif-Ussam-effendi.

Roland Barthes a étudié, dans un texte célèbre, les formes de cette perte d'identité, de cette dérive, en particu­ lier vers une homosexualité fréquem­ ment et sourdement évoquée.

Peu à peu, Loti renonce à tout ce qui le constituait comme Anglais et meurt pour sa patrie turque.

Pour exprimer cette perte de soi, il faut un récit qui lui-même se décompose : «à peine un roman», a-t-on dit, mais un bouquet d'impres­ sions éparses, pages de journal, lettres.

Une forme solide est impossible, et Pierre Loti dans ce premier essai semble déjà maîtriser cette forme mixte, roman/journal qui lui est caractéris­ tique.

Comment s'étonner, dans un livre si axé sur la décomposition, de l'omni­ présence de la mort ? Elle est présente aux premières lignes : par « une belle journée de mai » six pendus accueillent le voyageur à Salonique ; à la fin reten­ tissent des fanfares. »

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